Publié le Lundi 10 juin 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

E3 2013 : Le Carnet de bord, Jour 1 : Dimanche 9 juin

L'E3, vu de l'intérieur

Chaque jour, vivez l'E3 vu de l'intérieur...




06h30
Le réveil sonne. Un dimanche. A 6h30. C'est dur. Je l'éteinds rapidement et je me lève discrètement sans faire de bruit. En sortant de la chambre, je m'explose le petit doigt de pied sur la porte. Je quitte la pièce à cloche-pied, en jurant, et en maudissant l'inventeur des portes jusqu'à la huit centième génération.

06h31
Ma femme me souhaite un bon voyage et me dit qu'elle m'aime. Plus précisément, elle me dit que "Tu ne peux pas te lever sans réveiller toute la maison en faisant un bruit d'enfer ? Il est 6h30 du matin, un dimanche, t'es vraiment qu'un gros con, casse-toi, j'aurais mieux fait d'écouter ma mère et ne jamais t'épouser, je te hais."

06h33
Je vais secouer en douce mes filles pour leur dire au revoir et je leur murmure que "maman est déjà révéillée, elle sera ravie que vous alliez jouer avec elle dans la chambre.

07h25
Je pars avec dix minutes de retard sur mon planning. Dix minutes où j'ai pris le temps de regarder le prix du parking à Roissy Charles de Gaulle pour 4 jours et demi. Nous sommes dimanche, mon banquier ne travaille pas, lui, et ne peut donc pas me dire si je peux prendre une hypothèque.

07h33
Je téléphone à Sylvain, notre spécialiste cinéma, sur la route.
« Allo Sylvain ? Je te réveille ? Ce n'est pas grave, moi je suis déjà debout. Non, non, je te rassure, tu ne me déranges pas, vu que c'est moi qui t'appelle. Au contraire. C'est pour te demander, tu vis toujours dans ton bled pourri à 10 min de l'aéroport ? Bien. J'arrive. Je laisse ma voiture dans ton parking pour plusieurs jours et tu me déposes pour mon vol. Sois à l'heure et prêt à partir, j'ai horreur d'attendre. »

08h20
J'arrive chez Sylvain et lui explique que non, je n'ai pas envie de visiter son appart', qu'on n'est pas intimes, qu'il a juste à mettre ma valise dans le coffre et démarrer la voiture.

08h45
Après s'être trompé de route et sorti la piètre excuse du « mais tu as vu, il y avait des travaux, la route était coupée, j'ai dû faire un détour », Sylvain me dépose enfin à Charles de Gaule, où Chloé, l'attachée de presse en charge d'Activision, m'attend, ainsi que 5-6 autres journalistes.

09h33
Après un petit moment de flippe, je retourne au comptoir d'embarquement voir si je n'y ai pas oublié mon passeport. Le type qui a procédé à mon enregistrement s'excuse platement de ne pas avoir quitté son siège pour me courir après afin de me le rendre. Il me le tend, les larmes aux yeux, et me promets de ne plus jamais faire preuve d'autant de négligence. Je suis dans un bon jour, jje relâche la pression sur son entrejambes et repars fièrement avec mon passeport, tout en lançant un « salut les gars » aux militaires armés de FAMAS qui me regardent d'un sale oeil.

11h30
L'avion décolle. Enfin. Ou déjà. C'est selon le point de vue dans lequel on se trouve. Je déteste Activision. Je déteste l'attachée de presse. Je déteste le monde entier. Je déteste surtout l'avion, tout simplement.

12h30
Le décollage s'est finalement bien passé. Le plateau-repas est plutôt bon. Les hôtesses sont charmantes. Les Stewarts aussi. Les sièges sont assez confortables. Air Tahiti, c'est plutôt pas mal au final.

15h30
Je me dis qu'il faudrait peut-être que je marche un peu pour me dégourdir un peu les jambes.

15h43
Un stewart vient me demander si je peux arrêter de courir dans les allées en chantant du Rihanna.

17h01
C'est long.

17h21
C'est long.

17h41
C'est toujours long.

18h01
Bon sang ce que c'est long.

18h21
Je vais frapper à la cabine du pilote pour lui dire que c'est trop long.

18h23
Le pilote annonce que l'on aura 30 minutes d'avance sur l'horaire.

19h00
Il est en fait 10h du matin.

10h
Il est chez vous 19h.

13h55
L'atterrissage est brutal, mais au moins, nous sommes tous vivants. Enfin surtout moi. Les autres m'importent peu. Nous avons 35 minutes d'avance sur l'horaire.

14h10
Contrôle d'identité à la douane.

14h20
Récupération des bagages.

14h30
Un douanier américain me fait sortir de la file...

14h31
Après avoir jeté un bref coup d'oeil à mon passeport, il... me souhaite un bon séjour et me laisse partir. Je suis passé devant tout le monde, sans savoir pourquoi. J'ai peut-être échappé à une fouille à grands renforts de gants en plastique sans le savoir.

15h30
Nous arrivons à l'hôtel. Ma chambre est à 5 minutes à pieds dans un bâtiment annexe. On nous y emmène en voiture parce que « la pente est raide », dixit le concierge.

15h35
J'ai oublié mon appareil photo à la réception. Je repars donc. A pieds. La descente est facile.

15h45
La pente est raide. Il avait raison le concierge.

16h
Il est 1h du mat' en France. Je prends une douche. Enfin.

16h15
Ce moment d'intense solitude où il fait 30 degrés dehors et où tu te rends compte que tu as oublié ton déodorant.
16h20
Ce moment de joie où tu retrouves ton déodorant jeté négligemment le matin dans une poche de ta valise.

17h45
Arrivée à l'E3 à la bourre en raison d'un taxi qui n'est pas venu. Un quart d'heure pour récupérer son accréditation et s'enregistrer à la conférence Sony du lendemain.

19h30
Il est quatre heures trente du matin en France, et nous dînons dans un restaurant branché au son d'un groupe electro-jazz. Tout le monde fanfaronne et raconte ses anecdotes du métier.

20h05
Un à un, les journalistes piquent du nez dans leurs assiettes.

22h
Retour pénible à l'hôtel, en luttant contre un forcené pour ne pas s'endormir dans le taxi et se retrouver le lendemain en pleine forêt ligoté et livré aux petits frères de Massacrfe à la tronçonneuse.

22h30
Je meurs de sommeil. Demain est une autre histoire. Il est 07h30 en France.