Publié le Dimanche 22 septembre 2024 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Cedric l’orang-outan

On me faisait remarquer, il y a peu, que je ne commente plus trop l’actualité dans mes éditos et que c’est dommage parce que c’était « marrant ».

J’avoue l’avoir mal pris parce que d’une part, je ne suis pas un gars marrant et supposer que mes avis et commentaires sur ce qu’il se passe dans le monde ne sont pas sérieux est blessant, et d’autre part, j’ai justement récemment évoqué divers événements récents, que ce soit directement (comme les JO) ou indirectement en m’inspirant de ce qui se déroule dans le monde.

Et puis mince, y’a pas marqué « Journal TV » ici.

Oui, ok, je me rends compte que cette dernière phrase tombe un peu à l’eau sans l’image… Parce que là, vous ne m’avez pas en train de montrer mon front. Notez au passage que vu sa dégarniture (j’invente les mots que je veux), on aurait de quoi écrire Journal TV, certes, mais aussi le sommaire, voire les prévisions météo.

Alors oui, je pourrais vous donner mon sentiment et mes réflexions sur l’actualité hebdomadaire. M’élever peu à peu dans les hautes sphères des grands penseurs. Devenir au fil de mes réparties et mes analyses à la profondeur abyssale, une sorte de guide. Une sorte de référence intellectuelle moderne. Une sorte de Grand Philosophe. Notez les majuscules.
Moi. Cedric le philosophe.
Il faudrait alors me trouver un surnom. Comme Socrate le taon (en raison de ses positions piquantes sur la scène politique), comme Platon le large (non pas qu’il bouffait trop, mais il était « large d’épaules ») ou encore Aristote le Stagirite (parce qu’il était… né à Stagire).

Mais de quel surnom m’affubler ?

Un nom d’animal ? Cedric l’orang-outan ? Je ne suis pas assez roux ni poilu. Cedric le lion ? Je n’ai pas la chevelure adéquate. Cedric le cheval ? Me grimper dessus, ça dépend déjà qui, mais je vous déconseille fortement d’essayer la cravache. Cedric le Castor ? La queue n’est pas assez plate chez moi. Cedric le Crocodile ? Déjà pris par la mode. Cedric l’éléphant ? Je n’en ai pas les oreilles. Cedric le loup ? Pas assez fédérateur et voilà bien longtemps que j’ai arrêté de gueuler à poil dans les bois les nuits de pleine lune. Non, franchement, on va faire taire mon côté animal, du moins pour le surnom…

Cedric l’alcoolique ? Ça le fait moyen pour un philosophe. Cedric le fou ? Ça n’a pas réussi à Pierrot.   Cedric le Grand ? Je suis loin de l’être et laissons de toute manière ça à Alexandre…

Non, je vous dis, c’est trop compliqué de me trouver un surnom. Donc difficile dans ces conditions de devenir philosophe. Et puis de toute manière, la toge et les sandales, c’est hors de question. Et puis, pour évoquer une autre tradition de la philosophie, si j’étais attiré par les petits garçons, j’aurais plutôt embrassé une carrière dans les ordres.

Et puis entre nous, n’y a-t-il pas suffisamment de philosophes autoproclamés sur le net ? De grands penseurs qui l’ouvrent sur tout et n’importe quoi, déversant leurs grandes réflexions comme autant de courants dysentériques, ralliant à leurs points de vue les masses bêlantes de braillards qui ne pensent plus par eux-mêmes tout en étant persuadés d’être le haut du panier en matière d’intelligence humaine ?

Chacun s’improvise, au gré de ses saillies insipides, guide, référant, mais surtout juge et bourreau, nous plongeant irrémédiablement dans un siècle d’obscurantisme crasse et répugnant.

Alors plutôt que de me hisser sur mon rocher et de porter la bonne parole au vent, je me contenterai d’une vie à la Sisyphe.

Smiley bisou. Cœur. Cœur. Aubergine.