L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 8 janvier 2023 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

2023, l'accident

imageJe ne sais pas vous, mais moi, j’ai commencé l’année en petite forme. Il faut dire, j’ai fini la précédente en très petite forme, aussi.
Un mélange de fatigue et de lassitude, de mélancolie et de ras-le-bol. Je traînais ma couenne péniblement d’une pièce à l’autre de la maison, avec l’envie de rien.
Et je suis devenu végé.

Alors non, pas végétarien ou végan, juste végétatif, à m’affaler sur mon canapé comme un clébard amorphe trop flemmard pour même se lécher l’entre-jambe.
C’est ma chère, tendre et aimante épouse qui m’a suggéré d’aller voir le médecin et de me faire prescrire une cure de n’importe quoi, vitamine, cocaïne, pot belge, pourvu que j’arrête de coller des miettes de chips entre les coussins.

La cure de vitamine n’a, au début, pas fait grand-chose. Jusqu’à ce que ma chère, tendre et aimante épouse ne me fasse remarquer qu’il ne s’agissait pas de suppositoires, mais de cachets effervescents. « Aaaaaaah, c’est pour ça que j’étais un peu ballonné et qu’à chaque flatulence, il y avait comme un petit parfum d’orange… ».

imageEntre Noël et le jour de l’an, pour m’occuper, elle a décidé de m’assigner diverses tâches à réaliser dans la maison : remplacer les poignées de porte, pour commencer. Au bout de la deuxième, en voulant la tester, je me suis enfermé – coincé – dans la chambre du premier étage et ai dû en ressortir parce que, forcément, mes outils étaient restés dans le couloir. Heureusement que je descends d’une longue lignée d’acrobates. Non, ce n’est pas vrai, mais peut-être que je l’ai lancée, la longue lignée d’acrobates. En tout cas, j’ai réussi à m’en sortir sans dommage, ni sur mon corps, ni sur mon toit ou ma gouttière.

C’est juste après, qu’est survenu l’accident. « Mon amour, pourrais-tu, si ça ne te dérange pas, aller relever le compteur d’eau ? Pour te remercier, je te servirai un verre de ton meilleur whisky que tu pourras boire juste avant que je te fasse l’amour avec fougue et passion ? » m’a demandé ma chère, tendre et aimante épouse avec ce regard mutin que j’affectionne particulièrement.

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Pour info, ma fosse de compteur d'eau est un peu plus grande et surtout plus profonde
Bon, en fait, j’ai eu droit à « Tu crois que tu seras capable, un jour, de bouger ton cul du canapé pour aller relever le compteur d’eau comme je te le demande depuis trois mois, espèce de parasite (bon-sang-jaurais-dû-écouter-ma-mère-et-ne-pas-épouser-un-déchet-pareil) ? » mais disons que je sais lire entre les lignes.

Quoi qu’il en soit, j’ai pris mon courage à deux mains, Je suis donc descendu dans la fosse où se trouve le compteur d’eau, pour en faire le relevé. Il faudrait que l’on m’explique cette manie d’enterrer ces putains de compteurs d’eau dans une fosse de 1m60 de profondeur. J’aimerais savoir qui a eu cette idée à la con et s’est dit « chouette, on va faire ça partout ! ». Histoire de le savater façon Dr. Martens coqués.
J’ai donc soulevé les deux lourdes portes en fonte pour accéder au compteur et ai sauté avec légèreté et habileté dans la fosse. Je vous ai dit que je suis issu d’une longue lignée d’acrobates qui commence par moi. Une petite photo du compteur et zou, on ressort de là.

Bon. Sauf que dans la fosse, il n’y a ni échelle, ni escalier. Que dalle. Avec l’âme d’un yamakasi, j’ai pensé prendre appui avec le pied droit, puis gauche, sur le muret pour m’extraire du trou à la force des jambes. Mais il pleuvait, il faisait froid, la fosse était pleine de boue et j’étais avec des chaussures à semelles lisses. J’ai pensé que c’était finalement moins risqué de me hisser à la force de mes petits bras musclés hors du trou.

imageMoquez-vous, tiens. Mais j’ai réussi. J’ai un peu râlé, un peu traité la mère de la création toute entière de grosse pute, mais j’ai réussi. Sans souci, d’ailleurs. Le souci est venu juste après. Quand je me suis retrouvé sur le rebord de la fosse et que ce putain de rebord en acier rouillé par des décennies d’intempéries, a cédé sous mon poids. J’ai glissé, je suis parti en arrière… et suis tombé de dos, tête la première, dans la fosse. Et la porte en fonte a cédé aussi et m’est tombée dessus.

A peu de choses près, j’aurais pu ne plus être ici pour vous écrire cet édito de la nouvelle année. J’aurais pu me fracasse le crâne contre le mur en parpaing de la fosse. J’aurais pu tomber la tête la première et me briser les cervicales, sous mon propre poids ou en cognant contre le compteur d’eau. J’aurais pu avoir la tête défoncée par la porte en fonte qui pèse, au bas mot, une bonne trentaine de kilos.

imageMais je vous ai dit que je suis un acrobate. Ou alors j’suis immortel, mais ça, c’est un autre débat. En tout cas, je me suis retrouvé au bas de la fosse, éclaté, avec une porte sur la gueule, plein de boue et pissant le sang, Mais vivant. Et je n’ai même pas abîmé le compteur d’eau. Je l’ai « esquivé » avec brio dans un mouvement de hanches que ne renierait pas la plus active des actrices de films pour adultes.

C’est ma chère, tendre et aimante épouse qui, alertée par le bruit – et sans doute les jurons – m’a retrouvé, de sang et de boue, mais debout, à moitié mort de rire, à me traiter de tous les noms à cause de mon manque de bol.

Je m’en suis sorti avec des contusions multiples, un gros gnon sur la tempe droite, de nombreuses coupures et écorchures, et une chaussure en vrac, mais vivant.

Aujourd’hui, une semaine et demie après l’accident, j’ai toujours un tendon du genou en vrac qui me fait boiter comme un roumain à un feu rouge, quelques douleurs et cicatrices çà et là, bref, je me traîne. De la chambre à mon bureau et du bureau au canapé, mais je me traîne.

« Et la santé, surtout », hein…

 

 
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