L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 19 mai 2024 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Arrestation

imageMême si j’ai toujours gardé le flou quant à mes diverses expériences – lointaines ou récentes – avec la justice, je ne les ai jamais, pour autant, tues.
Et s’il n’est pas toujours aisé de démêler le vrai du faux de mes divagations éditoriales, dites-vous qu’il y a plus de vrai que vous ne pourriez l’imaginer ou même le concevoir.

Reste que, tout aussi conséquent – mais toujours flou – soit mon passé judiciaire, je me suis retrouvé entre les mains des gendarmes cette semaine.

Petit rappel des faits.

Vous êtes sans doute au courant, si vous suivez ces éditos depuis longtemps, que je dispense mon insondable savoir et partage mon incommensurable expérience à quelques jeunes agneaux désireux d’embrasser une carrière dans le jeu vidéo, dans une école valenciennoise.
J’y étais, cette semaine, et m’y étais rendu en voiture depuis mon domicile francilien.
Ce qu’il y a de pratique, à Valenciennes, c’est qu’une des pompes à essence est située juste en face d’une pépinière. Au printemps, surtout – mais pas uniquement – j’aime, lorsque je vais faire le plein de ma voiture, passer flâner au milieu des plantes dans l’espoir d’y trouver de nouvelles inspirations. Et je ne manque jamais de ramener quelques pots que je m’appliquerai systématiquement à faire crever dans les semaines à venir par, au choix, négligence ou idée à la con du genre planter des pousses de salades au milieu d’une colonie de limaces.

Cette semaine, donc, ça n’a pas raté. Je me suis laissé tenter par des pousses de potimarron (malgré trois échecs passés, je persévère), des salades (faut bien les nourrir, ces petites limaces) et un groseiller, puisque les deux que j’ai déjà plantés ont, pour l’un, été étouffé par les framboisiers tandis que l’autre a lamentablement crevé pour une raison totalement inconnue, même si j’ai tendance à penser que son implantation plein sud, en plein soleil, n’est sans doute pas étranger à sa lente agonie.

imageEn sortant du parking, j’ai dû attendre un peu en raison du flux important de voitures qui m’empêchait de m’engager sur la route. Juste en face de moi, une voiture de la gendarmerie, garée sur le bas-côté, avec autour 4 gendarmes lourdement armés qui scrutaient les conducteurs.

Et l’un d’entre eux s’est mis à me regarder fixement, avec un air patibulaire. Pour ne pas jouer les petits Mickey (normal, avec Patibulaire…), je me suis mis moi aussi à le regarder d’un air sévère, mâchoire crispée tendance « hé, même pas peur ». Parfaitement. C’est qui le bonhomme, hein ?

Ça n’a pas manqué. Je me suis fait contrôler…

C’est dans ces moments-là qu’on se félicite d’avoir passé son contrôle technique trois semaines auparavant alors qu’on avait 6 mois de retard.

« Bonjour, Gendarmerie Nationale. Coupez le contact s’il vous plaît. Présentez-moi les papiers du véhicules et votre permis de conduire ».

Et le gendarme patibulaire d’aller faire le tour de ma voiture, regarder les plaques, les vignettes d’assurance et du contrôle technique, avant de revenir me parler, l’air un peu chagriné toutefois qu’il n’y ait rien d’anormal ou de périmé à sanctionner. Il n’a pas lâché son fusil de tout le contrôle, tandis que ses collègues me fixaient, prêts à me défoncer au calibre 5,56mm.

Il a alors repris la conversation :
« Vous savez pourquoi je vous arrête ? »
« Parce que je ne vous ai pas souri ? »

imagePour le coup, ça ne l’a pas fait sourire non plus. Mais je ne m’attendais pas du tout à la réponse qui allait suivre :
« On se connait, non ? »

Et là, dans ma tête, tout mon passé a défilé en accéléré, un peu comme si j’allais vivre une expérience de mort imminente… Mais non, rien, aucun souvenir. Y’a bien cette fois où… mais il y avait plein de monde… et puis tout le monde était tout nu… et tout le monde était masqué… donc non…

Enfin bref, sûr de moi, convaincu que je ne connaissais pas cet énergumène en uniforme, j’ai lancé une réponse comme je sais si bien les faire, pleine d’esprit et d’aplomb :
« Euh… »

Et lui, de renchérir :
« Mais si. On se connaît même bien. Je t’ai déjà arrêté y’a pas longtemps. Rafraîchis-moi la mémoire, c’était pour quoi ? »

« Ah ben non, vous devez faire erreur. Dernièrement, la seule chose de mal que j’ai faite, c’est écraser un pigeon, et encore, après étude de sa trajectoire, on a conclu à un suicide », lui répondis-je alors en lui tendant mes papiers.

« C’est ça, c’est ça… »

Quand tout à coup, regardant mon permis de conduire, il s’est exclamé :
« Oh putain ! Cedric Gasperini ! Mais si on se connaît ! »

C’est dans ce genre de moment que, pour un instant, toute votre vie vole en éclats. Toutes vos certitudes se fissurent. Et vous allez même jusqu’à douter de votre propre identité…

…jusqu’à ce qu’il poursuive, s’adressant à ses collègues :

image« Ho les mecs ! C’est Cedric Gasperini ! Les Éditos du Dimanche ! Les histoires que je vous raconte souvent ! »

Puis, revenant à moi et passant du tutoiement au vouvoiement sous le coup de l’émotion :

« Mais ouais ! On est amis sur Facebook ! Je rate aucun de vos éditos ! Et le pied, alors, ça va mieux ? Cette morsure de serpent ? C’est vrai que t’as failli mourir ? Bah, si vous pouvez conduire, c’est que tu dois aller mieux… »

Bon, j’exagère sans doute un peu le tutoivouvoiement, mais sur le coup, ça m’a fait marrer.

Le contrôle s’est achevé en discutant amicalement, moi encore sur le coup de l’émotion d’être passé à un cheveu de me découvrir une vie parallèle, eux sous l’émotion de m’avoir croisé, évoquant quelques éditos marquants et me demandant même comment allait ma « chère, tendre et aimante épouse ». Puis, appelés par radio, ils m’ont quitté en urgence sans manquer de me saluer une dernière fois et regrettant de n’avoir le temps de faire un selfie.

Bref. Je suis célèbre.

Parmi les gendarmes…

Allez, sur ce, Smiley bisou. Cœur. Cœur. Aubergine.

 

 
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