Publié le Dimanche 31 octobre 2021 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Joyeux Halloween à moi

Aujourd’hui, c’est Halloween et, tradition oblige, les gamins vont faire le tour des rues pour quémander quelques sucreries.

Alors certes, « tradition », c’est un bien grand mot pour nous autres les gaulois, comme le faisait remarquer mon voisin avec qui nous dînions vendredi soir, ajoutant au passage que lui, il ne le fêtait pas, ne l’avais jamais fêté et ne le fêterai jamais parce que c’est encore « une de ces manifestations mercantiles qui n’a aucune racine chez nous, qui vient encore des USA, et s’impose sournoisement en France dans l’unique but de nous faire dépenser de l’argent dans des choses totalement inutiles ».

Bon. J’ai répondu que dépenser de l’argent dans des choses totalement inutiles, des fois, c’est quand même chouette et gratifiant, que moi, par exemple, j’ai acheté un kayak cet été alors qu’il n’y a pas un seul putain de plan d’eau dans le coin sur lequel il est autorisé d’en faire, mais ça, je l’ai découvert après, mais tant pis, c’est quand même cool.

Quant à Halloween, certes, ça nous vient des USA, mais pas tout droit parce qu’à la base, c’est au-dessus de la Manche que ça se passe. J’ai préféré ne pas répondre à ma fille aînée qui ne comprenait pas cette dernière remarque parce que, au-dessus de la manche, il y a l’épaule, ce qui me fait dire parfois que vu son niveau, soit elle est vraiment bien ancrée dans sa génération, soit ce n’est pas ma fille. Ou les deux, en fait.
J’ai précisé aussi que ce sont nos voisins du Royaume Désuni qui sont à l’origine d’Halloween, du moins dans sa forme moderne, et plus exactement les Irlandais et que les Irlandais, ce sont des gens bien parce que quand même, merde, ils ont inventé la Guinness.
Les Irlandais ont, entre autres choses, emporté cette tradition lors de leurs migrations massives aux USA, USA qui nous l’ont renvoyé par la suite avec une modification substantielle toutefois, à savoir qu’avant, on creusait des navets, pas des citrouilles. Remarquez, hein, ça pourrait être encore plus con : regardez, les Belges, eux, sculptent des betteraves…

Et finalement, j’ai décidé de fêter moi aussi Halloween. Déjà parce que j’aime bien les bonbons. Et ensuite parce que ça crée du lien social et que du lien social, de nos jours, on en a vraiment besoin. D’ailleurs, comme me le faisait remarquer ma chère, tendre et aimante épouse, connaître ses voisins c’est important. Et justement, moi, mes voisins ne me connaissent pas. La preuve, quand ils parlent de moi, ils ne m’appellent pas Cedric. Ils ne connaissent même pas mon prénom. A la place, ils m’appellent « le psychopathe du numéro 4 ».

Ça va être une belle fête, en tout cas. J’ai décoré ma maison pour mettre tout le quartier dans l’ambiance. Citrouilles creusées, faux squelette pendu à un arbre, fausses toiles d’araignées un peu partout et vrai chat cloué à la porte. J’ai dû quand même lui enfoncer une boule de papier dans la gorge parce qu’il miaulait un peu fort, ce con, on entendait plus la télé.

Et puis ce soir, outre le tour des maisons, j’ai prévu un grand feu de joie. Si, si, je vous assure, le feu de joie est également un des éléments festifs d’Halloween. C’est même marqué sur Wikipedia. Alors bon, si c’est marqué sur Wikipedia, j’ai droit. J’ai deux bidons d’essence, la haie du voisin d’en face, celle qui est contre les deux sapins tout moches et un paquet d’allumettes. Oui, je sais, c’est un peu de la triche et c’est limite niveau tradition. Mais moi je préfère travailler à l’essence. C’est moi propre, moins artisanal, je reconnais. Seulement le gros avantage, c’est que même s’il pleut, on l’aura, notre feu de joie.

Y’a intérêt à ce que les voisins filent des chamallows.

Cela dit, je pense qu’ils en auront. J’ai distribué des tracts en ce sens dans leurs boîtes aux lettre cette semaine, avec le fameux slogan « Des bonbons ou des sorts et les bonbons ce serait bien si c’était un paquet de chamallows ». Signé, le psychopathe du numéro 4.