Publié le Mardi 11 mai 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
La lumière est au bout du tunnel
Alan Wake est un célèbre écrivain. Ses romans fantastiques cartonnent un peu partout dans le monde. Seul petit souci : son agent attend son prochain chef d’œuvre de pied ferme… mais l’inspiration ne vient pas. Alan est déprimé, sur les nerfs, et vit de manière intense la fameuse crise de la page blanche.
Il est même en train de perdre sa planche de salut. La seule personne qui lui permet de se raccrocher à la réalité : Alice. Sa femme.
Dans un dernier effort, il accepte de passer quelques jours à Bright Falls, un petit bled paumé, dans une maison isolée sur une petite île du fameux lac Cauldron.
Mais ses vacances vont se transformer en véritable cauchemar…
Arrivé dans la maison, Alan se dispute avec sa femme : cette dernière a pris contact avec un docteur spécialisé dans les soins pour artistes ayant une interruption de leur processus de création. Pire : elle a apporté la machine à écrire d’Alan en espérant le voir se remettre à écrire.
Le ton monte. Alan est furieux. Il claque la porte et va faire un tour dans le jardin.
Et tout à coup, il entend sa femme appeler à l’aide. Elle semble terrifiée. Alan court. Il se précipite dans la maison. Elle est vide. Il sort par la porte de derrière. Et là, dans l’eau, il croit apercevoir Alice. Alice en train de sombrer dans les eaux noires du lac. Il ne réfléchit pas. Il plonge.
Alan se réveille au volant de sa voiture. Il vient d’avoir un accident. Que s’est-il passé ? Il n’a aucun souvenir. Une semaine s’est écoulée depuis qu’il est arrivé à Bright Falls. Et Alice a disparu… Au loin, Alan voit une station service. Il va traverser la forêt pour aller y demander de l’aide. Et c’est là qu’il est attaqué par des ombres. Des bûcherons vaporeux armés de haches ou de faucilles, et qui veulent le tuer. Rapidement, Alan va se rendre compte qu’il peut les éliminer. Il suffit de les affaiblir grâce à la lumière d’une torche, et ensuite de leur tirer dessus avec une arme.
Blessé, Alan peut se ressourcer auprès de sources lumineuses, comme les lampadaires. Il trouvera aussi, régulièrement, sur son chemin, des armes : pistolet, fusil, pistolet d’alarme, grenades incapacitantes, feux de détresse… et ne cessera de s’interroger sur le fait que tant d’équipement pour lutter contre ces monstres soit disséminé un peu partout…
Quoi qu’il en soit, Alan va devoir lutter contre les ténèbres. Comme par exemple contre ces objets qui se précipitent vers lui, comme si une entité maléfique douée en télékinésie cherchait à l’éliminer. Et là encore, la lumière sera sa meilleure arme.
Alan Wake devrait se souvenir longtemps de ses vacances à Bright Falls. Il va parcourir la forêt, la montage, des cavernes, la ville également, se rendre dans des fermes, des maisons isolées… tout cela à la recherche de la vérité. A la recherche d’Alice, aussi, qui est peut-être toujours vivante… du moins c’est ce que prétend son ravisseur... Mais le plus étrange, ce sont ces pages. Ces pages de roman que semble avoir écrit Alan et qui sont disséminées partout sur le chemin, et parfois dans des endroits cachés. Alan va y lire les évènements passés, présents… mais aussi futurs. Le roman de son aventure y est intégralement inscrit.
Les nuits d’Alan seront donc mouvementées. Ses journées également. Entre la Police qui s’interroge sur son comportement, les mystérieuses disparitions, le FBI qui s’en mêle, les personnes au comportement troublant…
Vous l’aurez compris : Alan Wake, jeu de survival-horror, est doté d’un vrai scénario, où tout aura tôt ou tard une explication. Un jeu recherché, donc, qui va vous tenir en haleine du début à la fin, vous faire vous poser de nombreuses questions et chercher de nombreuses réponses. Certaines seront étonnantes. D’autres assez convenues. Mais, même si au final, ce n’est pas non plus une histoire incroyable, démentielle et totalement originale, le scénario d’Alan Wake a le mérite de maintenir un excellent rythme, de mélanger les pistes, distiller les informations et, finalement, vous pousser à aller toujours plus loin pour savoir. Une vraie réussite, donc.
