Publié le Dimanche 6 octobre 2024 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Idée à la con

Je suis un grand adepte des idées à la con. Je serais même, à bien y réfléchir, un fervent militant des idées à la con. A partir du moment où germe dans ma tête la phrase « ouais, ça pourrait être marrant », suit généralement la phrase « allez, pourquoi pas essayer… ».

Alors attention, il ne faut pas mettre toutes les idées à la con dans le même panier. Il y a idées à la con et idées à la con. Les bonnes idées à la con et les mauvaises idées à la con. Les bonnes idées à la con résultent d’un risque mesuré, pas forcément réfléchi parce que sinon on ne l’appliquerait pas, mais qui reste quand même dans les limites acceptables de la débilité.

Exemple : accepter de sauter sur le dos de votre pote bourrée qui assure qu’elle peut vous porter alors qu’elle fait la moitié de votre poids, idée à la con mesurée. Mais idée à la con quand même, parce que ça fait un mois et j’ai toujours mal au coude.
Autre exemple : se dire qu’on va aller taper avec un manche à balais dans un nid de frelons asiatiques pour le faire tomber, mauvaise idée à la con. Très mauvaise idée à la con.

Exemple : accepter que sa gamine de 15 ans s’inscrive à la conduite accompagnée. Idée à la con. Si, si. Je vous vois déjà me répondre que c’est n’importe quoi, que ce n’est pas une idée à la con, que plein de jeunes le font, et tout et tout. Ouais ben regardez comment ils conduisent sur la route. Je persiste. Idée à la con. Mais mesurée quand même.
Autre exemple : Se dire qu’on est cap’ de conduire à 180 sur l’autoroute et fermer les yeux 30 secondes pour corser le challenge. Très très mauvaise idée à la con.

Enfin bref, vous avez compris la différence. Tout est dans la nuance et la prise de risques mesurée.

Moi, je suis adepte, très adepte, même, des idées à la con mesurées. Bon. Je mesure par toujours pleinement, mais au moins, je me marre beaucoup dans la vie.

Dernière idée à la con en date : Une amie, sachant que je fais de nombreux allers-retours dans le zone du pôle Nord de la France, m’a demandé de lui rapporter du sucre. Une marque spécifique, uniquement produite dans la région et qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Par chance, je suis effectivement tombé sur cette marque de sucre dans un supermarché et lui en ai donc acheté 4 paquets.
Vous allez me dire que, jusqu’ici, aucune idée à la con dans cette aventure. Mais justement. Toute la beauté de la chose, tout le piment de l’existence, c’est de transformer une simple expérience banale en… idée à la con. Par exemple, se dire que pour la déconne, on va emballer les paquets de sucre dans des feuilles blanches, les scotcher, et les faire ressembler à des paquets de coke. Avec pour idée de lui donner devant tous nos potes. Et si, c’est une idée à la con parce que ce jour-là, les forces de l’ordre ont décidé de faire des contrôles routiers et de fouiller quelques voitures au passage…

Devinez…

« - Bonjour monsieur, Police Nationale, coupez le contact et présentez-moi les papiers du véhicule, permis de conduire, attestation d’assurance…
- Bonjour, oui, voilà…
- Ok, tout est en règle, vous pouvez ouvrir votre coffre, s’il vous plait, pour qu’on procède à un contrôle ?
- Euh…
- Euh quoi ?
- Euh… c’est du sucre. Pas de la drogue. Je vous jure. C’est du sucre.
- Pardon ?
- Ce que vous allez trouver dans mon coffre. C’est du sucre… »

Alors forcément, ça l’a fait tiquer. J’ai donc ouvert mon coffre et, au milieu, un sac grand ouvert avec 4 pains de cocaïne rousse issue de la culture de la betterave, bien en vue.

« - Cheeeef ! Je crois qu’on a tiré le gros lot !
- Non mais je vous jure, c’est du sucre ! »

Je me voyais déjà dans une obscure salle de commissariat, le pantalon sur les chevilles, à devoir tousser pendant qu’un OPJ ferait une fouille approfondie et, pourvu, oh oui pourvu qu’il n’oublie pas de retirer sa gourmette.

Sous les regards mi-inquiets, mi-hilares d’une demi-douzaine de policiers, j’ai donc dû déballer mes paquets un à un pour leur prouver que si, c’est bien du sucre, je vous jure monsieur l’agent, si vous voulez, on va prendre un café et on en met dedans, c’est moi qui offre…

Finalement, après quelques échanges sympathiques mais avec un sous-entendu global d’idée à la con, j’ai pu repartir, libre et sans douleur de gourmette.

Dès que j’ai eu un moment, j’ai remballé les paquets de sucre façon pains de drogue. Parce que oui, un peu plus loin, y’a un péage avec souvent des contrôles douaniers. Alors on ne sait jamais…

Toujours, toujours persister dans une idée à la con.

Smiley bisou. Cœur. Cœur. Aubergine.