Publié le Dimanche 2 avril 2023 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
L'Edito du Dimanche
Barbecue
Les températures remontent. Tenez, cette semaine, on a tapé dans les 20°C. Pour certaines régions, il faisait même plus chaud que certains jours d’été. Ajoutez un grand beau soleil et je me suis dit : « ça y est, la belle saison commence, c’est le moment de ressortir le barbecue ».Ma chère, tendre et aimante épouse m’a rétorqué qu’il était encore un peu tôt mais, hé, on ne va pas non plus attendre les Saints de glace dont, soit dit en passant, on ne sait jamais si c’est Saints de glace, Saintes glaces ou même Seins de glace. J’ai un petit faible pour le dernier, j’avoue, pourvu qu’on puisse y poser les lèvres pour s’y rafraîchir.
Bref, j’ai décidé de ressortir le sacro-Saint (et non pas sacro-sein) barbecue, de le nettoyer de sa poussière hivernale et de le préparer pour lancer la saison des déjeuners et dîners au feu de bois. Ou plutôt au feu de charbon, parce qu’on met du bois, certes, mais aussi du charbon, dans notre barbecue. J’ai trottiné jusque chez le boucher et je vous rappelle que c’est une image parce qu’en fait, j’ai pris ma voiture, et je me suis laissé tenté par le traditionnel combo chipolatas aux herbes/merguez. Il y a bien d’autres possibilités de grillades, mais je me suis dit que pour une première, autant rester sur les classiques.
Je vous rappelle, bande de mécréants, qu’on ne pique pas les saucisses avant cuisson : elles perdent toute leur graisse et dessèchent alors qu’on ne cesse de vous répéter que le gras, c’est la vie. Et si ce n’est pas tout à fait vrai, ça l’est, au moins, pour les saucisses.
Hier, donc, il faisait beau. Il faisait chaud. J’ai enlevé la housse de protection du barbecue et ai posé un drap de papier journal et un oreiller de brindilles, puis ai recouvert le tout d’une couette de charbon. Un vrai petit lit douiller pour mes saucisses.
Et c’est là qu’il s’est mis à pleuvoir.
Il y a 5 minutes, le soleil était haut dans le ciel, pas un nuage à l’horizon et à peine ai-je eu le temps de préparer le combustible que paf, de la flotte. J’ai donc refermer le barbecue, remis la housse et me suis résigné à faire cuire mes chipos et merguez à la poêle, dans la cuisine, quitte à empuanter toute la maison pour les trois prochains jours. A peine avais-je mis la poêle sur le feu que paf, le soleil est revenu. Comme on ne me la fait pas à moi et que la technologie est plus forte que les éléments, j’ai quand même zieuté sur deux ou trois applications différentes – on ne sait jamais – si de la pluie était prévue dans les prochaines heures. Que dalle. Le nuage était passé.
J’ai donc débaché le barbecue et allumé le papier journal et les brindilles. Au bout de quelques minutes, le feu avait bien pris et je voyais déjà poindre quelques petites braises alléchantes dont ne manqueraient pas de se délecter mes saucisses sous peu.
Et là, paf, de la pluie.
Putain, y’a des jours… En checkant mes applications, je me suis rendu compte que la météo avait changé et qu’ils annonçaient de la pluie pour tout l’après-midi.
J’ai refermé mon barbecue, l’ai mis le plus possible contre le mur pour qu’il ne prenne pas l’eau et ai attendu que le feu soit étouffé pour repartir en cuisine et rallumer ma poêle.
Comme de bien entendu, le soleil est revenu à ce moment-là. Et mes applications ont assuré, juré craché, qu’il ne devait plus repleuvoir de la journée.
J’ai relancé mon feu qui n’avait pas eu le temps de mourir tout à fait, j’ai rajouté quand même un peu de petit bois, et j’ai attendu d’avoir de bonnes braises pour poser mes saucisses. Un œil sur le barbecue, un œil sur le ciel. Autant vous dire que mes globes oculaires ont fait le grand écart.
Et forcément, à peine avais-je posé les chipos et les merguez sur la grille, il s’est mis à pleuvoir à nouveau. De grosses gouttes cette fois-ci.
Ça m’a tellement gonflé que j’ai rentré le barbecue dans le salon pour terminer la cuisson, restant sourd aux récriminations de ma femme qui s’inquiétait de la tache de suie qui commençait à se former sur le plafond et à celles de mes filles dont toutes les fringues sentent, désormais, la merguez. Ça les apprendra à laisser traîner leurs habits fraîchement lavés sur leur bureau au lieu de les ranger dans l’armoire.
Le printemps, c’est de la merde.
Les giboulées, c’est de la merde.
Le barbecue dès le premier avril, c’est de la merde.
J’aurais dû faire du poisson, tiens.
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