Publié le Samedi 9 janvier 2016 à 10:00:00 par Cedric Gasperini
Balavoine(s) : Un album de reprises... ratées
J'ai les oreilles qui saignent
L'évènement musical français de ce début d'année est la sortie, hier, de l'album "hommage" à Daniel Balavoine. Hommage entre guillemets, vous le verrez dans la suite de cette critique.Pour ceux qui ont raté la sortie, séance de rattrapage ce soir avec une soirée souvenir sur TF1 : "Génération Balavoine, 30 ans déjà". Un beau titre à la con, puisque la plupart des artistes qui interprètent les chansons ne sont "Génération Balavoine" que dans leurs rêves et étaient soit à l'état de projet, soit à l'état de ruinage de couches lorsque le chanteur s'est éteint.
Daniel Balavoine, quoi qu'on en dise, était un grand chanteur. Une voix exceptionnelle. Et ses titres ont bercé notre - mon - enfance. Du moins celle de la Génération Années 80.
30 ans qu'il est parti, donc. Et pour raviver son souvenir, voilà que Capitol sort donc Balavoine(s), un album de reprises.
Bonne nouvelle : il s'agit de vraies réinterprétations pour la plupart, et non pas de simples interprétations. Mauvaise nouvelle, à vrai dire, à l'écoute du résultat, on se dit que de simples interprétation auraient été moins calamiteuses. Sans doute. Peut-être.
L'album s'ouvre pourtant sur une bonne surprise. Zaz, et Dieu sait si pourtant je ne suis pas spécialement fan de la chanteuse aux pieds nus, s'offre une jolie version de "Tous les cris de les S.O.S.". Sa voix élégamment éraillée est parfaite pour la chanson, ajoutant une tristesse et une fêlure qui se calquent idéalement aux paroles. L'arrangement est sobre, avec une belle envolée pour le refrain.
Et puis tout s'effondre. Zaho massacre Sauver l'amour, entre chanson "Dance" aux arrangements ethniques. Une version paresseuse et qui change un cri d'espoir en simple hit de boîte de nuit d'été sur la plage, façon DJ de campagne. Une horreur.
Nolwenn Leroy s'en sort plutôt bien avec une chanson plus confidentielle : "Un enfant assis attend la pluie". On lui reprochera peut-être d'en faire trop et la chanson aurait gagné en puissance et en force si elle avait été interprétée avec plus de gravité, mais globalement, ça peut passer.
Raphael a choisi lui aussi un titre méconnu : "Soulève-moi." Et c'est justement ce choix de chanson, particulièrement chiante, qu'on pourra lui reprocher. Arrangement minimal, voix feutrée... on n'accroche pas.
Marina Kaye prouve une nouvelle fois qu'elle a du coffre et de la voix avec sa version de "Only the best". La version anglaise de "S.O.S. d'un terrien en détresse". Tout aussi jeune et talentueuse soit-elle, elle ne fait ni oublier que les paroles de la version française sont quand même nettement plus parlantes, ni la version de Peter Kingsbery (Cock Robin) qui, lui, arrivait à aller chercher les notes hautes.
Ours, le fils d'Alain Souchon, choisi lui aussi une chanson méconnue. Ça commence du coup à faire beaucoup. "Si je suis fou" est gentilette et son arrangement sonne d'ailleurs comme une mignonne face B d'un disque de Souchon-Voulzy qu'on oublie tout de suite après l'avoir écoutée.
C'est ensuite au tour de "Partir avant les miens" que la voix dépressive de Bessa (inconnue au bataillon), noyée dans une mélodie "ambient-dance" massacre avec brio. Totalement indigeste et qui tape sur les nerfs.
Josef Salvat (inconnu également) s'offre "Pour la femme veuve qui s'éveille". Là encore, la voix proprette et l'arrangement transforment une chanson forte en simple titre de variétoche sans intérêt.
