Publié le Dimanche 29 août 2021 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Les femmes viennent de Vénus et les hommes, du bar d'à côté

C’est pas tous les jours facile-facile de vivre dans une maison de nanas.

J’ai bien réussi à coller çà et là une figurine Assassin’s Creed, une figurine animatronique Bébé Yoda ou une peluche de Mogwaï sur une étagère ou deux, voire planqué des figurines Pop dans les plantes, parce qu’entre nous, rien de tel qu’un Groot pour égayer un Yucca ou une composition de cactus. Mais je vois bien que je me heurte de plus en plus à une coalition féminine soudée dont l’unique raison d’exister semble être de s’opposer systématiquement à toutes mes suggestions.

Tiens, par exemple, je m’suis pris la tête à construire un bar entre la cuisine et le salon. Ça tombe bien, j’ai une chouette pompe à bière qui ne demande qu’à y être posée et abreuver le travailleur épuisé par les innombrables labeurs quotidiens. Et bien que dalle. « c’est moche, ça prend trop de place, c’est hors de question, ta tireuse à bière, elle va au sous-sol et puis c’est tout, on va mettre des plantes à la place, regarde, mes orchidées iront très bien dessus ». Pan. Asséné comme un coup de fouet. Sans même matière à discussion. Et en rajoutant, pour le côté humiliant, que « faire la sieste n’est pas considéré comme un innombrable labeur quotidien ».

Et gare si je me mets à râler : les deux cerbères que sont mes gamines viennent aboyer en appui de leur génitrice.

Elles appellent ça « l’entente et le soutien féminin ». Sous-entendu « l’entente et le soutien féminin contre l’oppression masculine ». Comme si j’oppressais quelqu’un, moi. Alors qu’entre nous, j’suis pas difficile à vivre, hein. Un bon fauteuil, un bon verre de whisky, un bol de cahuètes et tu peux me repeindre tous les murs en rose bonbon voire, pire, mettre des rideaux aux fenêtres, et bien j’moufterai pas. Sauf que les cahuètes, c’est pas assez « healthy » alors elles remplacent ça par des carottes et des radis, et le whisky, ça vaut soi-disant pas le cosmo ou le mojito.

Le mojito, tiens. C’est bien un putain de cocktail de gonzesses, ça. Gâcher du rhum avec de l’herbe et de la flotte pétillante, ça mériterait de se taper des bières sans alcool jusqu’à la fin de sa vie. Je déteste le mojito. Ou alors, sans eau pétillante. Ni menthe. Et ça s’appelle un Ti’punch. Et merde à la fin.

Enfin bref. En attendant, vous n’imaginez pas le nombre de fois où je me retrouve isolé dans mes revendications et mes argumentations, rejetées en bloc juste par « solidarité féminine ».

La musique ! J’ai passé 20 berges à éduquer madame à grands renforts de ZZ Top, Joy Division, AC/DC, Billy Idol, Sex Pistols et j’en passe. J’étais à deux doigts de la convertir aux Pixies. Et bim, en deux étés, les mini-chieuses ont ruiné tous mes efforts avec du Justin Bieber, du Soso Manes, du BTS ou du 3 cafés gourmands (putain, je déteste ce groupe de merde) qu’elles ont fait adopter à leur mère qui trouve ça « dansant et festif ». Moi j’ai beau dire qu’y’a pas plus dansant et festif qu’un pogo, ben non. On me traite de tyran de la musique, de dictateur de la radio, voire même, de fasciste de l’enceinte Bluetooth.

Pareil pour les films ! La dernière fois, ils passaient Expendables 2 à la télé. Stallon, Schwarzenegger, Van Damme, Chuck Norris, Jet Li, Dolph Lundgren, Jason Statham… ça se rate pas, un Expendables 2 ! Et puis on ne l’a vu à peine que 4 ou 5 fois ! Ben suite à un vote soi-disant démocratique, j’vous l’donne en mille : on s’est tapé une comédie mièvre d’une princesse à la con qui veut découvrir la vraie vie avant d’épouser le consanguin d’un autre royaume et qui bien entendu, tombe amoureuse du premier bouseux qu’elle croise dans un putain de Starbucks. Parce que tout le monde sait que l’amour se trouve toujours dans un magasin tenu par des débiles analphabètes pas foutus d’écrire un nom correctement sur un gobelet qui vous refourguent à des prix délirants du café de merde. Et bien elles avaient toutes les larmes aux yeux devant le film. Moi j’avais surtout envie de momir (je vous rappelle que momir, c’est mourir en vomissant).

Quant à l’humour, ne m’en parlez pas. L’humour masculin et l’humour féminin n’ont rien à voir… strictement rien à voir. Tenez, la dernière fois, j’en ai sorti une bonne à mes gamines : « Combien faut-il d’hommes pour passer l’aspirateur »… « aucun, c’est un boulot de femmes ».

Et bien ça ne les a pas fait rire.

Et ma femme qui passait par-là n’a pas ri non plus.

Résultat… ben… je vais vous laisser. Je n’ai plus le temps. Faut que je nettoie la maison avant qu’elles ne rentrent de leur apéro entre filles.