Publié le Dimanche 30 juin 2019 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
L'Edito du dimanche
Un caillou dans ma chaussure
Vivez pieds nus. Oui, je sais. Après vous avoir exposé, comme un rendez-vous incontournable, année après année, mon animosité pleine et entière de la tong de ville, une telle déclaration peut sembler saugrenue. D’autant plus que, vous en conviendrez aisément, le port de tongs en ville se situe bien au-dessus dans le classement des raisons qui pourraient donner envie de rétablir la peine de mort. Par rapport à, par exemple, la torture de chatons ou le viol d’enfants de moins deux ans.Mais je m’interroge sur l’avenir de l’humanité et surtout, comme vous pouvez le voir édito après édito, j’œuvre pour le bien-être de la planète. Et force est de constater que, globalement, il y a un vrai problème entre l’être humain et la chaussure.
Regardez autour de vous. Est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer pourquoi on retrouve, partout, des chaussures seules ? Au détour d’un muret, une basket abandonnée. Sur le bord de la route, qu’elle soit départementale, nationale ou même auto, on trouve des tas de chaussures esseulées, perdues, arrachées à leur paire. Elles errent, ainsi, sur nos bas-côtés.
On ne sait rien de leur histoire. On ne sait rien de leur destinée. On ne sait rien des douleurs et traumatismes, ou juste des étourderies qui les ont amenées là.
Moi, de mon côté, systématiquement, je me pose la question suivante : « Mais comment diable est-il possible d’égarer son précieux écrin pédal et repartir cahin-caha, sautillant sur une seule jambe ? ».
Bon, j’avoue, j’ai un peu embelli la formule. En réalité, ça fait plutôt un truc du genre « Mais putain, comment on peut paumer une seule grole ? Le mec se rend compte seulement chez lui qu’il en a oublié une ? Comment peut-on être à ce point con ou bourré ? ». La formule diffère (à peine), mais le fond revient au même.
Et je n’exagère pas. Regardez autour de vous. Il y a plein de godasses abandonnées. Des petites, qu’on imagine bien tombées de la poussette d’un jeune enfant sans que sa mère ne s’en rende compte parce qu’elle envoie des putains de textos à ses connasses de copines sans même regarder où elle pousse son chiard et « oups pardon monsieur, je ne vous avais pas vu » « ben lève les yeux de ton téléphone, grosse conne, ou la prochaine fois je saute à pieds joints sur ta poussette avec mes chaussures coquées ». Ou bien tombées de la poussette d’un jeune enfant sans que son père ne s’en rende compte parce qu’il a les yeux fixés sur Youporn à sangloter sur ses rêves abandonnés puisque sa femme refuse qu’il la touche depuis le souvenir douloureux d’une épisiotomie à six points de suture.
Les petites chaussures d’enfant, je peux comprendre. Les « tombées de la poussette », ça peut tout à fait s’imaginer. Voire certains mômes ont l’air suffisamment cons pour ne pas se rendre compte qu’ils marchent avec une godasse de moins avant d’être rentrés chez eux. Si, si, je vous assure, j’en vois plein des gros cons de gosses de gros cons de parents à la sortie de l’école.
Mais les tailles 35, les tailles 42, voire les tailles 45 qui jonchent les rues et les routes ? Qu’est-ce qu’elles foutent là ? Quelles sont leur histoire ?
Ça m’intrigue. Ça m’interroge. Ça m'interpelle... Bon, d’accord. En fait, ça m’obsède.
Et ce n’est pas tout. Il y a d’autres faits qui me poussent à croire définitivement que l’homme n’est pas fait pour la chaussure. Ou que la chaussure n’est pas faite pour l’homme. Et l’un de ces problèmes récurrents et franchement traumatisants, c’est : le petit caillou.
Vous savez, le petit caillou de merde qui se glisse sournoisement dans votre godillot et vous gêne quand vous marchez. Pas forcément assez pour le retirer tout de suite, mais suffisamment pour vous faire sentir à chaque pas qu’il est là. Et il se déplace sous la voûte plantaire au rythme de vos foulées, vous imprimant une douleur vive une fois sur deux, jamais au même endroit, comme une lente torture destinée à vous faire craquer. Au bout d’un moment, d’ailleurs, vous n’en pouvez plus. Vous faites une pause, vous adossez à un lampadaire, vous tenez à un arbre, vous asseyez sur un banc ou, à défaut, un trottoir, afin de retirer votre chaussure et la secouer dans tous les sens pour en faire tomber l’objet de votre douleur.
Trois pas plus loin, il est de retour. Il s’est infiltré à nouveau dans votre godasse.
En ce moment, c’est systématique. Que je sois en basket ou que je remette mes Doc Martens coquées pour sauter à pieds joints sur des poussettes, c’est obligé, je participe à la transhumance des cailloux. J'ai l’impression d’être le transport en commun de toute une flopée de petits cailloux à la con qui viennent me ruiner les talons et s’enfoncer dans ma chair dans l’espoir que, à bout, je les largue à bon port.
Et ne me dites pas de porter des tongs. Sinon je vous tue. D’autant plus que ça ne règlerait pas le problème. Je dois être le seul mec qui se retrouve avec des petits cailloux plantés dans le pied, même avec des tongs.
Quant aux sandales, j’ai abandonné l’idée. Enfin, on m’a fait abandonner l’idée puisque pour moi, sandales = toge ou jupette pour aller avec = « This is Sparta dans ta gueule ». Et à force de foutre des coups de pieds aux gros cons qui t’empêchent de sortir du métro en se pressant devant les portes, on m’a clairement fait savoir que les sandalettes et la jupette, ça me rendait agressif. Moi j'ai eu beau dire que non, pas du tout, les sandalettes et la jupette, ça ne me rend pas agressif, que je le suis déjà au naturel, d’un autre côté, qui ne le deviendrait pas habillé de la sorte.
Enfin bref. Il faut vivre pieds nus. C’est une évidence.
Sur ce. Je dois vous laisser. Hier, c’était la fête du village. C’était sympa. Il faisait très chaud. J’ai bu juste un peu pour me réhydrater. A mon âge, c’est important. Et il parait que j’ai fini la soirée à jeter mes groles dans la foule et à faire l’hélicobite sur la scène, devant maris, femmes… et enfants médusés. Par tant d’inconvenance ou tant de génie, je ne sais pas. Mais médusés quand même.
En tout cas, je dois retourner sur le lieu de mes débauches aujourd’hui. Parce que je ne sais pas comment j’ai fait, mais je suis rentré à la maison avec une seule chaussure…
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