Christophe n'en finit plus de nous refaire ses "mots bleus" en espérant que ça va passer à tous les coups. Sa version de "Lucie". Il transforme cette petite ballade gentillette en chanson expérimentale chiante.
Au bord de l'apoplexie et avec les oreilles qui saignent, on est sauvé par Florent Pagny et "La vie ne m'apprend rien". Sobre. Une simple interprétation. Sans en faire trop. Plutôt fidèle à la version d'origine, avec quelques arrangements calqués, mais qui restent sobres et ne dénaturent pas sa base.
Tout aussi sympathiques soient les Cats on Trees, on ne retiendra pas leur version de "Aimer est plus fort que d'être aimé". Ce cri d'amour, fort et puissant, est transformé en petite chansonnette pour vierge prépubère, dénaturant totalement son propos.
Shy'm s'approprie "Vivre ou survivre". Une version assez fidèle à celle d'origine, avec quelques ajouts de synthé au niveau du refrain. Propre. Mais du coup, on préfèrera quand même la version de Daniel Balavoine, dont l'interprétation à fleur de peau est inégalable sur ce titre.
Damien Lauretta transforme "Quand on arrive en ville" en petite chanson douce. Du coup, les loubards bad boys dont parle la chanson se transforment en petits minets t-shirts moulants et shorts à petits culs. Ridicule.
Jenifer ne s'en sort pas mieux avec "Mon fils, ma bataille". Là encore, ce cri du coeur, cette faille profonde, cette douleur d'une séparation et d'un divorce, est transformé en mélange indigeste de variétoche et de chanson ethnique insipide. Une interprétation sans âme finit d'achèvement ce titre pourtant culte.
C'est à Fefe qu'a été confiée "L'Aziza". Une réorchestration reggae qui après plusieurs écoutes est plutôt intéressante au final. Moins de "Oh yoyo" ou de "Hé hé oh" auraient sans doute été plus appréciables. Mais ce changement de "couleur", passant de l'Afrique du Nord à l'Afrique Centrale est une bonne idée et n'est pas désagréable, de mon point de vue. Sans doute la plus grosse prise de risque artistique de cet album. On ne peut que le saluer.
Le calvaire est bientôt à son terme. Il faudra toutefois se taper Emmanuel Moire et "Le chanteur". Si son interprétation est plutôt bonne, on regrettera une orchestration plate, sans saveur, et qui là encore transforme ce cri déchirant en chanson de comédie musicale inintéressante.
Finalement, l'album se termine avec les petits cris incompréhensibles de Cleo pour "Dieu que l'amour est triste". Là encore, son interprétation transforme un cri déchirant en petite chanson douce type variétoche sans saveur.
Au final, donc, à part deux ou trois titres (sur 17, tout de même), cet album hommage est un véritable calvaire, dont le seul intérêt, finalement, est peut-être de nous donner envie de réécouter les titres originaux.
Une fois qu'on en sera remis.
A éviter à tout prix, donc.
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Enfin bref, tout ça pour dire que malgré adorer Balavoine, j'ai changé de chaine directement à l’écoute du massacre et perso, je déteste ZAZ, sa voix, et aussi tout ce qu’elle est: une hypocrite sans fond... (je ne veux pas du fric gna gna gna... mais je me fous sur un album de reprises ...)
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Ecrit par Cedric GasperiniJuste comme ça, j'adore ce qu'a fait Daniel en musique et au delà de ça, mais là, c'est un massacre pur et simple.
Qu'on aime ou pas, que ce soit lié à son enfance ou non, Balavoine, à le réécouter (ça faisait un sacré bout de temps que je ne l'avais pas fait), ça m'a permis de (re)découvrir un talent de parolier comme, malheureusement, on n'en fait plus aujourd'hui. Et on mesure à quel point les hits français actuels sont d'une pauvreté littéraire à faire pleurer.
Et quand je parlais de merde, je parlais de ce CD là, cette chose infâme sortie juste pour faire du fric et non pour rendre hommage.
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