L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 15 janvier 2023 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Coin coin

imageCette année, je n’ai pas pris de bonne résolution. A part me dire qu’il fallait que je prenne plus de temps pour moi, pour, par exemple, regarder les gendarmes, j’avoue ne pas avoir réfléchi aux sacro-saintes résolutions de nouvel an que l’on prend et que l’on oublie dès le lendemain.

Alors je vois que je vous ai perdu dès la deuxième phrase de cet édito. Précisons : quand je parle de « prendre plus de temps pour regarder les gendarmes », je vous rassure, je ne suis pas devenu une midinette qui bave du haut comme du bas devant un calendrier de types qui posent à moitié en uniforme, l’autre moitié à poil en train de jouer avec leur gros pistolet. Non, je parle des insectes. Les gendarmes. Ces petites bestioles toutes moches et inoffensives. Notez que je n’ai pas d’affinité particulière avec les gendarmes. C’était juste pour dire qu’il fallait que je prenne plus de temps à rien foutre, juste à me poser une fesse sur un transat, à me faire frire les gonades au soleil de printemps ou d’été.

imageJe n’ai donc pas pris de bonne résolution. Ni de mauvaise, cela dit. J’aurais pu décider de devenir un étron humain, un déchet vivant, une immondice, bref une incommensurable merde en décidant, par exemple, de voter extrême-droite. Ou encore me mettre à écouter du Jul.
Certes, l’association de ces deux déviances dans un même paragraphe est étonnante. Non pas qu’écouter du Jul soit tout au niveau de la promotion du racisme et de l’homophobie en termes de décrépitude mentale. Mais, chacun, à leur degré d’intensité, participent à la dégénérescence de l’espèce humaine.

Toujours est-il que je me demande s’il est trop tard pour en prendre une, de résolution. Ou si le délai est passé. Parce que j’en ai finalement une. Une évidente, cela dit. Pas besoin de sortir de Saint-Cyr ou de l’ENA pour la trouver, celle-là. Un miroir suffit.

J’ai décidé de me reprendre en mains.

imageAu fil des mois je sombre dans une morne déchéance tant mentale que physique. Et ça ne peut plus durer.  Je sens bien que je baisse. Vous allez me dire qu’on ne peut pas lutter contre l’âge. Mais ce n’est pas une raison pour le laisser prendre le dessus si facilement non plus.
Ma chute dans cette fosse que je vous narrais la semaine dernière, comme un symbole de mon effondrement, n’est pas anodine dans ma réflexion. Pas plus que la remarque d’un étudiant, cette semaine, me qualifiant de « sympa et gentil ».

Sympa et gentil.

Putain.

Il n’y a pas si longtemps, on me comparait à Attila. Là où je passais, l’herbe ne repoussait pas et pour attendrir la viande, j’avais des steaks de chiots sous ma selle. J’arrachais la tête des poussins avec les dents et je sautais à pieds joints avec mes godasses cloutées sur les chatons dont les miaulements tout mignons se terminaient par un splotch d’une satisfaction incommensurable. Les grands-mères changeaient de trottoir et les gamins se mettaient à pleurer sans autre raison que de m’apercevoir. Et aujourd’hui ? Les vieilles me demandent de leur descendre des objets placés trop haut dans les étals des supermarché et on me qualifie de « sympa et gentil ».

imageRien qu’hier, tenez. On fêtait l’anniversaire d’un pote et il avait demandé à chacun de lui donner les titres de ses musiques préférées pour animer la soirée. Entre les « David Bowie », les « Queen » et autres « The Cure » lancés par les uns et les autres, j’avais opté, moi, pour « La danse des canards ». Ah ben oui. Je suis peut-être devenu « sympa et gentil » mais il n’y a aucune raison pour que je devienne moins con. Mais bref. Quand est venu le temps de diffuser mon choix, j’ai bien senti que j’avais les genoux qui grinçaient quand les canards se secouent le bas des reins et font coin-coin. J’ai bien senti que je perdais le rythme en battant des bras pour imiter la démarche de ces saloperies d’oiseaux qui aiment patauger dans leurs fientes. J’ai bien senti que mon coin-coin manquait de conviction. Bref, j’ai bien senti que je n’étais plus autant dans la canartitude que dans ma prime jeunesse.
Et surtout, y’a pas à dire, les lendemains sont difficiles quand votre gamine décide de se lever aux aurores et de foutre un bordel monstrueux à réveiller toute la maison.

C’est décidé, je me reprends en mains.

Je vais reprendre ma démarche bestiale dans la rue, épaules en dehors et attitude d’ursidé, tant dans le déhanchement que dans le grognement. Je vais reprendre l’entraînement de gros bâtard. Le whisky affalé dans le fauteuil devant le feu de cheminée, ce sera en réalité pour prendre les tisons à mains nues et les avaler entre deux toasts aux rillettes. Je vais même me remettre à l’hélicobite, tiens. Parce que c’est bon pour les hanches, pour les genoux et pour le rythme. Indispensable si je veux performer pour la prochaine danse des canards.

C’est l’heure du réveil. La renaissance de l’Attila du jeu vidéo. Du conquérant de la manette. Du fléau du joystick.

Ça va chier en 2023 !

Mais bon. En attendant, je vais quand même aller faire une petite sieste.

 

 
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