Publié le Dimanche 20 février 2022 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Cyrano de Bergerac

Le monde garde un œil sur son petit calendrier, cochant les jours comme autant de cases en moins jusqu’à la date de la grande libération : finis les pass, les masques, les interdictions et restrictions…  Moi, perso, j’avoue que je m’en bats un peu les steaks. Parce que, déjà, je me suis fais piquouser et que lesdites restrictions ne me concernent donc pas.
Oh oui, pardon, les discothèques étaient fermées, c’est vrai. Sauf que voilà bien longtemps que je ne vais plus me trémousser l’anus sur de la musique de merde, entouré de mongolitos qui lèvent les bras en cadence, avant de se précipiter au bar pour acheter un verre au prix d’un Smic.

Non, moi, mon petit plaisir printanier, et je vous en ai déjà parlé, c’est d’aller courir à poil dans les hautes herbes et revenir avec les yeux rouges à causes de mes putains d’allergies, et des tiques plein les couilles.

Mais bref. Le printemps arrive et le monde voit poindre avec lui la fin de cette pandémie de merde, tout en gardant la crainte d’une nouvelle vague insidieuse qui viendrait frapper cet été.

M’en fous, même après la fin des restrictions, je compte bien garder le masque. Parfaitement. S’il le faut, je ferai un stock de boîtes, mais je compte bien me déplacer masqué. Ohé ohé, comme dirait la Compagnie Créole. Déjà parce que j’aime bien ça, moi, les bals masqués. Ensuite parce que j’ai toujours eu un petit faible pour Zorro. Bon, il ne porte pas le masque de la même manière, mais on ne va pas chipoter pour quelques centimètres, comme dirait Rocco.

Alors bien évidemment, en extérieur, j’avancerai à visage découvert. Mais je prends souvent – très souvent – trop souvent – les transports en commun. Et là, j’estime que garder le masque est nettement plus raisonnable.

L’obligation du masque dans les transports en commun a clairement été, pour moi, un vrai sentiment de sécurité, de bien-être et de détente. D’ailleurs, c’est bien simple, je ne comprends pas toutes ces personnes – mais sont-elles vraiment des personnes ? – qui ne le portent pas ou qui le mettent sous le nez, ne recouvrant leur visage qu’à la seule vue d’un contrôleur.
Les inconscients.
Les crétins.
Les gros cons.

Moi, dans les transports en commun, je porte mon masque. Sur la bouche et sur le nez. Aucune exception. Et j’en ai sur moi plusieurs de rechange si d’aventure un accident arrivait (élastique qui claque, éternument glaireux intempestif…). Le port du masque, c’est VITAL !

Hein ? Si je suis flippé d’une possible contamination ? Ah bah pas plus que ça, non. Alors pourquoi le masque est un élément désormais vital dans les transports en commun ? Pourquoi je continuerai d’en porter après la fin de la pandémie ?

Mais parce que vous puez, bordel !

D’ailleurs, plus que l’obligation du masque, c’est l’obligation du déodorant que l’on devrait imposer dans les transports en commun ! Et à la place des contrôleurs, on aurait des renifleurs. « Bonjour monsieur, contrôle des dessous de bras. Levez les mains s’il vous plait. » Et tout fraudeur sera passé dans un rouleau nettoyeur, tout habillé, avec savonnage au détergeant.

Même avec le masque, certaines effluves nauséabondes de sueurs rances, d’haleines de mauvais vin, ou tout simplement de puanteur insoutenable me parviennent régulièrement dans les rangées du métro ou du RER, voire même du train. Cette semaine, encore, j’ai demandé à un type assis de l’autre côté du couloir, de garder son masque, qu’il ne cessait de retirer.
« C’est bon, faut arrêter la psychose » m’a-t-il répondu.
« Rien à voir », j’ai dit. « Vous puez simplement de la gueule ».
La petite clope avant de monter dans le wagon, dites-vous que c’est une vraie torture pour les autres.

Mais même si je sens encore les errances hygiéniques de mes concitoyens, le masque les atténue quand même beaucoup.

Même après la pandémie, je voyagerai donc toujours masqué.

Et ça, tant que vous n’aurez pas compris à quel point votre odeur est insupportable.