L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 19 juillet 2020 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Le retour de la vraie pandémie

J’avais oublié.

La seconde vague imminente de Coronavirus lié à des comportements imbéciles, irresponsables et criminels m’ont détourné de mon combat. Mais je suis de retour. Pour le meilleur et, surtout, il faut bien l’avouer, pour le pire.

J’avais oublié.

Le père imbécile qui vous explique que sa gamine n’a pas besoin de masque parce qu’elle ne risque rien, que le virus ne s’attaque pas aux enfants, et à qui vous êtes obligé d’expliquer à grands renforts de bouteilles de jus de fruit dans la gueule (oui ben j’étais dans un supermarché) que les gamins peuvent aussi en crever mais surtout véhiculer cette saloperie et donc tuer des gens, surtout que putain, un gamin ça passe son temps à se fourrer les mains dans la bouche et à toucher tout ce qui l’entoure.
L’ado crétin qui vous explique qu’il s’en fout, qu’il est libre, donc que s’il ne veut pas porter de masque, il n’en porte pas, et à qui vous êtes obligé d’expliquer à grands renforts de courgettes dans la gueule (oui ben j’étais dans un supermarché, je vous dis) qu’à force d’écouter ces merdes de Drake, 50 cent, Lil Wayne et autres brailleurs d’Outre-Atlantique, il est devenu aussi con qu’un américain.
Le petit vieux qui vous explique qu’il n’arrive pas à respirer avec le masque mais qu’il le met quand même, mais pas sur le nez parce que ça le gène, et à qui vous êtes obligé d’expliquer à grands renforts de couches antifuites urinaires dans le dentier (je vous dis que j’étais dans un supermarché, bon sang, et puis même si c’est mou, un paquet de couche, faut se dire qu’un petit vieux, c’est encore plus mou) que s’il veut crever sous peu, qu’il crève seul et sans contaminer les autres parce que le pif à l’air, bordel, c’est comme pisser à côté de la cuvette : ça sert à que dalle.

Bref, autant de comportements qui m’ont depuis longtemps, définitivement, confortés dans l’idée que oui, j’aime mon prochain. Parce que je ne suis qu’amour et bonté. Oui j’aime mon prochain, mais seulement quand il est mort.
Autant de comportements qui ont surtout focalisé mon attention ces derniers jours et m’ont détourné de ce fléau, cette vraie pandémie réapparue cette année encore.

Les tongs.

Ces putains de saloperies de bordel de merde d’enculées de leur race de chier la bite de tongs de connasses sa mère la pute.

Et encore, en restant poli.

Cette année, cette calamité m’a frappé sans que je m’y attende. En traitre. Comme une claque que l’on n’a pas vu venir parce qu’on pensait toucher les fesses de sa femme au rayon yaourts mais manque de bol, c’était une autre nana qui portait la même robe (#meetoopasfaitexprès).

Nous étions au restaurant. Simplement. Tranquilles. Profitant du soleil pour siroter une bière fraîche et manger une salade d’été. Sans rien demander à personne. Quand tout à coup, nous fûmes agressés, violemment, par un type qu’on ne connaissait pas : à la table d’à-côté, un gros dégueulasse se triturait les mycoses, pieds nus, les tongs à terre, avant de porter la main dans son assiette pour attraper et manger goulument ses frites.

Que devais-je faire ? Simplement détourner le regard comme le suggérait mon épouse ? Mais ne serait-ce pas ainsi participer par ma lâcheté à la déchéance totale de l’humanité ?
Je vous jure que j’suis non-violent. Mais si. Je n’y peux rien si le monde me pousse à endosser le rôle de Tipp-ex, à effacer les erreurs humaines, à grands renforts de bouteilles de jus de fruits, de courgettes ou de couches antifuites urinaires. Mais au fond de moi, je vous assure que je suis la non-violence même. Un pacifiste né. Une sorte de Gandhi, mais sans le passé de terroriste et sans le viol des petites filles. Un Dalaï-lama sans la toge ridicule et le sourire benêt.
Mais y’a des fois, bordel, on ne peut pas laisser passer les choses.
Entre nous, si vous étiez témoin d’une agression sexuelle sur un nourrisson en pleine rue, vous réagiriez comment ? Hein ? On ‘est d’accord. Ben là, avouez que c’est quand même plus grave.

Bref. J’ai hélé mon voisin de table avec vigueur. Il n’a pas compris quand je lui ai demandé si ça manquait de parmesan. Et j’ai donc dû le terminer à coups de gressins dans les yeux pour lui apprendre les bonnes manières.

Tout le reste de la journée, je n’ai vu que ça. Des tongs. Des milliers de tongs qui arpentent les trottoirs immondes et ravagent les voutes plantaires de saleté et de pollution.

Chaque année, je continue le combat. Oui à la tong de plage. Non à la tong de ville. Je mourrai pour ce combat. Mais y’en a un paquet qui va y passer d’abord.

Tout en non-violence.

 

 
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