Publié le Dimanche 25 juin 2023 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Clap de fin

L’année scolaire se termine et tout le monde a les yeux rivés vers ses futures vacances. C’est la période des fêtes d’école. Chacune y va de son petit spectacle, son petit chant, sa petite danse… J’ai toujours détesté ça. Vraiment. Même quand il s’agissait de mes gamines. Voir toute une ribambelle de chiards se dandiner devant un parterre de parents émerveillés parce que leur gamin a réussi à brailler pirouette-cacahouète sans chialer, ça m’a toujours gonflé. D’autant plus que, sur l’heure ou l’heure et demie que dure la représentation, il n’y a que 5 minutes qui vous concerne. Alors déjà, voir mes gamines dodeliner du cul même pas en rythme, ça m’exaspère, mais regarder ceux des autres, ça a toujours été un vrai calvaire. Parce qu’en plus, ça la fout mal de se barrer une fois que votre progéniture s’est ridiculisée devant tout le monde. Il faut assister à tout le spectacle. Et il ne faut même pas compter sur le bar pour vous remonter le moral. Parce que, fête de l’école oblige, c’est un bar sans alcool.

Heureusement, mes gamines sont désormais trop grandes pour me faire subir ce genre de torture. Enfin, c’est ce que je croyais jusqu’à ce que la petite décide de s’inscrire à la chorale du collège et m’annonce fièrement avoir été sélectionnée pour le spectacle de fin d’année.

Alors on pourrait se dire que, à ce niveau-là d’études, il y a quand une qualité, un travail et un investissement bien supérieur à celui que l’on peut retrouver dans le fameux pirouette-cacahouète d’école maternelle. Je ne laisserai pas le suspens s’installer plus longtemps : pas du tout. Ce fut atroce. Un appel à la contraception, à l’abstinence ou même à l’avortement. Même avec des aiguilles à tricoter, hein. Pas un gamin n’a chanté juste. Pas un seul. Une représentation qui à elle seule a justifié les nombreuses années passées à se foutre de la gueule des profs de musique et, il faut bien l’avouer, les mépriser un peu. Un vrai récital de fausses notes, à se demander ce qui a bien pu passer dans la tête de cette prof à qui, au lieu de lui offrir des fleurs à la fin du concert, on aurait dû lui faire manger. Et quand comme moi, on a l’oreille absolue, ou du moins absolument sensible à la moindre fausse note, c’est un chemin de croix d’une heure et demie dont je suis ressorti avec les tympans en sang et des envies de violence extrême. Tiens, si vous voulez une comparaison pour mieux comprendre l’état dans lequel j’étais, c’est un peu comme si vous assistiez à un récital de Christophe Maé. Je vous laisse imaginer la souffrance, les larmes refoulées, la frustration et l’envie de meurtre. Ben voilà.

Heureusement, les vacances approchent à grands pas. Le soleil a pointé le bout de son nez, on crève de chaud et c’est l’occasion de préparer gentiment son bronzage avant de s’exhiber sur la plage, au grand dam de mes gamines qui aimeraient bien, quand même, que je mette un slip. Alors que, franchement, il n’y a rien de plus plaisant que de s’étaler à poil sur l’herbe de son jardin pour faire une petite sieste et sentir les fourmis venir vous chatouiller les… oui, d’accord, c’est peut-être moins plaisant pour les voisins. Mais hé, ils n’ont qu’à pas regarder. Un peu d’intimité, quand même. Moi je ne regarde pas chez eux. Même pas quand ma voisine paresse sur son transat dans son petit maillot de bain deux pièces rose à motifs de fleurs. Alors qu’ils ne regardent pas chez moi.

Comme à chaque fois, à peu près à cette période, j’ai hâte de me barrer. De changer d’air. De me vider un peu la tête après une année qui a été un peu compliquée sur certains aspects et avant l’année prochaine qui promet de l’être un peu plus. Bref, vivement les vacances. Et parce que de nos jours il faut être impérativement altruiste, sous peine de subir le joug de la bien-pensance, ayons une pensée pour tous ceux qui ne pourront pas partir en congés cette année. J’ai envie de leur dire « Ben… pas de chance, hein ? ». N’hésitez pas à mettre votre adresse en commentaire de cet édito, pour être sûr que je ne vous envoie pas de carte postale parce que j’aurais autre chose à foutre, comme par exemple balancer des pelletés de sable aux ados qui mettent leur musique de merde à fond sur la plage, pendant que vous, vous bosserez. .