L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 28 juillet 2024 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Cérémonie d'ouverture d'esprit

imageBlasé par une organisation bancale aux décisions controversées et légèrement dégoûté que l’esprit sportif ait depuis longtemps disparu au profit de l’esprit pécunier, j’avoue que j’ai vécu l’arrivée des J.O. dans une indifférence totale et un manque d’intérêt flagrant.

C’est bien simple, vendredi soir, j’avais préparé un bon petit plateau repas, un petit apéro dînatoire pas piqué des vers, et me préparait à une chouette soirée ciné puisque j’avais mis de côté quelques-uns de mes films préférés, comme Le Dernier Samaritain, Forrest Gump ou encore les Gremlins. Bref, tout s’annonçait bien dans le meilleur des mondes.

C’était sans compter sur ma chère, tendre et aimante épouse qui, avec sa douceur et sa délicatesse habituelles m’a répondu que merde, je fais chier avec mes films que tout le monde connaît par cœur et que j’essaie de refourguer tous les 4 matins, ce soir, c’est soirée d’ouverture des J.O., on regarde, et si t’es pas content, t’as qu’à aller voir ailleurs si j’y suis mais laisse quand même le plateau repas pour que tu n’aies pas fait ça pour rien.

imageC’est donc boudeur que je me suis collé au fond du canapé et me suis préparé à passer une heure et demie à regarder des péniches à la con passer sur la Seine, avec des gens qui secouent des petits drapeaux à la con devant des spectateurs à la con.
Ça, c’était avant qu’on m’explique que non, la cérémonie n’allait pas durer une heure et demie, mais trois heures et demie.

J’avoue. Finalement, je n’ai pas été déçu. J’avoue. Ça aurait été dommage de rater ce qui, depuis, fait couler autant d’encre. Et va en faire couler d’avantage puisque je m’apprête à vous en donner mon ressenti.

Globalement, j’ai trouvé cette cérémonie d’ouverture grandiose. Trop longue, certes, mais formidable et éblouissante. Avec quelques bémols. La plupart de ces bémols viennent surtout du manque de communication évident entre les organisateurs du spectacle et les commentateurs TV, souvent perdus, qui tentaient de rebondir, parfois maladroitement, parfois sans succès, sur les différents tableaux abordés. Un peu plus de préparation et d’explications aurait sans doute désamorcé quelques débats stériles lancés par des pisse-froids dénués de la moindre culture artistique.

imageC’était beau, ça mettait en lumière les grandes qualités de la France que trop (plus de 30% des électeurs) ont oublié : la diversité, la liberté d’expression, le pluralisme culturel…
J’ai aimé voir Aya Nakamura déambuler au milieu de la Garde Républicaine (même si je me suis bouché les oreilles parce que, quand même, hein, bon…). J’ai aimé le défilé de mode dévoilant des modèles de tous les âges, de toutes les sexualités. J’ai aimé de nombreux tableaux : les danseurs, le galop sur la Seine… et surtout, le mélange métal et lyrique avec Gojira à la Conciergerie, sans oublier le sublime final de la Tour Eiffel aux lasers bleus réglés au millimètre d’une chorégraphie réussie… Bref, on en a pris plein la gueule, plein les yeux, à tous les niveaux.

imageJe suis plus critique sur d’autres choses. Le personnage façon Assassin’s Creed, par exemple. J’aurais préféré qu’il se dévoile sur la toute fin, dans un artifice, être un porteur de flamme célèbre (oui ce n’est pas lui qui a fait toutes les figures et courses, mais on fait « genre »). Zidane aurait pu endosser ce costume, par exemple, au lieu de juste lui récupérer le flambeau.
J’aurais aimé qu’il parcourt plus de monuments où des tableaux se seraient déroulés : Lady Gaga, paumée dans ses plumes sur un escalier quelconque, aurait pu effectuer son show, par exemple, sur le devant de l’Opéra Garnier, les danseuses de French Cancan (assez bof par ailleurs) auraient pu être devant ou dans le Moulin Rouge… etcetera.
J’aurais aimé plus de liant, plus de lien entre les tableaux et non pas passer d’un truc en plumes paumé sur une berge à un retour direct sur un navire avec des athlètes…
Bref, tout n’était pas parfait. Ça manquait notamment un brin de rythme (le galop du cheval sur la Seine, la nuit, c’est beau, mais c’est looooong), et surtout, d’explications culturelles.

S’arrêter à l’image et ne pas aller au-delà, c’est une erreur. Et la pluie de critiques qui s’abat sur cette cérémonie est tout à fait représentative de notre époque où trop de gens braillent leur ignorance bête et méchante, s’appuyant sur leurs méconnaissances pour justifier leur haine.
On dit souvent que la haine est nourrie par l’ignorance. C’en est ici, encore une fois, un parfait exemple.

imageOui, le triangle amoureux façon Jules et Jim rappelle à quel point la France a été moteur en termes de cinéma, le film étant, à l’époque, un phénomène à l’influence majeure et mondiale, et Jules et Jim, dans sa modernité fabuleuse, a marqué non seulement le 7e art mais a participé aussi à faire bouger les lignes d’une société, à l’époque, bien trop étriquée.
Oui, la Cène est l’un des tableaux les plus copiés, les plus pastichés, les plus reproduits, les plus adaptés à diverses cultures, de toute l’Histoire de la peinture. Il a dépassé, aujourd’hui, son statut de simple symbole religieux pour être le support d’une ouverture d’esprit et d’une évolution de la société vers la tolérance et l’amour. Une Cène LGBT est audacieux, mais résolument moderne et symbolique. Au lieu d’y voir moqueries et dérisions, et jouer les offusqués d’une religion en totale perte de vitesse, de repères, de modernité, les Evêques de France auraient dû saluer l’idée et s’appuyer sur ce tableau vivant pour rappeler que toutes et tous sont « enfants de Dieu » et bienvenus dans la religion, ou un truc du genre.
L’humour décalé de Philippe Katerine, moment WTF de la cérémonie, était peut-être de trop. Mais dans cette idée de période Renaissance (dont la Cène est issu), j’y ai vu un hommage à l’hédonisme, à Dionysos, Dieu Grec de la fête, dans un tableau qui n’était pas sans rappeler les œuvres de Giuseppe Arcimboldo.

imageNon, je n’ai pas tout aimé dans cette cérémonie d’ouverture. Mais rien ne m’a choqué. Et si effectivement, on ne peut nier une certaine envie de provoquer et, compte tenu de la diversité culturelle et religieuse de par le monde, des scènes étaient forcément choquantes pour certains, tout avait un sens. Culturel, Historique, Sportif. Encore fallait-il avoir les références. Encore fallait-il avoir… la tolérance.

Au final, j’ai regardé cette cérémonie d’ouverture, un brin longuette toutefois, jusqu’au bout. Et je l’ai aimée. Ma chère, tendre et aimante épouse, elle, s’est endormie en plein milieu.

Ouais. Je sais. Ce n’est pas facile tous les jours. Mais c’est ma vie, quoi.

Allez, aimez-vous les uns les autres et surtout, baisez les uns les autres (toujours avec consentement mutuel).

Smiley bisou. Cœur. Cœur. Aubergine.

 

 
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