L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 11 juin 2023 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Irréconciable

imageTout a débuté lors d’une discussion animée, un midi, à la maison. Vous savez, ce genre de discussion qui arrive dans toutes les familles, de temps à autre, opposant deux générations sur leur point de vue du monde en général et de la manière de se comporter en particulier.

La seule petite différence avec la plupart des familles, c’est que dans la mienne, mes deux filles ont un caractère assez… comment dire… entier. Fort. Imposant. Casse-couilles, en somme. Et que lesdites discussions qui, à la base, partent d’un échange, se transforment souvent en confrontation à faire passer les émissions de télé de survie telles que Man vs Wild ou A l’état sauvage, pour des reportages sur les Télétubbies. Ou Koh Lanta pour un club Med. Non, là, on est plutôt dans un épisode de River Monsters. Le type qui chasse les gros poissons agressifs de par le monde. Et bien une discussion animée chez moi, c’est comparable à un épisode où le mec décide de pêcher le piranha à mains nues après s’être entaillé la paume.

Et comme à chaque fois, dans toutes les familles, tout est parti d’une petite remarque anodine.

Je vous explique.

imageMa fille aînée semble, depuis quelques jours, avoir décidé d’incarner toutes les Spice Girls à elle seule. Un coup elle s’ondule les cheveux à la Ginger Spice, un coup elle leur donne du volume façon Scary Spice, un coup elle s’habille chic comme Posh Spice… Sauf que la dernière fois, c’était croc-top, survet’ et cheveux plaqués en arrière façon Sporty Spice. Et j’avoue, niveau look, je ne suis pas trop fan. Même dans les années 90, au fait de la gloire du groupe, ce n’est pas vraiment la Spice Girl qui était une référence en matière de tenue.

Masi bref. J’ai commis l’erreur de lui dire.

Alors je ne conteste pas le côté parfois un peu rude de l’homme de la pampa que je suis, mais là, je suis resté courtois et mesuré. Du genre « j’suis pas fan, je préfère tes autres tenues », lâché négligemment, sans animosité aucune dans le ton, entre deux bouchées d’une savoureuse merguez.

Le retour de flammes que j’ai pris aurait fait passer le film Backdraft pour un barbecue dominical.

imageSoutenue par sa sœur qui ne rate jamais une occasion de mettre son grain de sel même si elle n’est à la base pas concernée, je suis devenu le responsable de tous les maux de la société actuelle. Cela a débuté mollement sur une critique acerbe de mes goûts vestimentaires, puis sur mon incapacité totale à juger la Mode en général, pour au final m’accuser d’être responsable d’une société misogyne depuis trop longtemps et qui veut enfermer la gent féminine dans des carcans insupportables.
Je me suis presque étonné de n’avoir pas été accusé d’être à l’origine de la réforme des retraites au passage. Je vous passe le vocabulaire fleuri qui allait avec. J’aurais voté pour le port de la Burqua en France lors d’une réunion du RN, ça aurait été moins violent.

D’un autre côté, quand on y réfléchit bien, il y a un gouffre générationnel bien établi entre la mienne et celle de mes enfants. Mais, hein, c’est quand même un peu leur faute…
Je le conçois, je ne suis pas toujours très tendre, ni très indulgent, ou encore très bienveillant, avec la jeune génération. Bon, tendre, c’est normal, parce que la dernière fois que j’ai essayé d’être tendre avec un enfant, ça a fait tout un tas d’histoires avec la Police. Mais pour le reste, avouez qu’ils tendent quand même le bâton pour se faire battre…

En fait, quand on réfléchit bien, ils ont choisi comme références de style de vie, tout ce que ma génération trouvait ridicule et pitoyable.

Le survêt. Les claquettes chaussettes. La banane. Le bob. Si dans les années 80 ou 90, vous mettiez ce genre de tenue dans la rue, vous passiez systématiquement pour un gros beauf. Même dans les campings, vous étiez ridicule avec ça. Alors qu’aujourd’hui, ce genre de tenue pullule dans la rue.

imageLa moustache. A part Magnum qui avait une dérogation grâce à ses chemises à fleurs, la moustache, c’était vraiment un truc de naze dans les années 80 et 90. Elle était réservée aux acteurs pornos allemands des années 70, qui s’appelaient systématiquement tous Gunther. Et bien aujourd’hui, tous les jeunes se laissent pousser la moustache. Enfin, ils essaient parce qu’ils ont trois poils qui se battent en duel, mais ils trouvent quand même que c’est le summum de la virilité.

Et les salles de sport, on en parle des salles de sport ? Dans les années 80 et 90, voire 2000, et bien avant, même, les salles de sport étaient réservées aux gros beaufs à gonflette qui se gavaient de stéroïdes anabolisants et autre testostérone. Aujourd’hui, tous les jeunes ont un abonnement à la salle de sport et y passent de longues heures à un coup « prendre de la masse », un coup être en « période de sèche » à base de « Superset » entre « Rowing », « Powerlifting », « Butterfly », « Pull-over » et « Push-Up ».
Et moi qui, bête que je suis, ai toujours cru qu’un pull-over était une fringue et un Push-up, un soutif qui remonte de manière pulpeuse les nichons.
Y’a tellement de termes anglophones à la con qu’on se croirait dans une réunion marketing d’une agence de pub.

Ils mettent même de grosses chaînes en or !

Bref. Avouez quand même qu’il y a des choix qui justifient une animosité irréconciliable. Bordel. Des claquettes avec des chaussettes. Des chaînes en or. Une moustache. Des journées passées à la salle. Un bob.

Et vous voudriez que je sois tendre, indulgent et bienveillant ? Sérieusement ?

 

 
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