Publié le Dimanche 16 août 2015 à 11:00:00 par Walid Hamadi

 

Le Gouvernement juge le marché de l'occasion "préjudiciable" à l'industrie du jeu vidéo

Ne vous attendez pas à une amélioration

Doit-on encore s’étonner des prises de position de ces gouvernements successifs qui semblent de plus en plus déconnectés de la population moyenne ? Cette semaine, c’est le Ministère de la Culture qui a fait trembler les joueurs français puisqu’il s’est clairement prononcé en défaveur de la vente de jeu d’occasion.

Dans une réponse à une très vieille question (novembre 2013 tout de même) du député socialiste Alain Rodet qui réclame "plus de transparence et un plus grand respect des droits des consommateurs" alors que les DRM empêchent trop souvent la revente de jeux entre particulier, le cabinet de Fleur Pellerin vient de répondre que… ben les éditeurs font ce qu’ils veulent parce que l’occasion et le piratage c’est du pareil au même : un manque à gagner. Alors le bas peuple il la ferme et il achète du neuf.

Bon les mots sont plutôt :

Dans le cadre de la lutte contre le piratage, et considérant que l'activité de revente de jeux physiques et du pluri-téléchargement des jeux en ligne est préjudiciable au développement de l'industrie et contrevient aux droits des éditeurs, les pouvoirs publics soutiennent ces initiatives.

OK… La réponse entière est à lire ici. Rassurez-vous, c’est très court et très clair. On retiendra que les DRM et l’obligation de lier un jeu vidéo à un compte ça marche parce que les habitudes des consommateurs auraient changé et que donc les créateurs français sont protégés. Tant mieux merci pour eux. Mais le droit de 99 % de la populace, il est protégé Madame la ministre ? Nous on demande ça pour savoir exactement ce qu’il nous reste après tout ça, parce que ça commence à se voir que la liberté recule.

A l’heure actuelle, aucun bien culturel ni même aucun autre bien mobilier tout court n’est interdit à la revente entre particuliers. Vous avez tous des comparaisons en tête à base de voitures, vêtements etc. Mais ici on parle de diffusion d’une œuvre culturelle. On parle d’un marché parallèle légal qui est essentiel à une grande partie de la population pour accéder à ce pan de la culture française et internationale. Rares sont les autres medias à coûter aussi cher et tout le monde reconnaît que les pratiques des gros éditeurs est un frein considérable au partage. Nous joueurs, y voyons une atteinte à nos droits, les multinationales, et donc le gouvernement aujourd’hui, y voient une sécurisation de leurs revenus.

Mais Fleur Pellerin veut nous rassurer dans la réponse à la polémique qui est en train de naître. Dans un tweet elle tente de calmer le débat (avec une faute grammaticale) : Pas d'inquiétude, il n'a jamais été question d'interdire la revente de jeux vidéos d'occasion telle qu'elle se pratique aujourd'hui !!!

Pas d'inquiétude, il n'a jamais été question d'interdire la revente de jeux vidéos d'occasion telle qu'elle se pratique aujourd'hui !!!

— Fleur Pellerin (@fleurpellerin) 14 Août 2015

Oui, il est évident qu’il sera dur de légiférer pour interdire la revente des supports physiques. Mais aucun mot sur une évolution de sa pensée. Rien pour se défendre de privilégier une minorité aisée à une majorité impuissante. Nous savons qu’il ne s’agit pas entièrement de gros éditeurs véreux ici, et que de petites entreprises veulent se lancer dans l’industrie en essayant de tirer le plus d’argent de leur travail. C’est leur droit total. Mais le marché de l’occasion n’est sûrement pas le responsable de la faillite de l’un ou des pertes de l’autre.

Allez-y, vous pouvez partager, c’est encore possible.