A la rédaction, nous sentions tous que ça allait être une boucherie. On a tout fait pour éviter ça. Dès la première bande-annonce, nous avons hurlé, nous sommes débattus, cassé des meubles, comme pris d'un vent de folie. Tous sauf Sylvain.
"Ouais, non pourquoi pas, on va voir, ça peut donner un truc sympa" nous a-t-il dit de son air angélique et ingénu.

Pauvre fou ! Nous avons alors sauté sur lui, l'avons ligoté et supplié de ne pas tenter de s'échapper pour aller voir ce film. Que dis-je ? Cette arme de destruction du bon goût. A l'époque, nous étions persuadés qu'il n'allait rien sortir de bon de cette transposition de la Suicide Squad au cinéma. Pas comme ça, pas avec un tel traitement.

Alexandre a alors eu l'idée de filer des cachets à notre prisonnier pour qu'il comate pendant toute la durée d'exploitation en salles obscures. Mais le bougre refusait d'avaler ce que Vincent avait ramené. Oui, Vincent c'est toujours notre fournisseur en produits bizarres, il peut te trouver n'importe quelle substance qui existe même dans les coins les plus reculés d'Amazonie. Il aime l'aventure et les expérimentations risquées.

Alors Cedric s'est gentiment dévoué pour convaincre notre Sylvain d'avaler ses cachets. Un long entonnoir servant d'habitude à gaver les oies aura suffi pour lui faire prendre une bonne douzaine de pilules d'un coup. Mais dans le processus un truc m'avait chiffonné:
"T'es sûr que ce sont des suppositoires Cedric ?"
"Ah, oui. Maintenant que tu le dis..."
En aidant le pauvre Sylvain à remonter son pantalon, on le vit changer du tout au tout. Lui d'habitude si calme est devenu vert de rage, hurlant et insultant nos grand-mères, nous a collé un pain à chacun et est sorti de la cave comme une fusée.

"Mais bordel, c'est quoi ces trucs que tu lui as filé ?" demanda Cedric sous le choc
"Ben ve comprends pas, f'est fimplement des trucs à bave de plantes et épifes indiennes comme des piments, un peu de venin de scorpion et de fperme de taureau, d'habitude ça me calme moi..." répondit Vincent avec quelques dents en moins.
On ne sait pas pourquoi, mais c'est Alexandre qui avait le plus ramassé. L'enragé avait essayé de l'étrangler avec ce qui ressemblait à une serpillère : "Eh, il est parti sans son pantalon !" s'inquiéta Alexandre examinant ce qui lui servait maintenant d'écharpe.

C'est donc à moitié nu et dans un état de rage intense que Sylvain est allé voir Suicide Squad. Et le film aussi, il a pris cher.

Lire la critique de Suicide Squad

Identifiant :

Mot de passe :

Mot de passe perdu

Pas encore inscrit ? Créer mon compte

Inscription à la newsletter quotidienne