Publié le Samedi 21 mai 2016 à 12:00:00 par Paf!
La chronique cinéma de Paf ! : Mister H.
Elementaire
Six mois que je vous écris et je me rends compte aujourd’hui à mon grand dam que je ne vous parle que de mes enfances : celles qui furent, étaient, sont, seront ou auront été.
Or, j’ai vu ce matin un film explosant toute temporalité et me renvoyant à mon futur antérieur.
Depuis mes 12 ans, Monsieur Holmes aura toujours vécu à mes côtés et je profite d’avoir frôlé la mort en salles ce matin par overdose de venin d’hyménoptère pour vous parler d’un vieil homme de 93 ans que j’admire plus que quiconque en ce monde. Ces dernières années, il nous est apparu jeune et survitaminé par la grâce de Guy Ritchie et Steven Moffat dans des séries filmique et télévisuelle d’une exceptionnelle qualité*.
Aujourd’hui, il nous revient très âgé et sénile, mais plus près à mon sens de mes lectures d’enfance et de ce personnage qu’Arthur Conan Doyle croyait avoir imaginé, mais n’avait fait que transcrire de la vraie Réalité : celle des gam@livers, des cinéphiles, des passionnés de Poe, Verne, Balzac, Proust, Tolkien, Pratchett,…
A 40 ans, vous pouvez certes perdre votre fille comme dans « The last of Us » et vous n’êtes plus qu’un survivant. Mais à 93 ans, c’est à la mort que vous survivez – celle de John, de Mycroft, de Mme Hudson,… - de tous ces proches qui étaient les seuls à pouvoir vous appeler par votre prénom. Et vous n’êtes plus que « Mr. Holmes ».
Alors il est vrai, amateurs de blockbusters survitaminés où l’écran et l’intelligence du scénario explose et implose respectivement sous vos yeux et neurones, passez votre chemin s’agissant de « Mr Holmes ». C’est dans la subtilité et l’apparent défaut de suspens que se déroule cette nouvelle apparition à l’écran du « plus grand détective de tous les temps » comme l’appelaient les gazettes avant le SteamPunk. Et cette enquête - ces multiples enquêtes - vous porteront au-delà du mythe jusqu’à l’homme qu’il fut, et peut-être comme moi, jusqu’à l’enfant que vous êtes. Quel adulte, digne de ce nom, passerait son temps à jouer à des jeux vidéos, à regarder des films d’horreur ou à relire inlassablement le canon holmesien depuis des dizaines d’années?
Comme ce Teaser vous le distille, le nouveau film de Bill Condon est plus proche de son magnifique hommage au James Whale du « Dracula » de 1931 - « Gods and monsters » (1998) – déjà interprété par Ian McKellen, que de sa fiscale participation au diarrhéique vampirisme adolescent de « Twilight - chapitre final » (2011 & 2012).
Mais que ne ferait-on pas pour payer ses impôts ou, comme l’énonçaient à l’envie les géniaux Michel Galabru & Serrault du « Juge et l’assassin » et de « Mortelle randonnée », pour alimenter sa famille. Le très hypé Gus van Sant n’est-il pas en ce moment à Paris à la Cinémathèque pour proclamer partout qu’il aurait adoré filmer « Hunger Games » ?
Par désir artistique, besoin alimentaire ou nécessité d’éphèbes ?
La question se pose, comme il arrive parfois qu’on risque un doigt…
Alors, comment en vouloir au talentueux américain Bill Condon plus british que nature, d’avoir commis encore une fois un chef d’œuvre de subtilité?
Ou au génial Richard III, Macbeth et King Lear en personne de se commettre en Magneto, Gandalf ou aujourd’hui Mr. Holmes?
Et si on inversait la question ?
Et si contre Télérama, Les Inrockuptibles, les Cahiers du Cinéma, voire même l’excellent Positif et la néo-bourgeoisie française hype de gauche ou de droite encensant le théâtre contemporain et le 400e anniversaire de la mort du Christ de Stratford-upon-Avon, on partait d’un principe inverse ?
Et si les films de genre et certains blockbusters avaient du talent ?
Et si Shakespeare était mieux traité par les peinturlureurs de sang bleu que par les pisseurs d’Avignon ?
Dans « Mr. Holmes », le shakespearien Ian Mc Kellen est au meilleur de sa forme. Ce nouveau Laurence Olivier dépasse ici sa composition de « Richard III » de 1995 pour nous offrir deux extraordinaires Holmes de 58 et 93 ans, en bonne santé et parfaitement sénile.
Si vous n’êtes pas holmesiens et n’avez aucune connaissance du Canon, allez voir ce film d’une lenteur désespérante en songeant à vos parents, grands-parents, proches âgés,… se mourant en Alzheimer. Voyez les vivre et laissez-vous porter par une histoire apparemment limpide et insipide, mais où l’adrénaline s’avère néanmoins au final aussi vitale que l’imagination. C’est ce que va découvrir notre héros au terme d’une quête socio-spatio-temporelle le menant de Londres à Hiroshima, de 1947 à 1912, de ville à campagne, de bourgeoise en gouvernante… Un film bipolaire extrêmement bien écrit et réalisé en ce sens. Il aurait pu s’appeler :
Echappé de « Ringu », « Le dernier samourai », « Wolverine », « 47 Ronins »,… , Hiroyuki Sanada est formidable de sobriété, à l’instar de la toujours évidente actrice eastwodienne Laura Linney (« Les pleins pouvoirs », « Mystic River », et bientôt « Sully »). Elle compose ici un cœur simple que n’aurait pas renié Flaubert. Toute la distribution de ce film est d’ailleurs, comme à l’habitude pour les produits BBC, d’une extraordinaire justesse, avec une mention spéciale au jeune Milo Parker que l’on reverra en octobre dans le prochain Tim Burton : « Miss Peregrine et les enfants particuliers ».
** J’avoue ne pas l’avoir encore lu mais il existe un colloque de Cerisy de 2000 consacré aux rapports entre les œuvres de Conan Doyle et de Stevenson. Publié chez Terre de brume en 2003 :
Commentaires
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La série Sherlock de la BBC est en effet excellente.
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