Publié le Dimanche 26 février 2023 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
L'Edito du Dimanche
Stage de survie arctique
Et c’est ainsi que je me suis retrouvé à la frontière Russe, à crapahuter dans les forêts enneigées, de la poudreuse jusqu’aux glaouis, la température affichant un -30°C sournois, très sournois puisque le vent tourbillonnant dans la neige fraîche devait sans nul doute tendre vers un ressenti de -40°C. Et je peux vous dire qu’à -30°C ressenti -40°C, vous y pensez à deux fois avant de pisser contre un pin. Il a pourtant bien fallu que je m’exécute pour éloigner les loups…Mon stage de survie s’est déroulé dans les neiges arctiques. L’instructeur m’avait mis en garde contre deux choses : les loups, les lynx et les ours. Ne cherchez pas, c’est un ancien militaire, pas un prof de maths. Et même si nous sommes en février et qu’il gèle à glaouis fendre, je vous rappelle qu’un ours n’hiberne pas : il hiverne. A une lettre près, il n’est pas en léthargie totale, mais peut, si la faim le tiraille, sortir de sa tanière se taper un lapin, un renne ou un abruti en stage de survie.
Je me suis donc retrouvé lâché en pleine nature hostile, à devoir rallier un point distant de 42 km en 7 jours. 6 km par jour, c’est loin d’être une promenade de santé, croyez-moi, quand vous devez traverser une forêt épaisse et enneigée, gravir une montagne, et que le jour ne dure qu’un peu plus de 6 heures. Sans oublier que sur ces 6 heures, vous devez penser à vous faire un abri pour la nuit et à chasser pour vous nourrir. C’est bien simple, personne n’a jamais réussi ce stage de survie mis au point par un ancien Navy Seals, qui, donc, n’est pas prof de maths puisqu’après calcul, ce sont 70 Km qu’il fallait parcourir et non pas 42. Mais j’étais bien décidé à ne jamais activer ma balise S.O.S.
Et c’est ainsi que je me suis retrouvé à la frontière Russe, à crapahuter dans les forêts enneigées, de la poudreuse jusqu’aux glaouis, la température affichant un -30°C d’enfant de putain. Avec un couteau, une pierre à feu, un Kuksa, mon lance-pierre, ma batte de baseball et une petite cuillère.
Le premier jour, après 5 heures à crapahuter dans les pins, à maudire la Création elle-même, sa mère, toutes les mères, et à supposer qu’elles proposaient des moments de connivence tarifés, je me suis arrêté pour me préparer un petit abri tranquille au milieu des arbres, poser quelques collets alentours, faire un feu et me reposer d’une journée harassante. Selon mes calculs, j’avais parcouru quelques 8 km. 8 qui en fait n’en sont que 5 puisque mon sens de l’orientation étant ce qu’il est, à un moment, je suis revenu sur mes pas sans m’en rendre compte.
Le deuxième jour, j’ai eu beaucoup de chance. Le matin, j’avais pris deux lièvres dans les collets. Non seulement j’ai pu me préparer un bon petit déjeuner, mais j’ai en plus pu me tailler des chaussettes bien chaudes. Je chausse du 42, en lièvre. Et je suis reparti en vadrouille. Je devais avoir mal tanné les peaux, parce que le soir, après avoir marché pas loin de 7 km, au moment même où je me disais que j’allais m’arrêter pour passer la nuit, j’ai été attaqué par un lynx. Je vous ai déjà dit qu’au lance-pierres, je me démerde pas mal. Le lynx, lui, ne le savait pas. Il aurait mieux fait de lire mes éditos au lieu de miauler dans les bois, ça lui aurait évité de terminer en moufles. Je ne sais pas quel goût ça a, le lynx, mais comme il me restait du lièvre, j’ai préféré m’abstenir.
Le troisième jour, j’ai parcouru 12 km. Quand vous avez une meute de loups au cul, je peux vous assurer que vous allez vachement plus vite. Même dans la poudreuse. Faut croire que je suis meilleur en lance-pierres qu’en tannage, parce qu’ils ont dû sentir l’odeur du sang de mes moufles. Ou de mes chaussettes. Ils ne m’ont pas lâché de la journée. Le soir, épuisé, je me suis décidé à faire face. Et c’est là que la petite cuillère est entrée en jeu. C’est dingue ce qu’on peut faire avec une petite cuillère. Soumettre un loup alpha, par exemple, et par effet de dominance, tout le reste de la meute.
Le quatrième jour, je n’ai pas bougé. J’ai passé la journée à me fabriquer un traineau et de la corde avec de l’écorce d’arbres. Et le cinquième jour, j’ai fait du « chiens de traineau ». Ou plutôt, du « loups de traineau ». Quel bonheur de traverser la forêt enneigée, traverser les lacs et les rivières, avec un attelage, alors que le soleil ras diffuse une lumière pâle sur la neige ! J’ai pris un pied monstrueux. Et j’ai parcouru 22 Km. Bon, au début, les loups ont été un peu récalcitrant, mais rien qu’on ne puisse gérer avec une petite cuillère. Je vous expliquerai, un jour, comment on s’en sert avec les bêtes.
