Publié le Dimanche 14 octobre 2018 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Bite poils couilles nichons

J’aime pas les radis.
Sous cette déclaration apparemment banale qui ouvre cet édito et qui ne saurait en rien révéler la vérité se cache en fait un double sens poétique et philosophique que je vous laisse deviner en commentaires. Un double sens en forme de déclaration d’amour, mais aussi de haine, que les plus sensibles d’entre vous sauront retrouver, bien entendu, tant l’origine de ce cri saute aux yeux.

J’aime pas les radis et pourtant, j’ai eu 45 ans hier. Ce qui n’a bien entendu strictement aucun rapport, mais vous n’êtes pas à une absence de rapport près dans mes éditos.
J’ai eu 45 ans hier et je n’en ai strictement rien, mais alors rien à foutre. Bien entendu, ça ne m’empêchera pas, par pur sadisme, de frapper violemment ceux qui ont oublié de me le souhaiter le jour-même. Et je tiens à dire que 0h01, ça ne compte pas, celui qui a décidé de m’envoyer un SMS à cette heure-ci se reconnaîtra.
Il y a quand même des choses à respecter dans la vie.

J’ai 45 ans, je porte toujours des t-shirts Max Payne ou GTA, je trouve toujours qu’écouter un bon petit Anarchy in the UK des Sex Pistols vous remonte le moral, j’ai d’ailleurs commandé une paire de DrMartens, et si j’ai de moins en moins d’écart d’âge avec les petites vieilles, elles changent toujours de trottoir quand elles me voient débarquer avec mon bomber noir et ma mine patibulaire. Même les petits Mickeys ne sont alors pas très à l’aise. Comprenne qui pourra.

Et le premier qui en conclut que je suis un ado attardé, c’est qu’en fait, il ne connait pas les ados. Aujourd’hui, un ado, ça mange végan, ça fait des ourlets à son pantalon, ça met des petites socquettes basses même en hiver et ça trouve que Maître Gims est le nouveau poète du XXème siècle.
Oui, je sais, mais un ado ça ne comprend rien aux chiffres romains, alors…

Bref, c’est tout ce que je ne suis pas. Attardé à la rigueur, mais ado, pas vraiment. Et si je n’ai jamais la main loin d’une carotte, ce n’est absolument pas par conviction végan. Ceux qui ont vu le film Shoot’em up avec Clive Owen et Monica Bellucci comprendront. Les autres feraient bien de le voir.


Rien ne change donc, le poids des années ne me confèrent pas plus de respectabilité ni ne me fait rentrer dans le moule. Je ne dis pas que je n’acquiers pas un peu plus de sagesse et d’expérience, certes. Mais si je dois être comparé au vieux sage au sommet de sa montagne, sachez que j’ai depuis longtemps transformé sa cabane en rondins en un bordel de luxe où l’on sert les meilleurs whiskies et où l’on trouve les plus belles femmes.
Le coup de l’ascète qui n’a pas becté depuis 6 ans et à qui l’on vient parler de ses petits problèmes, très peu pour moi. Si t’as des questions dans la vie, viens me voir, on boira un coup.

Toute la difficulté de ce choix de vie, notez bien, est de malgré tout inculquer à ses rejetons qu’il faut être bien sage, bien poli, bien comme il faut, pour ne pas être mis au ban de la société. Mes gamines sont encore à l’âge où l’on doit les guider sur la voie de la raison et de la normalité pour qu’elles fassent leur petit bonhomme de chemin. Il sera temps, plus tard, quand elles seront plus âgées, de leur expliquer que c’est elles qui peuvent, si elles le souhaitent, mettre la société à leur ban.
Pour le moment, la mission semble remplie et j’ai deux filles bien élevées, bien comme il faut, au fond desquelles je décèle une vraie volonté de foutre le bordel comme leur père qui bouillonne et sera à maturité en temps voulu.

45 balais, donc, et je n’ai pas tout raté, semble-t-il au final. Bien au contraire.

Allez, pour fêter ça, la semaine prochaine, je montre ma bite. C’est aussi ça, la poésie moderne.