La chronique cinéma de Paf ! : Enigma ''Magnus''

 

Publié le Samedi 20 avril 2019 à 12:00:00 par Paf!

 

La chronique cinéma de Paf ! : Enigma ''Magnus''

Echec et mat

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Sorti en dvd en 2017 chez nous, « Magnus » (2016) du norvégien Benjamin Ree suit le parcours d’un jeune norvégien, Magnus Carlsen, depuis son enfance jusqu’à sa victoire – ou pas - aux championnats du monde d’échec de 2013, premières minutes du film.

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N’étant un fanatique ni du jeu d’échec, ni des informations de façon générale, et ne cherchant jamais à connaître quoi que ce soit par avance des films que je vois en salles ou sur disque, j’ai appréhendé les premières minutes de ce film avec angoisse : Oh non ?!!! encore un found-footage à la con qui va nous montrer un petit garçon, limite autiste, grandir et accéder à son rêve – ou pas – de devenir champion du monde…

Là où j’ai commencé à avoir un léger doute, c’est quand soudain est apparu sur l’écran le seul joueur d’échec dont je connaisse le visage - Garry Kasparov - pour jouer contre un Magnus de treize ans. Et Kasparov de se prendre la tête à deux mains…

Moi qui croyais voir un énième documenteur cheap et mal filmé, j’étais bien face à un extraordinaire documentaire nous montrant l’enfance, l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte d’un garçon extra-ordinaire. Le réalisateur nous explique cette merveille dans les bonus : il a suivi personnellement Magnus Carlsen pendant trois ans et a bénéficié pour les années précédentes des vidéos tournées par la famille sur ce garçon un peu beaucoup particulier.

Bouche ouverte, moue boudeuse et tête dans les nuages, un enfant et ado comme il en est tant…
            
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A la question (séquence à voir dans les bonus) posée au Magnus d’une dizaine d’années : « Que préfères-tu être plus tard ? Joueur de football professionnel ou joueur d’échec professionnel ? », le petit garçon répond spontanément comme des millions d’autres : « Joueur de football », puis ajoute : « c’est plus facile d’être joueur de football et on gagne beaucoup d’argent », avant d’ajouter encore « mais ce n’est pas très réaliste… ».

Magnus Carlsen gagnera très tôt le surnom journalistique de « Mozart des échecs », sera le plus jeune champion du monde de l’histoire et l’est encore actuellement !

Si vous ignorez si c’est en 2013 ou plus tard que sa consécration mondiale a eu lieu, je vous invite fortement à regarder « Magnus » pour le savoir. Bien que le film reste un documentaire assez plat au sens cinéphilique – caméra à l’épaule, aucun effet d’esbroufe mais de multiples moments de vie publique et de vie intime volés -, le suspens naissant de la perspective annoncée de ce championnat du monde 2013 dont on pressent dès le début qu’on le retrouvera en milieu ou fin de film, fait de celui-ci un thriller de 74 minutes des plus palpitants.

D’autant que s’y ajoute – est-ce la réalité ou un procédé factice d’augmentation du potentiel humain exceptionnel de Magnus ? – le fait que son adversaire indien s’entraine avec X grands Maitres internationaux travaillant avec X ordinateurs et apprend ses coups par cœur en fonction de ce que dictent ces intelligences virtuelles ?
Bowman vs HAL 9000, Kasparov vs Deep Blue, Ripley et consoeurs vs Weyland-Yutani,…

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Et si vous connaissez déjà la réponse, peu importe : vous perdrez en suspense ce que vous gagnerez en approche d’un être exceptionnel. A 12 ans comme à 19, Magnus joue aux cartes avec ses sœurs, chante des chansons enfantines norvégiennes, joue au foot ou au basket, lit des BD Disney de Donal Duck, plonge dans des piscines en maillot ou habillé,… Peut-être est-ce là la résolution de l’énigme Magnus : l’intemporalité d’un certain bonheur familial et l’absence soudaine au sein de celui-ci d’un petit garçon perdu dans ses pensées mathématiques et stratégiques, celles-ci nous dépassant. Ou me dépassant en tout cas très largement.

Deux phrases du commentateur des championnats du monde m’ont choqué parce que je les avais déjà pensées à ce moment du film où elles sont prononcées :

« It’s almost like Magnus is looking through the Matrix. He is inside the game. »

« It’s a talent that comes from another Universe. »

Pas besoin d’un Néo ou d’un Thanos avec un tel petit garçon !

En plus, on trouve dans les bonus une leçon d’échec pour les néophytes donnée par le Maître. Je joue de temps en temps aux échecs - uniquement avec des enfants que je peux battre - grâce à des réminiscences de règles de mes enfance et adolescence, mais j’avoue que le coup du « en passant », je l’avais oublié ou m’était inconnu*.

Dans l’attente qu’un jour, un cinéaste majeur s’empare du génial « Joueur d’échec » de Stefan Zweig, je vous invite à consulter ces quatre pépites cinématographiques, luisant pour des motifs différents sur l’échiquier de la passion.

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« Magnus » est publié par Pretty Pictures, sans V.F., mais avec V.O.S.T. 2.0 ou 5.1.


* « En passant » : lorsqu’un pion adverse avance de deux cases pour se mettre au niveau de votre pion, vous pouvez dire que vous le prenez ‘en passant’ (en français dans le texte) lors de son déplacement et vous le prenez en changeant de colonne. C’est fou, non ?!

 

 
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Commentaires

Ecrit par dieudivin le 20/04/2019 à 13:57

 

1

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Inscrit le 18/03/2011

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Le coup dit du "en passant" est au passage une tactique urbaine inventée par le très célèbre stratège civile de guerre C. Gasperini basée sur le principe du "coup de la batte de Baseball dans ta gueule", aussi appelé par certain le "ni-vu ni-connu", adressé aux resquilleurs de toutes sortes ayant eu l’audace de passer devant un quidam dans la file.
Son inventeur aurait déclaré à ses autobiographes que "Ben! c'était un réflexe - le coup est parti en passant quand on s'est croisé".
A la question de si la méthode ne fonctionnait que dans un sens, l’intéressé aurait répondu "que pour garder un certain niveau de doute et de crainte chez l'adversaire le joueur, il est préférable d'utiliser la méthode dans une file à contre-sens, mais que dans le fond rien n'empêchait de le faire dans sa propre file" et aussi d'ajouter pour finir un "C'est quoi ce procès d'intention? tu veux un coup de batte dans ta gueule en passant?"; citation qui a inspirée le nom à cette technique aujourd'hui oubliée par la plupart des plus jeunes tacticiens smiley 9

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