Publié le Dimanche 12 décembre 2021 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Je vais avoir la Covid-19

Je vais avoir la Covid-19.

Je sais, c’est moche. C’est très moche. C’est même très très moche de dire « la » Covid. J’aurais préféré dire « le » Covid-19, mais ce n’est pas moi qui fais les règles de français. Il vaut mieux d’ailleurs sinon je corrigerais les « la faute à » à coups de pelle dans la gueule et les « je croive » et « comme même » à grands renforts d’écrasage de genoux dans un étau.

Mais sinon, donc, je vais avoir la Covid-19. Sans rire, hein.

La faute à la bêtise humaine. J’ai pourtant, personnellement, bien fait gaffe. Peu de relâchement. Toujours dans la précaution. Mais je croive que je vais l’avoir comme même.

Je pourrais me lancer à nouveau dans un grand laïus sur la stupidité et l’égoïsme. Mais à quoi cela servirait, au final ? Le monde est monde, le monde est con, et on n’y changera jamais rien. Ça va même de mal en pis, quand on regarde la situation actuelle. Vous allez voir que si ça continue, dans 20 ans, Forrest Gump sera considéré comme un pur génie par rapport au QI moyen.

Ma contamination, comme tant d’autres cela dit, auraient pu être très largement évitée. Un petit apéro entre ami, et une personne qui vous sort à la fin la soirée qu’elle a un peu de fièvre, mais c’est juste un rhume, qu’elle a toujours de la fièvre quand elle a un rhume, et qui vous rappelle le lendemain pour vous dire que, ah ben non en fait, c’est la Covid.

Pareil, on pourrait déblatérer pendant des heures sur le fait qu’il faut vraiment être con, pas autant qu’un électeur d’extrême-droite, certes, mais pas loin, pour dans la crise sanitaire actuelle, ne pas prendre de précaution au moindre symptôme. Que par négligence (stupidité ?) ce sont les autres qu’on impacte, avec tous les désagréments que cela implique : les risques, la réorganisation du quotidien, l’incidence sur le boulot... et sur les fêtes, forcément… Négligence, bêtise, égoïsme. Un cocktail idéal qui gangrène jour après jour la société, à grands renforts d’emmerdements des autres.
Mais c’est comme ça. On n’y peut rien. Reste juste à savoir si, à force de combattre la bêtise humaine, j’en serai finalement victime ou pas.

J’attends donc les premiers symptômes sous peu. Savoir si je vais me taper un Covid sévère et/ou long, ou juste un petit Covidounet léger. D’ailleurs, pourquoi dit-on « la » Covid, mais « un » Covid long ? Quand c’est long et dur, ça devient masculin ?

J’espère juste garder le goût et l’odorat, bordel. Ça me ferait chier de boire du Whisky et d’avoir l’impression de me taper du Paic Citron. Et encore, je suis certain que la vie, cette pute, tentera de me baiser jusqu’au trognon : le Whisky aura un goût de Red Bull ou du Monster Energy.

En attendant, je me suis enfermé dans mon bureau. Histoire d’éviter de contaminer les autres. J’aère toutes les heures. C’est chouette, on est en hiver, donc je me pèle le jonc comme pas possible. Il n’y a pas la place de poser un matelas non plus. Alors je dors sur le carrelage. J’ai étalé quelques cartons pour isoler et je m’emmitoufle dans mon duvet. Si je suis encore vivant à Noël, je demanderai une tente Kechua en cadeau, c’est la continuité. Ma chère, tendre et aimante épouse me passe de la nourriture sous la porte. J’en ai un peu ras-le-bol de ne me nourrir que de jambon, vu qu’il n’y a que ça qui passe.

En tout cas, je ne sais pas si je fais une petite dépression en ce moment, mais ce qui est clair, c’est que j’ai une vie de merde.