Publié le Dimanche 29 juillet 2018 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

A MORT !

Le monde est définitivement foutu. C’est la fin. On tire le rideau. Plus la peine de s’emmerder à sauver quoi que ce soit. C’est mort. Tous les signes pointent désormais vers une inéluctable fin du monde imminente. Il n’y a plus qu’à s’installer peinard sur une chaise longue en plein cagnard et attendre l’Apocalypse. Bientôt les anges qui débarquent du ciel pour sauver ceux qui le méritent, les morts qui sortent de terre, les quatre cavaliers (il y en avait à la base un cinquième, mais il a quitté le groupe avant qu’ils aient du succès) qui rappliquent et ravagent tout…

Bon, pour ce qui est des anges, pas besoin d’envoyer l’artillerie lourde. Y’a pas grand-monde à récupérer, au final, vu le niveau de connerie générale. Un ou deux anges devraient suffire. Et encore, sur les deux, y’en a un aveugle.

Alors je vous rassure, je ne vais pas me lancer dans une longue tirade sur le réchauffement climatique, les ours blancs, l’énergie nucléaire, la pollution des océans, les pesticides ou les rejets toxiques dans les airs. Non, ça on s’en fout. Enfin, non, le mot est mal choisi. Ce n’est pas que l’on s’en fout, c’est juste que l’on sait depuis belle lurette que c’est déjà mort. Les politiques de tous pays profitant des largesses des industriels, entre sauver un pygmée et s’offrir une Ferrari, le choix est vite fait, hein. Dans l’échelle de l’importance des choses, on sait depuis longtemps que la vie d’un orang-outan vaut bien moins qu’un repas chez Trois Gros pour un élu.

Non, non, quand je parle de signes qui pointent vers l’imminence de l’Apocalypse, je ne parle ni météo, ni écologie, ni bio, ni même religion, tiens. Tant qu’il y aura des mongoliens persuadés que le seul moyen de niquer 72 filles c’est de se foutre un bâton de dynamite dans le cul et de se faire éparpiller aux quatre coins d’une pièce, la religion restera un truc bien moins intéressant et moins fun qu’une soirée raclette entre potes. A moins que vous ayez des potes intolérants, homophobes et pédophiles, cela dit. Mais dans ces cas-là, on parle de « réunion du FN ».

Alors vous vous demandez sans doute pourquoi je baisse les bras face à l’inévitable fin du monde. Et quels sont ces signes annonciateurs de l’anéantissement total de l’humanité.

Je vous répondrai en un mot : tong.

Trahi par ses proches. Par ses frères d’armes. Par un pote. Un pote que je connais depuis plus de 20 ans. Un pote qui a connu sa femme en même temps que j’ai connu la mienne. On les draguait ensemble. Ça crée des liens, ça, bordel de merde ! Du moins je le croyais. Alors c’est vrai que ces derniers mois, on se voyait moins. Que l’on ne s’est pas fait de dej tous les deux depuis plus d’un an alors qu’à un moment, on s’en faisait au moins un par mois.
Mais ne pouvait-il pas m’envoyer un simple message du genre « hello, on se fait une bouffe, on se voit plus, ça me ferait plaisir ! » au lieu de venir m’agresser. Chez moi.
Alors qu’il était invité avec femme et enfants à la maison, il a débarqué… en tongs.

Est-ce que moi je débarque en mankini dans son cabinet de dentiste, bordel de merde ?

Pourquoi cette soudaine agression, ce camouflet, cette gifle ?

L’affront est profond et ne saura être lavé que dans la violence et le sang. Ecoutez-moi tous. Oui, tous. Gardez vos putains de tongs pour les stations balnéaires et la plage ! Merde alors ! La tong en ville est une infamie crasse et nauséabonde qui transforme votre voûte plantaire en couche noire immonde où se mêlent pollution et déjections de rongeurs (métro et grandes villes surtout), tandis que vos ongles de pieds se remplissent de crasse que vous exhibez à la vue de tous et que les champignons foisonnent sur votre peau
PAS DE TONGS EN VILLE, BORDEL DE CHIER LA BITE.

Pour des raisons hygiéniques évidentes, tout d’abord. Pour des raisons esthétiques ensuite. Je ne dis pas. Certains pieds sont fins, élégants, beaux, adorables et sans doute mériteraient qu’on en écrive des poèmes. Mais avouez que la plupart du temps, ce sont des doigts de pieds tordus et crasseux, des oignons ou des ongles incarnés qui s’affichent à la vue de tous.

M’en fous. Moi maintenant, dans le métro, je saute à pieds joints dessus en poussant un ricanement sadique. MOUHAHAHAHAHAHAHA !

Bref. C’est inévitable. Les signes sont tous réunis. L’Apocalypse est pour bientôt. Mardi 7 août à 20h53, si mes calculs sont exacts.

Et sinon, je souhaiterais faire un petit coucou au gentil internaute qui m’a envoyé un mail pour m’expliquer à quel point j’étais une sombre merde de ne pas aimer Maître Gims, dont le dernier single Bella Ciao « réunit tous les plus grands artistes du moment » et « est sublime » avec des « paroles magnifiques ».
C’est sûr qu’apprécier une chanson qui a réussi l’exploit de transformer un chant italien de la résistance contre le fascisme en romance mièvre écrite avec les pieds, ça donne foi en l’avenir de l’humanité. Vivement qu’on transforme la Marseillaise en bleuette dans laquelle deux poneys s’enculent. Gimsou, si tu nous lis, j’ai trouvé le sujet et la musique de ton prochain tube. Pas la peine de me remercier ni de me créditer, hein, c’est cadeau.
Sur la pochette du single, fais-moi plaisir : une photo de toi en tongs et on l’aura, notre hymne de l’Apocalypse.