Publié le Dimanche 29 janvier 2023 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Chez Gasperitif

Être père, de nos jours, est un véritable challenge. Enfin, non, pas « être père » au sens premier du terme. Pour ça, il suffit de deux ou trois « floc floc », le nombre dépendant de votre aptitude à la précocité, suivi d’un « aaargllll » de plaisir, pour devenir père, pour autant que ce « aaargllll » intervienne à la bonne période du mois.

Mais être un bon père, ça, c’est loin d’être un long fleuve tranquille. C’est un chemin de croix doublé d’une responsabilité qu’on ne soupçonne pas. Du moins, qu’on ne soupçonne pas au moment du « aaargllll ». Vous vous devez d’être un père aimant mais pas trop niais, protecteur mais pas étouffant, présent mais pas trop envahissant, un modèle sans être un carcan… Un guide. Voilà. Vous devez être un guide.

Personnellement, je ne sais pas si je suis un modèle et, pour être tout à fait transparent à ce sujet, j’ai un gros doute, mais un guide, ça, je sais faire. J’ai beaucoup joué à Lemmings et à Pikmin, et je n’en ai pas trop tués durant mes parties. Alors guider, ça devrait être dans mes cordes.

C’est d’autant plus crucial cette année que mes deux chieuses gamines sont à un tournant de leur scolarité. La petite va devoir choisir son lycée et la grande sa faculté. Non pas que je veuille obligatoirement l’envoyer à la Fac. Elle doit juste savoir quelles facultés elle possède et lesquelles mettre en avant pour choisir ses futures études… Autant dire que c’est loin d’être gagné. Si encore, il y avait un diplôme d’Instagram, j’aurais deux génies à la maison. Mais avant que ce soit une discipline olympique officielle, elles sont loin d’être des championnes…

Nous avons donc eu une grande discussion familiale pour décider de l’avenir de nos deux filles, discussion à base de nombreuses propositions du côté parental et de « pffff » et autres soupirs du côté progéniture.

Vous savez ce que c’est : les parents veulent ce qu’il y a de meilleur pour les enfants et les enfants veulent ce qu’il y a de moins chiant pour eux. Moins chiant et qui rapporte un max. Y’a bien une voix pour ça, mais autant vous dire que les voir devenir aussi connes que des Youtubeurs, ça m’enchante moyen. Elles ont le désavantage d’être trop intelligentes et cultivées pour ça. Et surtout, elles ont bien trop d’éthique. Ça doit venir de leur mère. Ça me ferait mal qu’elles embrassent une carrière de parasite de la société, nouveau gourou pour toute une population de mongoliens prépubères.

Vu que je suis un guide, comme je vous l’expliquais plus haut, j’ai plein d’idées quant à leur futur. Hôtesses d’accueil. Elles sont bien foutues, mignonnes, elles peuvent faire les potiches sur les bagnoles dans les salons d’auto dans l’espoir de se serrer un vieux beau pété de thunes. Bon, après, faut aimer les nouilles molles surcuites, mais au moins, la pitance et le logis sont assurés.
Ou sinon, coiffeuses. C’est bien, ça, coiffeuse. Un chouette métier, vachement utile surtout pour les ménagères. Et puis, y’a un côté psy qui leur irait bien. Entre mon aînée persuadée d’avoir toutes les solutions du monde et ma cadette qui parle plus qu’une concierge sous cocaïne, ça pourrait le faire. Elles pourraient même ouvrir leur salon toutes les deux. J’ai déjà le nom : « Chez Gasperitif ». Y’a un concept à développer, là : tu sirotes un apéro en te faisant coiffer. Coiffeuse, c’est bien. En plus c’est un métier pour les femmes, ça.

Caissière aussi. Ça leur irait bien pour les mêmes raisons : tu rencontres plein de monde et tu discutes avec. En plus, t’es assis toute la journée. C’est un métier pour les femmes aussi, ça.

Strip-teaseuse, j’ai rien contre si elles me présentent leurs copines. Là aussi, y’a moyen de taper un vieux beau pété de thunes si tu fais abstractions des frustrés de la bite qui tentent de te palper les miches à la moindre occasion.

J’avais encore plein de métiers à leur proposer pour mieux orienter leurs études et façonner leur avenir : secrétaire parce qu’une femme, ça aime être aux petit soin d’un homme ; assistante maternelle parce qu’une femme, c’est fait pour s’occuper des enfants ; vendeuse parce que le shopping pour les femmes c’est plus qu’un hobby, c’est une religion ou encore agente d’entretien parce que là aussi, le ménage et les femmes, c’est une évidence qui n’est plus à démontrer. J’avais aussi en stock des idées de maquilleuse ou de cuisinière, et plein d’autres encore, quand on m’a gentiment prié de quitter le conciliabule, je cite, « au lieu de dire des conneries misogynes qui servent à rien ». Moi. Leur guide. Ejecté de la discussion. Après on s'étonne que le monde va à vau-l'eau.

Donc je les ai laissées discuter toutes seules. De toute manière, j’avais l’aspirateur à passer et le linge à étendre. Et il fallait que je prépare le repas avant de me mettre au repassage.