Publié le Dimanche 27 novembre 2022 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Après l'avent

J’adore les calendriers de l’avent. C’est mon petit péché mignon. Chaque année, c’est un gros gros kif de parcourir les rayons des boutiques et d’en choisir un. Voire deux. Voire trois ou quatre. Si je m’écoutais, je punaiserais des calendriers de l’avent sur tout le mur de mon bureau, sur tout le mur de mon salon et chaque matin, je passerais des heures à ouvrir toutes mes petites cases.

Vu le nombre de variétés de calendriers de l’avent qui existent, je pense que je ne suis pas seul dans ce cas. Depuis 3/4 ans, on en voit fleurir de tous les genres. Et bim, un calendrier de l’avent produits de beauté. Et paf, un calendrier de l’avent thé. Et zou, un calendrier de l’avent whisky. Et poum, un calendrier de l’avent chaussettes. Et schwing, un calendrier de l’avent confitures. Et shlingwhampringzlopbaf, un calendrier de l’avent moutardes. On en trouve sur tout et n’importe quoi, je vous dis. Des pierres soi-disant influentes sur votre bien-être en passant par tous les alcools possibles et imaginables, la bouffe, les épices, les bijoux, les céréales… sans oublier les jouets pour les enfants (Lego, Playmobil et consorts) ou les jouets pour les adultes (sex toys).

Et il y en a pour tous les prix. Les calendriers de l’avent produits de beauté se font plaisir niveau tarifs, avec des coffrets tapant parfois dans les 200 à 300 €. « Oh oui mais dedans, il y a l’équivalent de 500 € de produits ! » nous assène-t-on pour mieux faire passer la pilule. A les écouter, on croirait presque qu’ils vendent à perte. M’enfin faut les sortir, les 300 boules, quand même, pour des produits taille échantillons…

Non seulement j’aime les calendriers de l’avent, mais je transmets aussi cette passion à ma famille. Ils n’ont pas vraiment le choix : chaque année, mes filles et ma chère, tendre et aimante épouse ont droit à deux ou trois calendriers chacune.

Cette année, pourtant, j’ai vraiment galéré pour leur en trouver. Impossible, par exemple, de leur trouver un calendrier de l’avent avec du bon chocolat. Ah, ça, du chocolat de merde, il y en avait à la pelle. Mais voilà, depuis quelques années déjà, je suis parti du principe de boycotter tous les produits qui contiennent de l’huile de palme. Chacun son combat écolo. Chacun son combat pour le bien-être animal. Moi, les poules pondeuses entassées à 10 dans une boîte à chaussure, je m’en bats les œufs.  Mais le sort des Orangs-Outans décimés par la culture des palmiers à huile, ça m’emmerde. Chacun son combat, je vous dis. L’amour des Orangs-Outans, je le dois à Sir Terry Pratchett, puisque c’est un des personnages principaux de son Disque-Monde. Et un type dont on a donné le nom à un astéroïde et une espèce de tortue ne peut décemment pas être dans l’erreur quand il s’investit pour la sauvegarde des Orangs-Outans, notamment ceux de Bornéo. Bref, j’aime les Orangs-Outans, je boycotte l’huile de palme et c’est comme ça. D’autant plus que c’est une des plus saloperies de merde des huiles niveau graisses saturées.

Le problème, c’est que c’est moins cher et plus facile à transporter, donc que tous les industriels en collent dans leurs produits. Pas un Granola, pas une langue de chat, pas un biscuit de goûter n’y réchappe. Partout. Il y en a vraiment partout. Même parfois dans des denrées que vous ne soupçonnez pas. Et le chocolat en fait partie. Les champions du calendrier de l’avent, Kinder et Milka, en sont bourrés. Même Lindt, qui tente d’imposer une image d’excellence, en colle aussi. Galak ! Je me réjouissais à l’idée de retrouver mes plaisirs d’enfance avec Oum le dauphin albinos. Alors non seulement ils ont flingué le dauphin pour en faire un émietté, mais en plus, c’est pété d’huile de palme.

Finalement, j’en suis à faire moi-même des calendriers de l’avent. Ça me coûte un bras parce que je ne prends que des produits de qualité, mais au moins, je n’ai pas de cadavre d’Orang-Outan sur la conscience. Et je ne participe pas à leur maltraitance non plus, puisqu’en Asie, on trouve même des bordels qui prostituent des grands singes.
Des cadavres de poules, oui, mais d’Orang-Outan, non. De toute façon, je déteste les poules. C’est de la saloperie. Mauvais caractère, œil torve, regard méchant. De vraies saletés, les poules.

Bref. Tout ça pour dire que j’aime les calendriers de l’avent. Et les Orangs-Outans. Voilà.