L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 8 juin 2025 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Eco-irresponsable

imageJe ne suis pas spécialement ce que l’on peut appeler un exemple en termes d’écologie. Je pense même que si la planète en avait la possibilité, elle m’assénerait un petit tsunami sur le coin de la gueule ou une tornade ciblée sur ma baraque. 
Je me demande aussi, à bien y réfléchir, si ces allergies annuelles ne sont pas un message, une mise en garde, un petit taquet derrière la nuque pour me dire « arrête de déconner et achète-toi des tongs tressées à la main par une communauté hippie située près de chez toi ».

Il y aurait donc sans doute à redire sur le nombre d’appareils électriques qui finiront leur vie dans un tiroir, du nombre d’écrans comparable à celui d’un centre de surveillance d’une grande ville ou de certains achats compulsifs dont l’empreinte carbone ferait mourir d’apoplexie toute une famille de dauphins mignons. 

Mais je fais des efforts. Je m’astreints à des petits gestes quotidiens pour faire évoluer les choses. Je trie au mieux mes poubelles. J’essaie d’inonder le marché de la seconde main plutôt que de jeter, je saigne mes smartphones jusqu’à l’agonie avant d’en acheter un neuf et je privilégie même, quand c’est possible, les circuits courts. 
Alors bon, vous me pardonnerez bien quelques écarts. En plus, entre nous, je déteste les dauphins, même mignons. 

imageJ’ai aussi, et c’est sans doute mon plus lourd engagement à respecter au quotidien, décidé de bannir de mon alimentation – et au passage de celui de toute ma famille – l’huile de palme. Pour sa nocivité pour la santé humaine autant que pour celle de la planète. Mon amour des orangs-outans (dont on peut trouver l’origine dans les œuvres de Terry Pratchett) dont l’habitat est saccagé par la culture des palmiers y étant pour beaucoup. C’est une petite croisade, dérisoire, tant cette saloperie alimentaire a envahi nos produits depuis plusieurs années, mais c’est ma croisade. Qu’au passage, personne ne respecte puisque même mes proches continuent de m’offrir des produits qui en contiennent, preuve qu’eux n’en ont strictement rien à branler des orangs-outans. Et de mes convictions non plus.

Bref, à mon échelle, j’essaie de faire quelques petits gestes quotidiennement pour la planète et de toujours privilégier les solutions les plus écologiques dans mes choix de vie. C’est peut-être dérisoire, peut-être un peu ridicule, comme une impression de pisser dans un violon, mais je fais partie de ces gens qui se disent qu’à force de faire tous ces efforts, même minimes, peut-être que ça convaincra d’autres personnes d’en faire autant et, à la fin, on pourra peut-être monter un orchestre, histoire de faire plus de bruit.

imageEn attendant, je reste totalement et pleinement consterné par mes dernières discussions avec mes neveux et nièces, avec les amis de mes gamines, avec les enfants d’amis et j’en passe. Plus ça va, plus je me rends compte que la majorité, voire la très grande majorité de la nouvelle génération d’adultes ou d’adultes en devenir n’en ont rien, mais alors rien à foutre de l’écologie. Ils ne mettront jamais le miaulement d’un lionceau agonisant se mettre entre eux et une grosse tartine de Nutella ni le risque de disparition d’une ruche les empêcher de commander, parfois à l’unité, des fringues sur Shein. Et le nouvel iPhone annuel, il leur faut. Absolument. Ça tient de leur survie sociale.

Alors oui, j’en ai rencontré, aussi, certains très préoccupés par les problématiques écologiques et qui s’engagent de manière importante dans des causes destinées à, si ce n’est sauver, au moins aider un peu la planète à mieux respirer. 
Mais c’est une minorité tellement négligeable dans son nombre que le constat reste, globalement, assez affolant.

Et ça me frustre. Terriblement. Vous n’imaginez pas à quel point je suis frustré. 

Vous êtes là à expliquer à un gamin que sa génération est celle qui a en charge le sauvetage de la planète, qu’elle doit être moteur pour changer définitivement les choses, un changement amorcé, certes mollement, mais amorcé quand même par ma génération, que le terme éco-responsable ne doit plus être un gros mot mais une conduite de vie, bref, qu’il doit se montrer encore plus irréprochable que nous l’avons été et lui… vous regarde avec ses yeux de bœuf anémié et refuse strictement de remettre en cause ses choix de vie si ça l’empêche d’acheter ce dont il a envie, là, tout de suite, et tant pis si c’est commandé sur une boutique située à l’autre bout de la planète, que ça arrive en avion-cargo et que ça shlingue tellement le produit chimique qu’il ne le mettra finalement pas. Pire. J’en connais, et un bon paquet, qui ne prennent pas le temps de simplement… trier leurs déchets.

imageC’est frustrant. Terriblement frustrant. Parce que j’ai une formidable envie de leur décocher une grande baffe dans la gueule. Mais comme c’est la famille ou les gamins d’amis proches, ben ça ferait des histoires, on m’engueulerait encore, on m’accuserait de tous les maux alors que, merde, c’est quand même eux qu’ont commencé, nan ?

Je déclare donc le monde irrémédiablement foutu. 

Et dire qu’on continue à me reprendre quand je parle de cette nouvelle génération comme une génération de p’tits cons mal éduqués avec un QI d’américain moyen. Ou de moule, si vous préférez. Ce qui revient grosso modo au même. Et ce qui prouve qu’on ne vaut pas mieux que les abrutis situés de part et d’autre des océans.

M’en fous. Je continuerai quand même de pisser dans un violon, On ne sait jamais, peut-être qu’un jour il en sortira de la musique. 

Sur ce, je m’en vais planter un arbre.

Smiley bisou. Cœur. Cœur. Aubergine.

 

 
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