L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 20 novembre 2022 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Bon ou mauvais ?

imageJe suis quelqu’un de tout à fait serviable et sympathique. Si, si, comme dirait l’impératrice. Ah, et en plus, j’ai un sens de l’humour absolument délicieux. Je vous assure.
Certes, si vous demandez à mes deux merveilleuses et affectueuses filles, elles vous répondront, sans ambages, que mon humour est « éclaté ». La dernière fois qu’elles m’en ont fait la remarque, j’ai répondu du tac au tac, que c’était une bonne chose d’avoir un humour éclaté, un peu comme un shrapnel : avec un large champ d’action et qui fait des ravages. Mais pour comprendre la vanne, encore faut-il savoir ce qu’est un shrapnel, ce qu’elles ignoraient totalement.

Mais bref. Je m’égare. Je vous disais donc, en phrase d’introduction, que je suis quelqu’un de tout à fait serviable et sympathique. Vous voulez un exemple ? Cette semaine, un conducteur pressé d’aller acheter du pain et des cigarettes s’était garé sur une place réservée aux personnes handicapées. Moi, gentiment, je lui ai évité de prendre une amende. 135 € d’économisé ! Vous croyez qu’il m’a remercié ? Même pas ! Les gens ne sont pas sympathiques. Moi si.
« Pardon monsieur ! Vous avez oublié de mettre votre carte handicapée sur votre parebrise. Je préfère vous prévenir, la Police passe souvent à cette heure-ci et ils verbalisent… Il faut dire qu’il y a souvent des connards qui prennent les places pour personnes handicapées sans l’être alors qu’il y a plein de place ailleurs, juste pour gagner 10 secondes ».
« Nan mais tu te prends pour qui ? T’es de la Police ? »
« Ah non, non, pas du tout, je suis juste quelqu’un avec un grand sens civique qui veut vous éviter de prendre une amende. Parce que je vous assure, y’a des gros fils de pute d’enculés de leur mère qui se garent sur les places pour personnes handicapées sans l’être et paf, ils prennent 135 € dans leur mouille. Mais vous, je veux juste vous rendre service, hein ».

imageBen vous me croirez ou pas, mais il a mal pris mon aide. Pire ! Il était à deux doigts de me taper dessus. Ils sont bizarres ces handicapés, quand même !
Après, comme j’avais environ 20 cm et 40 kilos de plus que lui tandis que la seule chose qu’il avait de plus que moi, c’était au moins 15 ans, il est remonté dans sa voiture et est parti se garer… à 10 mètres de là, sur une place normale.
Quelle idée, quand même, de bouger sa voiture alors qu’il avait juste à sortir sa carte handicapé…

Les gens sont bizarres, quand même.

Bon, j’avoue. Je ne suis pas quelqu’un de serviable et sympathique tout le temps non plus. Je m’en suis rendu compte pas plus tard qu’hier. Des fois, je suis un être totalement abject et mauvais. Dans quelques années, si je continue sur cette voie, je serai devenu ce petit vieux irascible qui râle tout le temps et qui pourrit la vie des gens juste pour passer le temps.
Chouette, non ?
imageDonc, hier : j’ai gambadé cahin-caha, un peu patraque d’une semaine où je fus légèrement malade et en tout cas très fatigué, jusqu’à la boulangerie située près de chez moi. J’attendais patiemment mon tour quand sont entrés un père et sa fille d’environ 7/8 ans. C’était l’heure du goûter et les deux ont avisé sur l’étal un sablé (pour la fille), un chausson aux pommes (pour le père) et un pain au chocolat (pour le petit frère resté sans doute à la maison). Mignon, quoi. Enfin jusqu’à ce que la gamine éternue un gros mollard sur la vitrine de la boulangerie et que le père lâche un « c’est pas grave » au lieu de présenter ses excuses et expliquer ensuite à sa fille le concept de la main devant la bouche. Une scène qui s’est déroulée devant une boulangère un peu chagrinée quand même de voir un truc visqueux dégouliner devant ses gâteaux mais qui n’a rien osé dire de peur que les clients, nombreux, ne prennent le parti de la jolie petite fille aux grands yeux bleus et au sourire d’ange.

J’étais juste venu acheter une baguette. Mais je ne sais pas pourquoi, quand est venu mon tour, j’ai totalement craqué. Je suis aussi reparti avec tous les sablés (2), les chaussons aux pommes (4) et les pains au chocolat (7) qui restaient dans la boulangerie, sous les pleurs de la gamine et le regard hostile du père.

Le pire, c’est que je n’aime même pas les pains au chocolat.

imageJ’ai quitté la boulangerie la tête haute, le sourire aux lèvres, fier de ma connerie, sous les larmes de la petite fille qui voyait s’éloigner, je cite « son goûter préféré ». Et puis j’ai beau y penser, je n’arrive pas à avoir de remord. Même si cette anecdote fait de moi un être parfaitement abject.

Parce qu’après tout, c’est une belle leçon de vie.

Après, savoir laquelle exactement, c’est une autre paire de manche :
« La vie est dure » ? Trop facile.
« On n’a pas toujours ce que l’on veut dans la vie » ? Trop bateau.
« Le bonheur, ça tient parfois à juste fermer sa bouche » ? Pas mal, mais je peux trouver mieux… Allez, comme c’est une petite fille, on s’arrêtera sur cette leçon de vie-là :
« Des fois, pour accéder au plaisir, il faut se servir de ses doigts ».

 Sur cette belle image, je vous laisse. J’ai des viennoiseries à terminer, moi.

 

 
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