Publié le Dimanche 20 juin 2021 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Apprenez déjà à écrire correctement

Ceux qui ont la chance et l’incommensurable honneur de me suivre sur Facebook savent à quel point mes posts sont brillants, culturellement enrichissants et particulièrement savoureux. Surtout quand je parle de ma bite. Les autres ne manqueront pas, une fois cette intro d’édito passée, de se précipiter pour m’y envoyer une demande d’ami, demande que j’accepte systématiquement, sauf cas (très) particulier. Ce nombre d’amitiés sociales croissant me renvoie à la pauvreté du nombre de « vrais » amis que j’ai dans la réalité et dont le nombre se compte sur les doigts d’une main. D’un lépreux. En phase terminale.

Bref. Hier matin, ayant usé mes yeux sur un texte écrit avec les pieds, mais surtout, écrit en écriture inclusive, je me suis laissé aller à une déclaration spontanée, mais réellement pensée :


Une petite déclaration qui, à une (chouette) personne près, a remporté tous les suffrages. Et je me suis dit que j’allais relancer le débat sur l’édito du jour. Avec un ou deux copier-coller parce que bon, c’est toujours ça de gagné quand on est un gros flemmard comme moi.

J’expliquais, ainsi, en commentaire, que je trouve l’écriture inclusive moche et très chiante à lire. Je ne comprends pas l'intérêt de multiplier les formes d'écriture d'une langue déjà bien difficile à maîtriser...
Sachant, d’autant plus, et je m’en désole chaque jour qui passe, il faudrait déjà apprendre à écrire correctement aux gens avant d’essayer de leur refourguer un autre style d'écriture.

Outre le fait que ce style me pique sérieusement les yeux, j’expliquais aussi que je n'aime pas la récupération intellectuelle faite autour de cette écriture. Une récupération féministe, même si le mot est aujourd’hui galvaudé et qu’il a perdu de sa splendeur d’antan.
Bien entendu, cette remarque n’est aucunement une volonté de défendre un mode de vie patriarcal à tout prix. Le féminisme est une cause juste et essentielle à laquelle j’adhère pleinement. Et si vous lisez mes éditos régulièrement, vous savez que pour moi, la seule fois où un homme doit être au-dessus d’une femme, mais aussi une femme doit être au-dessus d’un homme, c’est dans un lit.
Et c’est une image parce qu’on peut faire ça aussi sur la moquette, le tapis, le carrelage, la table du salon, le canapé, les sièges de la voiture, le plan de travail de la cuisine, le jardin d’enfants… enfin dans plein d’endroits chouette pour se grimper l’un sur l’autre.

Reste que, pour revenir à nos mouton.e.s, je pense que vouloir faire passer en force une écriture toute moche ne sert pas la cause du féminisme. Elle aurait même plutôt tendance à la desservir. Et qu’avant de croire qu'on va changer les mœurs et l'égalité des sexes avec un type d'écriture, il faudrait peut-être changer les mentalités. Et cela passe par l'éducation. Essentiellement.
Et les plus malins d’entre vous auront remarqué que « mouton.e.s » n’est pas un bon exemple d’écriture inclusive, puisque le mouton désigne le mâle (bélier), la femelle (brebis) et leurs petits (agneau, agnelle) et que par conséquent, il n’existe pas de féminin à mouton. Et si vous n’aviez pas tilté, c’est bien la preuve qu’il y a bien d’autres choses à apprendre avant de se lancer dans l’écriture inclusive.

Je le répète : refuser cette écriture inclusive et rester fermement campé sur ce que l’on m’a initialement appris, à savoir qu’en matière d’orthographe, le masculin l’emporte sur le féminin, n’est pas le signe d’un comportement machiste ou rétrograde. Pour que ce soit rétrograde, il faudrait déjà que l’écriture inclusive soit considérée une évolution. Pour que ce soit machiste, il faudrait que je n’aie pas trois filles à fort caractère à la maison.

Sur ce, je vous laisse, ch.e.è.r.e.s lect.eur.rice.s (à moins que ce ne soit ch.è.e.r.e.s lect.rice.eur.s), je dois encore passer l’aspirateur, nettoyer la salle de bains et préparer à déjeuner. Ouais, c’est la fête des pères aujourd’hui, mais y’en a qui ont, comme qui dirait, oublié.