L’autre gros atout du jeu est sa beauté. Alan Wake est une petite tuerie. Les décors sont à tomber. Une merveille. Que vous soyez dans la forêt, dans la montagne ou dans la ville, une multitude de détails vient donner vie à un environnement d’une qualité exceptionnelle. Ajoutez des effets d’ombre et de lumière particulièrement réussis et vous aurez peut-être le plus beau jeu jamais sorti sur Xbox 360.
Chapitré en épisodes, à la manière d’une série TV, Alan Wake s’offre également d’excellents doublages français (on reconnaîtra même, en la personne de l’agent d’Alan, le doubleur de Sam Gamegie dans le film Le Seigneur des Anneaux) et une ambiance sonore tout bonnement parfaite. A noter la musique, également, plutôt réussie.
Bref, Alan Wake est un jeu pro. Qui a bénéficié d’un développement soigneux.
Le jeu est également facile à prendre en mains. Qu’il s’agisse de viser, tirer, se déplacer, prendre un objet… on regrettera tout de même une caméra parfois capricieuse ou mal placée, et le fait que le bouton d’esquive soit le même que celui de la course. Ça, c’est un peu crétin.
Alan Wake aurait pu être le jeu parfait. Une expérience fabuleuse. Une plongée monumentale dans l’horreur et l’angoisse. Malheureusement, il souffre de quelques petits défauts qu’il convient de mettre en lumière. Et le plus gros d’entre eux est, sans conteste, sa totale répétitivité. De vos premiers pas à votre dernière mission, le jeu sera le même. Lampe, arme, ombres. On oubliera les rares et, heureusement, courts passages à conduire une voiture, qui n’apportent vraiment rien. Il y a bien quelques fois où vous devrez survivre sans équipement, ou d’autres où vous êtes accompagné d’autres personnages, mais globalement, le jeu se limite à ça : affaiblir des ombres avec votre lampe et les shooter avec votre arme, quelle qu’elle soit.
Pour autant, qu’on ne s’y trompe pas : même si un certain effet de lassitude se fait parfois ressentir, le jeu est suffisamment bien rythmé et suffisamment passionnant pour qu’il ne soit que très léger et qu’on arrive à passer outre. Largement.
On parlera aussi de quelques bugs. De collision, certes, mais pas seulement. Se retrouver coincé derrière une barrière sur une corniche, sans pouvoir la ressauter pour revenir sur le chemin est assez agaçant. Et globalement, alliant les performances physiques pitoyables d’Alan (incapable de grimper sur une barrière ou de sauter un banc), avec des endroits « accessibles mais si vous y allez vous resterez coincé », le jeu offre parfois quelques moments plutôt frustrants.
Là encore, cette frustration est à relativiser : les points de sauvegardes sont nombreux et rapprochés. Si vous devez relancer une partie, vous n’aurez donc quasiment rien perdu. Ensuite, pour se retrouver bloqué, il faut vraiment vouloir faire de l’exploration et aller dans des recoins franchement inhospitaliers.
Enfin, et dernière petit critique, le jeu n’est en rien effrayant. C’est un survival-horror très léger. Pas de sang, pas de suspens, pas de frayeurs, pas de cris d’angoisse.
Pourtant, au final, Alan Wake est un excellent jeu. Ses défauts n’arrivent pas à la cheville de ses qualités. Une histoire passionnante, des personnages intéressants, un excellent rythme, une belle claque visuelle, une belle durée de vie pour ce type de jeu (10-12 heures)… Si vous aimez le genre, c’est carrément un indispensable. Dans le cas contraire, jetez-y quand même un œil : vous pourriez être très agréablement surpris. Ce fut mon cas.