L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 9 février 2025 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Je suis colère

imageCette semaine, il ne faut pas m’approcher. Je suis colère. Pas bougon, pas râleur, pas ours comme d’habitude, mais colère. Y’a trop de choses qui me gonflent parmi mes concitoyens pour laisser éclater ma joie, youkaïdi youkaïda, gambader dans les bois en tutu rose en chantant des chansons pour pré-adolescente. Et puis d’abord, j’suis pas une pré-adolescente. Et j’ai pas de tutu.

J’suis colère et je me dis qu’il y a des baffes qui se perdent. Gnagnagni patata, la violence, c’est mal, c’est l’arme des faibles et patati et gnagnagna. N’empêche qu’une bonne mornifle dans les gencives, ça remettrait la tête à l’endroit de pas mal de crétins et peut-être que le monde serait alors moins con. Peut-être qu’il réfléchirait à deux fois avant de parler ou d’agir, de peur de se faire corriger à la phalange. Et des fois, je me dis que ce ne serait pas plus mal. C’est bien simple, plus je connais mes concitoyens, plus j’aime les dictateurs. Plus je les fréquente, plus j’suis en phase avec l’idée même d’une épuration éthique (notez bien l’absence de n, mais la présence de haine). Plus je me mêle à eux, plus je m’inscris dans l’idée d’un crime pour l’Humanité, et non pas contre.

Mardi, le trajet en train avait commencé bizarrement. Une pauvre vieille dont l’esprit s’était égaré depuis bien longtemps déjà passait son temps à arpenter le wagon et insulter toutes les personnes présentes, une à une. A chaque fois qu’elle arrivait face à moi, assis sur le dernier siège, elle ouvrait la bouche, semblait chercher ses mots et repartait sans rien m’avoir dit, insulter à nouveau les passagers. C’était triste et émouvant à la fois, mais j’avoue avoir été singulièrement vexé de ne pas avoir eu moi aussi droit à un quelconque « connard » ou « grosse pute » qu’elle envoyait pourtant avec véhémence.

imageEt puis, quelques arrêts plus tard, une femme, la cinquantaine bien tassée, bon chic bon genre, est entrée dans le wagon pour s’assoir en face de moi. L’odeur de cigarette était tellement forte et insupportable que j’ai eu un mouvement naturel de recul, comme pour me protéger de l’agression olfactive, et me suis ensuite enfoncé le nez dans le col de mon manteau pour faire barrière aux effluves nauséabondes de tabac froid.
Je n’ai rien dit. J’aurais pu faire la réflexion que, quand on a un peu de classe et de savoir-vivre, on évite aux autres cette puanteur, mais je me suis tu. Parce qu’après tout, si certains manquent d’éducation, il m’en reste encore un peu pour ne pas faire d’esclandre pour si peu, alors que je quittais la rame dans trois ou quatre arrêts.
Seulement cette dame s’est rendu compte de ma réaction physique et en a été vexée. Elle m’a demandé s’il y avait un problème et si son odeur ne me plaisait pas, de manière assez agressive. Là encore, je suis resté calme et poli, soulignant que l’odeur de tabac était forte et pas très agréable. J’ai récolté un « si vous n’êtes pas content, vous n’avez qu’à pas prendre les transports en commun », avant que, triomphante, elle ne se plonge dans les premières pages d’un livre policier.

Putain. Quel toupet. Je n’ai rien dit. Non seulement elle m’agresse olfactivement mais en plus, elle se permet de m’agresser verbalement. Quel putain de manque de savoir-vivre. Quel putain de manque de civisme et d’éducation.
J’ai gardé mon éducation pour moi et n’ai rien répondu. Je suis juste allé regarder sur Internet de quoi parlait son bouquin et, quand j’ai quitté le wagon pour descendre du train, je lui ai lancé un « votre bouquin, là. L’assassin c’est le boulanger ».

Petite vengeance mesquine, certes. Mais qui fait du bien quand même.

imageBref, je suis colère, cette semaine. Et pas seulement à cause de cette affaire. La jeune génération m’exaspère à chouiner sans cesse, mais à se comporter comme des gamins gâtés pourris. Et ça chouine parce que la planète part en vrille. Mais ça continue quand même de commander sur Shein (1er site de vente en ligne de vêtements en France). Et de vouloir le nouvel iPhone chaque année. Et ça chouine quand on fait une vanne politiquement incorrecte (ça va même se plaindre en haut lieu. Si, si). Mais ça passe son temps à torturer, violer ou buter tout ce qui bouge sur GTA. Et ça chouine quand on les vanne, parce que tu comprends, c’est une atteinte à leur être et leur image. Mais ça passe son temps à critiquer tout et tout le monde à tout bout de champ.

Ces adeptes du « on n’a pas le droit » doublé d’un « nous on fait, mais tu comprends, c’est pas pareil » m’exaspère au plus haut point. C’est là que je me rends compte à quel point je suis devenu vieux. Et à quel point j’en suis ravi.

Et ne me sortez pas vos grandes tirades de « faut pas faire une généralité ». Les petites pousses bien ordonnées n’ont jamais réussi à cacher la forêt de trous du cul qui est derrière.

Je suis colère. Ça ira mieux la semaine prochaine.

Ou pas.

Smiley doigt d’honneur. Aubergine. Pêche. Smiley qui a mal. Smiley qui pleure.

 

 
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