L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 10 septembre 2023 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

La petite souris

imageJ’ai un problème de souris. Et là, on oublie le côté informatique pour se tourner vers la partie zoologique du mot. Vous savez, vous qui suivez les éditos depuis longtemps, mon amour immodéré pour les animaux. Jamais je ne rate une occasion de caillasser un piaf, déplumer une poule, assommer une oie ou, dans un moment de gentillesse intime, caresser une chatte.

Seulement voilà, depuis quelques jours, un rongeur a pris ses quartiers dans mon potager. Je le sais, je l’ai croisé plusieurs fois. Et si, malgré mon âge antédiluvien, je suis encore capable de battre une limace à la course, j’avoue que pour choper une souris, c’est un poil plus difficile.
Alors oui, c’est mignon un petit mulot, c’est choupinet, youkaïdi youkaïda, ça virevolte, ça grimpouille, ça se faufile, ça fait monter la ménagère hystérique sur une chaise, bref, tout le monde, grosso modo, aime ces petites bestioles.

Mais à partir du moment où ça vient me grignoter le cornichon, et je dis ça au sens propre du terme et non pas au sens imagé, je prends ça pour une déclaration de guerre et j’en fais une affaire personnelle.

J’ai donc décidé d’installer des pièges à rats aux endroits où, par deux fois, je l’avais vue gambader. Amoureux des bêtes, je vous dis. Ma chère, tendre et aimante épouse m’a bien fait remarquer qu’un piège à rat, c’est vachement plus gros et plus violent qu’un piège à souris, mais que voulez-vous, dans ma réserve d’instruments de torture, je n’avais plus que ça, coincés entre une chignole pour les genoux et du fil barbelé à urètre.

imageJ’ai installé mon petit dispositif, bien en place, bien sur le chemin du voleur de cornichons, bien comme il faut, bien soigneusement… bien, quoi.
Oubliez le fromage. Le mythe de la souris se tapant une tartine de claquos est très surfait. Il y a bien plus efficace pour les attirer. Le beurre de cacahouète est sans doute ce qu’il y a de mieux pour choper ces saloperies. Mais pour le coup, je n’avais ni beurre, ni cacahouète, ni beurre de cacahouète. Mais je me suis dit, un truc ultra sucré avec de l’arachide, ça doit donc aussi fonctionner avec… de la pâte à tartiner. Et me voilà donc à étaler de la Patamilka sur un toast pour choper ma souris.
Ma chère, tendre et aimante épouse m’a bien demandé si je comptais attraper cette souris ou simplement lui servir un petit dej dans quel cas il faudrait que je me débrouille pour savoir si elle est plus thé, café ou chocolat, mais j’ai ignoré ses sarcasmes. Et je vous entends d’ici rigoler vous aussi, ne niez pas.

Et bien au risque de vous surprendre, le toast à la Patamilka, ça fonctionne grave.

En théorie, du moins, c’est validé. En pratique, par contre, comme je n’avais qu’un toast de type biscotte, impossible de le planter dans le pic du piège. Je l’ai donc simplement posé en équilibre sur le déclencheur. Le lendemain, plus de toast. Mais pas de souris non plus : le piège ne s’est pas déclenché. Donc oui, techniquement, je lui ai servi un petit dej gratos. Mais au moins, je savais désormais que le piège à PataMilka, ça n’attire pas seulement les enfants d’école maternelle (oui, bon, c’est un autre sujet, on en reparlera une autre fois, vous voulez bien ?) mais aussi les rongeurs.

imageLe lendemain, j’ai réitéré l’opération avec un bout de pain. Mais là encore, pas de souris. Plus de pain, mais pas de souris. Et j’ai ainsi multiplié les essais, modifiant les angles, les quantités, la sensibilité du piège… persuadé qu’un beau matin, j’allais retrouver le petit corps tout éclaté de mon voleur de cornichons.

Entretemps, j’aurais inscrit à mon tableau de chasse deux merles, le nouveau chat des voisins et un hérisson tout mignon qui l’était nettement moins après, avec son œil éjecté de l’orbite et ses petits piquants éparpillés alentours.

Vous me connaissez, je ne suis pas resté sur ces semi-échecs (parce que soyons honnête, j’ai pu préparer une terrine de merle, un ragoût de hérisson et un chat surprise alors ce n’est pas non plus un échec total et je me suis procuré de nouveaux pièges, plus petits, plus sensibles, plus adaptés à la taille de la petite souris.

Et puis bon, je lui devais bien ça, à la petite souris, avec toutes les dents qu’elle m’a piquées étant gamin.

Ce vendredi soir, j’ai donc minutieusement piégé un parcours dans mon jardin, à base de bout de pains recouverts de Patamilka. Vous connaissez ma modération. J’ai mis de quoi choper tout un écosystème.
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Et ce matin, victoire ! La petite souris s’était fait claquer la tronche sur un de mes nouveaux petits pièges. HA HA HA ! VICTOIRE ! DANS SA GUEULE LA PETITE SOURIS ! ELLE FAIT MOINS LA MALINE JERRY !

Alors je pourrais vous dire que je me suis mis à faire une danse de la victoire, que j’étais pieds nus et que je me suis pris le pied dans un de mes pièges. Ça donnerait un côté plus humain à mon histoire et du baume au cœur des amoureux des petites souris. Mais même pas. Suis con, d’accord, mais pas à ce point. Et puis j’étais en chaussures.

J’ai donc récupéré le corps tout mou et sans vie de ma petite souris bouffeuse de cornichons.

Et vous savez quoi ? Ben ça m’a fait de la peine. Elle était mignonne, cette petite souris. Avec son petit museau qui ne frémira plus. Ses petites moustaches qui ne remueront plus. Ses petites dents, ses grandes oreilles, ses petites papattes. J’en ai versé une larme, putain. J’étais à deux doigts de lui faire un massage cardiaque et du bouche à bouche.

J’suis qu’un être cruel, sans cœur et ignoble. Je me déteste.

Dans un vain espoir de rédemption, je me suis décidé à déposer chaque soir des petits morceaux de pains recouverts de Patalmilka dans mon jardin, sans piège. On ne sait jamais, elle a peut-être des copines…

 

 
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