L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 14 mai 2023 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Caca

imageVous le savez, si vous me connaissez ou si vous suivez cet édito régulièrement, je suis quelqu’un qui aime les gens. Parfaitement. Il n’y a pas plus affable et aimable que moi avec les gens.
Mais des fois, quand même, c’est difficile. Il faut dire que vous n’y mettez pas forcément de la bonne volonté. J’en tiens pour preuve cette dernière mésaventure qui m’est arrivée cette semaine.

Un chien est venu déféquer dans mon jardin, juste sur les bandes de roulement devant ma voiture. Une bonne grosse crotte bien moulée, bien odorante, qui n’a pas émue particulièrement le propriétaire de l’impudent canidé. Ledit propriétaire était un pale type avec du caca sur la tête, dans les 60 à 70 balais, la mine sévère et un sens du civisme qui laisse pantois.
- « Z’avez qu’à fermer votre portail si vous voulez pas que ça arrive » m’a dit le vieux avec du caca sur la tête.
Et de partir sans même ramasser la preuve de son forfait.

« Vous n’aviez qu’à fermer votre portail si vous ne voulez pas que ça arrive ».
Le genre de phrase qui m’énerve particulièrement. Je vous l’adapte à d’autres situations :
« Vous n’aviez qu’à fermer votre fenêtre si vous ne vouliez pas être cambriolé ».
« Vous n’aviez qu’à fermer votre voiture si vous ne vouliez pas qu’on vous la vole ».
Et pour ceux qui, dans un coin de leur tête, se disent « bah, il n’a pas tout à fait tort », je vous sors ma phrase maîtresse :
« Vous n’aviez qu’à pas vous habiller en jupe si vous ne vouliez pas qu’on vous viole ».

imageAvec une gravité certes différente pour chaque cas de figure, notez que toutes ces phrases sont une culpabilisation de la victime. Et c’est non seulement intolérable, mais particulièrement immonde comme procédé.

Si j’ai envie de laisser mon portail ouvert, si j’ai envie de laisser ma fenêtre ou ma voiture ouverte ou si j’ai envie de me balader en jupe (je laisse naître l’image dans votre esprit), c’est mon droit le plus strict et ça ne justifie en rien ni ne minimise en rien les actes répréhensibles, illégaux, inciviques ou criminels. « Vous n’aviez qu’à pas inscrire votre enfant au catéchisme si vous ne vouliez pas qu’il se fasse violer. Ah ben oui, vous ne l’avez pas inscrit pour ça, mais vous savez qu’il existe un risque, alors faut pas venir vous plaindre, hein… ».

Bref, la réflexion du petit vieux avec du caca sur la tête m’a mis hors de moi. D’ailleurs, si vous me demandez pourquoi je précise que c’est un petit vieux « avec du caca sur la tête », disons qu’au début de la conversation, il n'en avait pas.

Vous le savez, si vous me connaissez ou si vous suivez cet édito régulièrement, je suis un amoureux des bêtes et de la Nature. Parfaitement. Il n’y a pas plus amoureux des bêtes et de la Nature que moi.
Mais des fois, quand même, c’est difficile. Il faut dire que la Nature n’y met pas forcément de la bonne volonté. J’en tiens pour preuve cette dernière mésaventure qui m’est arrivée cette semaine.

imageLe Printemps venu, pour oublier que je déteste cette saison aux yeux qui piquent et au nez qui coule, je me lance dans une série de plantations diverses et variées. J’aime bien planter mes petites graines (aucune allusion). Et zou un cornichon (aucune allusion), et paf une aubergine (aucune allusion), et bam une courgette (aucune allusion). Je plante des tomates, des petits pois, des haricots, des fleurs aussi. Bref, le printemps est un défi pour moi, histoire de savoir si je n’ai pas seulement la main dans la gueule, mais aussi la main verte.

Alors quand un matin vous découvrez vos plantations saccagées par des hordes de limaces et escargots qui ont signé leur forfait d’une trace baveuse, votre sang ne fait qu’un tour. Je suis peut-être un amoureux des bêtes et de la Nature, mais je n’ai pas vocation à nourrir les machins mous et visqueux alors que ça fait plus d’un mois que je m’attèle à faire germer quelques graines, à rempoter, arroser, choyer les petites pousses pour qu’elles deviennent grandes…

J’ai bien pensé à répandre quelques granulés hautement toxiques pour les éliminer, avec l’espoir de quelques victimes collatérales parmi les chats des voisins, mais ma chère, tendre et aimante épouse m’en a dissuadé sous prétexte que les pesticides, c’est mal et que si un hérisson passe dans le coin, il va mourir aussi et que c’est mignon, un hérisson, qu’elle aime bien les hérissons. Moi aussi, j’aime bien les hérissons, il n’y a rien de meilleur qu’un bon hérisson au barbecue avec des épices ou un ragoût de niglo qui a mijoté toute la journée. Ça me rappelle mes années de bohème avec mes amis gitans.

imageJ’aurais pu me rabattre sur le piège à bière. Simple, très efficace, mais avec quand même pas mal de points négatifs : c’est tellement efficace que ça vous ramène les limaces à vingt mètres à la ronde, donc même celles qui ne sont pas dans votre jardin à la base. Mais surtout, ça vous coûte une bière. Autant vous dire que je ne vais pas sacrifier une Guinness. Jamais. « Ah mais t’as qu’à acheter des bières premier prix » allez-vous me répondre. Je m’y refuse. Question d’amour-propre quand on passe à la caisse.

Finalement, j’ai opté pour le ramassage nocturne. Je me balade entre minuit et une heure du mat’ dans mon jardin avec ma petite lampe et je ramasse les bestioles. C’est ludique. Mais un peu chiant au bout d’un moment. Alors pour agrémenter ma chasse, j’ai décidé de fonder le premier Bataillon Léger Aéroporté de Gastéropodes (BLAG). Pour leur apprendre à voler. J’ai tout lancé sur le mur ou le toit du voisin. J’attends les retours pour savoir si ça leur a plu. Mais au son des « splosh » qu’ils ont fait en atterrissant, pas certain que mon idée de militarisation des escargots et des limaces soit une réussite. Je me suis dit qu’ils n’avaient pas eu le temps, peut-être, d’ouvrir leur parachute de bave.
Le voisin, lui, n’a rien dit. De toute manière, il ne me dit plus rien depuis que je lui ai ramené en deux fois son chat qui était venu faire ses besoins dans mes plantations.
Je vous jure. Entre les chats et les limaces, c’est dur de faire pousser quoi que ce soit dans mon quartier.
Le lendemain, pour plus de fun avec mes gastéropodes, je les ai tirés au lance-pierres. C’est drôlement amusant. Pour moi. Pour eux, je ne sais pas, j’attends là aussi leur retour. Mais un gros escargot au lance-pierres, ça va drôlement haut et drôlement loin en tout cas. Je pense que j'ai atteintla troisième ou quatrième maison plus loin dans la rue.
Mais ça a l’air efficace en tout cas : les deux derniers jours, je n’ai trouvé qu’une seule limace et deux escargots, contre une bonne centaine les premiers jours.

Enfin bref. C’est tout moi ça. Amoureux des bêtes et de la Nature, qui aime les gens… bref, qui aime la vie ! Qui pourrait bien me le reprocher ?

 

 
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