Publié le Dimanche 11 août 2019 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Je suis un gars tranquille

Tout va bien. Je me repose. Je viens de passer une semaine à me gaver de melon, de tomates qui ont pris le temps de mûrir ailleurs que dans une chambre froide ou un camion venu d’Andalousie, de pêches juteuses, de salades parfumées à l’huile d’olive non coupée avec du résidu de vidange espagnole.

Une semaine à me tartiner la couenne de protection 45, et je ne parle pas d’indice de crème solaire mais bien du degré d’alcool du Ricard, à m’avachir sur le sable tel un éléphant de mer majestueux, prêt à jaillir façon épaulard pour tarter à coups de nageoires le premier gamin qui trouverait que contourner ma serviette est un chemin trop long pour aller dans l’eau ou la première connasse qui n’a toujours pas compris que secouer sa serviette un jour de vent en envoie plein la gueule de ses voisins.

Je me prélasse et profite d’un repos bien mérité, que je rythme avec quelques séances sportives de lancers de pieds de parasol dans les rochers, de sacs de plages dans l’eau ou de coups de râteaux dans les gencives, juste pour garder la forme et rappeler que ce n’est pas parce que tu es en vacances que tu as le droit de faire chier tout le monde bordel de touriste à la con. On ne se refait pas. D’ailleurs, hier, ma fille cadette a expliqué à un petit qui voulait lui piquer sa pelle et son seau que « tu fais ce que tu veux, mais je le dirai à mon papa, et tu sais, ça ne lui pose pas de problème de retourner en prison ». Bizarrement, les parents ont préféré changer de place sur la plage.

Grosso modo, d’ailleurs, je ne sais pas ce que mes filles racontent à leurs copines, mais hier, en faisant du volley-ball dans l’eau, je n’ai pu réfréner une envie de smash. Une frappe limpide, une trajectoire pure, un rebond magnifique sur l’eau, un atterrissage en pleine gueule d’une nageuse. Et bien croyez-le ou non, mais c’est elle qui s’est excusée d’avoir été sur la trajectoire de la balle. J’ai appris ensuite que c’était la mère d’un des p’tits cons de la troupe de mioches avec laquelle traîne ma gamine.

Des vacances, donc, avec toujours autant de trous du cul qui pensent qu’une clope enfoncée dans le sable, c’est une clope disparue pour toujours. Avec aussi quelques pétasses qui remuent du croupion, lunettes de soleil, téléphone vissé à l’oreille, clope à la main, et qui arpentent de long en large le bord de mer, jetant des regards noirs aux gamins qui jouent aux raquettes et les obligent donc à changer de trajectoire… D’ailleurs, à ce propos, en parlant de lunettes de soleil, je n’ai jamais vu autant de gens se baigner avec que cette année. J’avoue que je ne comprends pas tout à fait l’idée d’aller dans la flotte avec sa paire de Ray-Ban, histoire de les bousiller à coup sûr.
Surtout qu’on n’est pas à l’abri d’un ballon de volley à la trajectoire pure qui vient les exploser, quoi…

Ma femme m’a dit que l’année prochaine, pour des vacances plus calmes, on irait à la montagne. Quand je lui ai répondu que chic, ça fait longtemps que je n’ai pas planté des pétards dans les bouses de vaches bien fraîches juste avant que des promeneurs ne passent devant, couru après les moutons en hurlant et perfectionné mon lancer de cailloux sur marmottes, elle a soupiré et regardé les locations de cabanes isolées dans les forêts canadiennes. J’ai hâte d’aller faire chier les grizzlys et faire du rodéo sur le dos d’orignaux sauvages, avant d’aller chasser le castor au lance-pierres. Yahou !