Publié le Dimanche 13 juillet 2014 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Ce n'est pas parce que je n'ai rien à dire que je dois fermer ma gueule

Oui, ok, on est dimanche, c’est l’heure de l’édito, en plus y’a plein de trucs à dire entre la Coupe du Monde, les anciens présidents mis en examen, les nouveaux présidents dont on sait qu’ils ne le seront jamais puisque pour l’être, encore faudrait-il qu’ils fassent quelque chose, la hausse estivale des cambriolages, les nageuses qui prennent leur retraite à 25 ans, les nageurs qui font leur coming-out à 30, les rythmes scolaires qui sont toujours une aberration économique, la Guerre dans le monde, le mariage forcé, les viols, la connerie humaine en général et surtout, oh oui surtout, la question qui intéresse tout le monde en cette période estivale et qui est au centre de toutes les conversations sur les plages : Julie Gayet prend-elle encore régulièrement son petit coup de bûchette Président ?

Car si regarder la télévision tout au long de l’année devrait vous suffire pour comprendre à quel point la société est décadente et le niveau intellectuel en chute libre, n’oubliez pas que les magazines People réalisent leurs records de vente chaque été. « Oui mais j’aime bien sur la plage, ça m’évite de réfléchir, c’est tout con, j’avoue, mais c’est juste sur la plage » se défend le touriste avec son torchon dans les mains. Moi je veux bien, hein. Mais la plage n’est-elle pas assez polluée physiquement pour ne pas en plus lui ramener de la merde intellectuellement parlant ?
Non mais excusez du peu. Tenez, retournez-vous sur l’Histoire. Prenons, par exemple, la France d’il y a 60 ans. Dans les années 50. L’Abbé Pierre se mobilise pour les sans-abris en 1954. En 1956, Albert Camus publie La Chute. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir font de la philosophie un art contemporain. Les évènements « People » sont marqués par le mariage de Grace Kelly avec le Prince de Monaco…
Quelques 60 ans après, de nos jours, les livres qui cartonnent sont les réflexions ras-du-sol de Nabilla, les magazines les plus vendus sont des torchons People, et on se régale devant « Les Ch’tis à Pétaouchnok » à la télévision. Pire. Pour les sans-abris et les défavorisés, on est chaque année obligés de se taper le disque des Restos du Cœur. Y’aurait pas, comme dirait l’autre, une sacrée perte de niveau intellectuel, dites ?

Alors ne me prêtez pas des mots que je n’ai pas prononcés. Je n’ai jamais dit que « c’était mieux avant ». Même si, quelque part, entre violence et décadence, entre prestance gouvernementale et crise économique, on peut sans doute faire une exception sur notre période actuelle et prononcer effectivement ces mots. Mais là n’est pas la question. Il faut vivre avec son temps. Il faut faire avec ce que l’on a et ne pas vivre dans le passé à se morfondre des jours heureux. Les jours heureux, c’est aussi à nous de les écrire. A nous de les provoquer. Et ce n’est pas en chialant qu’on va y arriver. Il serait donc de bon ton de commencer à arrêter. Arrêter d’être con. Arrêter d’avoir un QI de moule avariée. Arrêter de faire n’importe quoi. Arrêter de voter pour n’importe qui. Arrêter de rejeter la faute sur les autres. Se remuer le cul, quoi.
On devrait créer un permis de mettre des baffes dans la gueule. Après enquête sur tes habitudes de vie, de consommateur, de conduite, de pensée… hop, on te délivre un permis de mettre des baffes dans la gueule. Une vieille achète un magazine People ? Baffe dans la gueule. Tu entends un mec dire que c’est la faute aux arabes ? Baffe dans la gueule. Et mets-en une autre pour la faute de français. Une fonctionnaire qui te demande ta pièce d’identité quand tu viens la refaire parce que tu l’as perdue ? Baffe dans la gueule. Un routier, même s’il n’a rien fait ? Baffe dans la gueule. Parce qu’en plus c’est faux. Il y a autant de routiers innocents que de bouchers végétariens.
La culture de la baffe dans la gueule se perd. Et c’est bien dommage. Quant à ceux persuadés que la violence ne résout rien, peut-être, mais au moins ça soulage. Et elle peut permettre d’éduquer. Je préfère la carrure et le caractère d’un Ventura ou d’un Gabin plutôt qu’un Pattinson ou un Efron. Chacun son truc.

Enfin bref. Je me suis un peu égaré, là. A la base, je voulais simplement vous dire que j’ai des (gros) travaux à faire chez moi et que je n’ai pas le temps d’écrire mon édito. Que la seule pensée qui me vienne quand on évoque devant moi ceux qui sont déjà partis en vacances et se tapent un temps d’automne, c’est : « ha ha ha ». Et que si les gens étaient globalement moins cons, peut-être que le soleil brillerait un peu plus. Du moins virtuellement.

Sur ce, je vous laisse à votre médiocrité et je retourne à mon génie.

Permettez, hein, ça fait du bien de temps en temps de s’auto-congratuler. Parce que sinon, personne ne le fera à votre place. Surtout vous, d’ailleurs. Alors essayez pour voir, vous verrez, vous vous sentirez mieux.
Ah, et petit message à mon pote dont je préfère taire le nom pour ne pas porter préjudice à son intégrité morale : non, ce n’est pas en me racontant que tu te balades chez toi à poil en string avec la ficelle tendue qui disparait dans ton quintal postérieur que je me mettrai à parler de toi dans mes éditos. Hein Olivier Humara ?