Publié le Dimanche 1 novembre 2020 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
L'Edito du Dimanche
Une pensée pour les vraies victimes du confinement
Nous voilà donc reconfinés pour un tour.Ça doit faire 10 fois que j’écris cette phrase. 10 fois que je réécris mon édito. 10 fois que je n’arrive pas à trouver un bon angle, une bonne attaque, un bon rythme, une bonne répartition des paragraphes…
10 fois que j’écris sur mes impressions face à ce re-confinement qui n’a finalement pas tant que ça l’air d’en être un. 10 fois que je donne mon avis sur les revendications des commerçants, que je vous raconte l’impact que ces décisions gouvernementales ont sur certains proches et leurs emplois, 10 fois que je vous explique à quel point ça me met moi aussi dans la merde, 10 fois que je conclue que malgré toutes ces décisions, malgré toute cette merde que ça engendre, il ne faut pas oublier l’humain, il ne faut pas oublier que des gens continuent de mourir et que l’on a peut-être un peu trop tendance à faire passer ses intérêts personnels avant l’intérêt général, à faire passer ses propres intérêts économiques avant… la vie des autres, tout simplement. Ce qui, dit comme ça, est tout bonnement sordide.
10 fois que je détaille tout ça, donc. 10 fois que je noircis 3 ou 4 pages avant de me rendre compte que cet édito ressemble plus à une tribune sur le bon sens et un appel à l’intelligence collective, ce qui, soyons honnête, revient à pisser dans la mer dans l’espoir d’en augmenter le niveau.
10 fois, finalement, que j’efface tout parce que finalement, je me suis déjà exprimé en long en large et en travers sur le sujet. Et qu’il est parfois plus intéressant de recentrer le débat.
Bref.
Nous voilà donc reconfinés pour un tour.
Et d’accord, des commerçants sont à l’agonie. Des milliers de gens se retrouvent sans emploi. D’autres encore se retrouvent à la rue. D’autres se retrouvent en réanimation. Des familles sont brisées. Des familles sont endeuillées. Mais au milieu de ces broutilles, j’aimerais que l’on ait une pensée toute particulière pour des choses qui comptent vraiment. Pour de vraies souffrances et de vrais moments douloureux.
J’aimerais que tous, autant que vous êtes à lire cet édito, vous ayez une pensée compatissante sincère et profonde pour ma femme et mes filles. Ce sont elles, les vraies victimes de cette pandémie. De ce confinement.
Elles qui vont devoir, pendant plusieurs semaines, supporter leur père qui danse en slip sur du Partenaire Particulier ; qui fait la cuisine à poil en chantant du Dalida ; qui a pété le lampadaire du salon en essayant de faire une roue en chantant du Dead or Alive ; qui passe l’aspirateur nu sous sa robe de chambre dont la ceinture a depuis longtemps été perdue tout en chantant du Queen ; qui hurle à tue-tête du Bronski Beat debout sur la table basse ; qui s’est encastré dans la bibliothèque en tentant de faire une glissade sur le solo de guitare d’une chanson d’AC/DC ;qui a failli tuer sa fille juste parce qu’il voulait voir s’il était toujours capable de lancer un couteau et le planter dans le mur (la réponse est oui) ; qui s’est rendu compte que jouer au tennis dans le salon contre le mur avec un ballon de handball et une poêle à frire, c’est une mauvaise idée, surtout pour les deux photophores en cristal, héritage familial qui a survécu à plusieurs générations sauf la mienne ; qui a voulu tourner une vidéo d’Halloween en faisant exploser avec un méga-pétard une citrouille mais qui a décidé de le faire dans la cuisine « parce que dehors, il pleut trop fort » ; qui a essayé de dévaler les escaliers façon glissade en oubliant de protéger le miroir en bas ; qui s’est dit que ce serait vachement fun une soirée mousse dans le salon en organisant un karaoké spécial années 80 (c’est fun, mais la prochaine fois, il faudra que je protège d’abord les meubles et les murs) ; ou qui, enfin, a décidé de recréer en hommage à Sean Connery, une célèbre scène du film Haute Voltige, en installant 450 mètres de ficelle avec des clochettes dans toute la maison, afin de s’entraîner à les éviter, et d’ailleurs, force est de constater que ni ma femme, ni mes filles, ni même le robot aspirateur ne sont doués à ce petit jeu.
Tout ça, donc, depuis vendredi. Et sans alcool.
Ce nouveau confinement va être très très dur.
Pour elles, surtout.
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supporter leur père qui danse en slip sur du Partenaire Particulier
Ca fera l'objet d'un live dans File dans ta chambre ?
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