D’ailleurs, sans ma meute, je serais sans doute mort, à cette heure-ci. Le soir, en effet, le ciel étant étoilé, j’ai observé les aurores boréales. Entre nous, c’est une putain d’arnaque, ce truc. Oubliez les belles photos de ciel vert. Les aurores sont, en réalité, des espèces de nuages fugaces, de trainées blanchâtres et dansantes (lentement, très lentement) dans le ciel. Et le vert n’apparaît que sur les photos… N’empêche, j’étais en train de me geler les arpions le nez en l’air quand les loups se sont agités, leurs grognements me prévenant d’un danger imminent. J’ai eu à peine le temps de saisir ma batte avant de me retrouver nez à nez avec un ours affamé. L’ours non plus ne lisait pas mes éditos et ne savait donc pas que j’ai un Post-Doctorat en batte de baseball. Il aurait aussi dû se renseigner auprès de la communauté des lynx, il aurait appris qu’il en manquait un. Bref, ce soir-là, les loups et moi, on a mangé de l’ours. Parfaitement. C’est un peu fort en goût mais pas désagréable. Il faudra que j’essaie d’en faire du pâté. En tout cas, le lendemain, j’avais une belle couverture pour me tenir chaud sur le traineau.
L’instructeur a été surpris de me voir revenir au bout de quatre jours. Cinq, en fait, mais les maths, ce n’est pas son fort, je crois vous l’avoir déjà dit. Surtout tiré par des loups, avec une couverture en ours, des moufles en lynx et des chaussettes de lièvre.
Oh, je sais bien ce que vous vous dites. Moi aussi, en relisant mon édito, je me dis que c’est n’importe quoi. Que personne ne va en croire le moindre mot. Que ça ressemble à un mauvais scénario de film de survie (à part le coup de la petite cuillère) ou à un délire mythomane d’une personne mentalement instable.
Mais je me fous de ce que vous croyez ou non. Je sais ce que j’ai vécu. Et cette semaine, ne vous en déplaise, j’ai bel et bien crapahuté dans les forêts au-delà du cercle arctique, à deux pas de la frontière russe et son No Man’s land sauvage. Je me suis bel et bien retrouvé avec de la poudreuse jusqu’aux couilles par moment. Il faisait bel et bien -30°C ressenti -40°C. J’ai bel et bien traversé des lacs et des rivières avec mon traineau tiré par des loups. J’ai bel et bien observé des aurores boréales. Et j’ai bel et bien fait pipi dans la neige malgré les températures polaires. Mais pire que tout, j’ai bel et bien mangé de l’ours.
Le reste appartient à la légende.
La petite cuillère aussi.
Commentaires
Il n'existe aucun commentaire sur cette actualité
Ajouter un commentaire
Vous devez être inscrit sur le site pour poster un commentaire
Derniers Commentaires
- New Order : un nouvel album remasterisé par Cedric Gasperini
- L'Edito du Dimanche par clayman00
- L'Edito du Dimanche par clayman00
- L'Edito du Dimanche par Azu
- L'Edito du Dimanche par streum13
- Top des ventes de jeux vidéo sur Steam par iactus
- Flashback 2 est sorti ! par clayman00
Articles préférés
- (Test) Undisputed (PC, PS5, Xbox Series)
- (TEST) Super Mario Party Jamboree (Nintendo Switch)
- (TEST) Silent Hill 2 (PS5, PC)
- (TEST) Dragon Age: The Veilguard (PC, PS5, Xbox Series)
- (TEST) Magic: The Gathering : Mornebrune la Maison de l'horreur
- (TEST) Call of Duty: Black Ops 6 (PC, Xbox One, Xbox Series, PS4, PS5)
- (TEST) PDP Nintendo Switch Purple Afterglow Wave Wireless Controller With Motion
Dernières Vidéos
- L'ARPG Mandragora s'offre une date de sortie
- Railroads Online annoncé pour le 5 décembre
- Voin : le FPS Dark Fantasy annoncé pour le 10 décembre
- Entropy Survivors, le shoot en coop à la grenouille, pour le 4 décembre
- Kathy Rain 2: Soothsayer, un nouveau point & click pour 2025
Derniers Concours
- Une manette Deadpool & Wolverine plutôt généreuse
- Amazon Prime Gaming : les jeux gratuits de juillet deuxième partie
- Enemy of the State : un shoot coop au pays d'Al Capone
- Concours Calendrier de l'Avent Jour 23 : Battlefield 2042 Edition Ultimate (PS4, PS5)
- Concours Calendrier de l'Avent Jour 22 : Spiderman intégrale 8 films (DVD)