Publié le Dimanche 10 novembre 2019 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Halloween, la nuit des masques

Moi, j’aime bien les bonbons. Oui, je sais, les bonbons, normalement, c’est réservé aux enfants. Les bonbons, c’est idéal pour récompenser une bonne note, un bon comportement, ou simplement pour faire plaisir aux enfants. Voire pour les attirer avec son imperméable avant de les violer dans un van sordide.

Les adultes, eux, préfèrent les petits carrés de chocolat devant la télé. C’est plus sain, paraît-il. Mais moi, j’préfère les bonbons. C’est comme ça. Le chocolat, ce n’est pas trop mon truc.

J’ai beau essayer de convaincre ma douce, chère et aimante épouse d’en acheter parfois un paquet ou deux, histoire de faire plaisir à tout le monde, surtout à moi, j’ai toujours plus ou moins la même réponse à partir de « c’est mauvais pour la santé, c’est mauvais pour les dents, et en plus t’as encore pris du bide, bientôt tu vas être obligé de te regarder dans le miroir si tu veux apercevoir ta verge ». Elle est drôle, ma femme. Elle m’adore. C’est juste qu’elle est pudique et qu’elle cache l’amour inconditionnel qu’elle me porte sous une couche de violence et de mépris désopilant.

Enfin je crois.

J’ai donc décidé de faire Halloween avec mes filles. Au départ, j’ai décidé de me déguiser en Roi Lion. J’avais tout prévu : à poil, avec une crinière, à déambuler dans les rues en chantant « Hakuna Matata ». La crinière devait être en poils de chien du voisin. Manque de bol, il est mort de mort naturelle trois jours avant en se jetant sous mes pneus de voiture et ses maîtres n’ont pas accepté que je l’épile avant de l’enterrer dans leur jardin.

Ensuite, j’ai décidé de me déguiser en licorne. Avec un beau t-shirt arc-en-ciel, une belle queue de cheval multicolore, des sabots à paillettes et tout le toutim. Sauf qu’à l’essayage, c’était vraiment trop flippant. Même moi je me faisais peur dans la glace.

Au final, donc, j’ai opté pour la simplicité. J’ai enfilé mon imper, j’ai chopé ma batte de baseball et zou, le tour était joué. Un bon déguisement d’Halloween impliquant du maquillage, j’ai accepté quelques retouches par-ci par-là, orchestrée d’une main experte par ma fille aînée. Je ne m’attendais juste pas à ce qu’elle me colle du rimmel et du fard à paupière noir.
Surtout que dehors, il pleuvait. Et que le rimmel et le fard ont commencé à couler sur les joues. Je vous jure, le résultat était dément. Même Freddy Krueger se serait fait dessus s’il m’avait croisé dans la rue.

D’ailleurs, tous les gens que j’ai croisés ont changé de trottoir précipitamment. Même les gros cons de chauffards qui ont du mal à comprendre la signification des panneaux « Attention école » ou le chiffre 30 entouré de rouge s’arrêtaient lorsque je traversais la rue. Quand bien même je n’étais pas sur un passage piétons. Y’en a même un qui a fait marche arrière, s’est encastré dans un poteau en béton et est finalement parti de sa voiture en courant et en criant. Alors que je venais juste voir s’il allait bien.

En tout cas, ça a vachement bien marché, Halloween, cette année. J’ai sonné à plein de portes. J’ai récupéré six paquets entiers de bonbons, quatre paquets de gâteaux, trois cents euros en liquide, un ipad et deux smartphones. A la fin, je n’avais même plus besoin de parler, ils me donnaient tout ça directement, sans que je ne demande rien.

Quand je suis revenu avec mon butin, j’étais tellement content que ma femme n’a rien osé me dire. Enfin si. Elle m’a juste fait remarquer qu’on était fin septembre et non pas le 31 octobre et que du coup, ce serait bien que l’année prochaine, je fête Halloween à la bonne date, parce qu’on allait encore avoir des problèmes avec les voisins.

Ça m’a vexé. Du coup, le 31 octobre, j’ai rien fait. Je n’ai pas ouvert aux cohortes de petits cons qui voulaient me piquer mes bonbons. Je suis resté chez moi à les manger. Tant pis s’ils me lancent des sorts. J’suis blindé de toute façon.