La chronique cinéma de Paf ! : « Stillwater » de Tom McCarthy

 

Publié le Lundi 4 octobre 2021 à 12:30:00 par Paf!

 

La chronique cinéma de Paf ! : « Stillwater » de Tom McCarthy

Matt Damon au meilleur

Tatouage d’aigle américain sur fond de crâne ennemi, pataugas, jeans, chemise de bucheron et cap de base-ball, le Matt Damon épaissi d’« Invictus » nous revient dans un formidable rôle de taiseux trumpien, vivant symbole de redneck ou bien plutôt de ‘roughneck’.

Roughneck, n. m. : 1) personne inculte, brutale et vulgaire. 2) travailleur du forage pétrolier.

Alcool, drogue, bagarres, prison, Bill Baker n’est pas une belle personne.
Pas étonnant dès lors que de défonce en baston, de site en plateforme de forage, il n’ait guère connu sa fille, élevée par sa belle-mère après que sa femme se soit suicidée.
Pas étonnant dès lors qu’une fois obtenu son bac, cette fille ait choisi de quitter Stillwater et son Oklahoma natal pour mettre un océan entre elle et ce père et de faire des études en France. Pourquoi pas Marseille ?

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Sauf qu’elle n’aurait pas dû y coucher avec une étudiante arabe et l’assassiner au couteau dans une rixe amoureuse, ça fait tâche à tous points de vue… Bons princes, la justice et les médias français ont collé pour neuf ans de taule à l’« étudiante américaine ».

Et notre Bill, semble-t-il assagi, est lui condamné à faire le grand voyage Stillwater-Marseille chaque fois qu’il a réuni assez d’argent pour aller voir sa fille en prison. Cinq années ont passé mais elle proclame toujours son innocence.


Après « Spotlight » que je vous avais chroniqué ici, Tom McCarthy nous délivre une nouvelle fois un petit chef d’œuvre d’humanité. Alors même que le film n’est pas un polar pur jus ainsi que le laisse à entendre cette bande-annonce, ses 140 minutes s’écoulent sans temps mort, entre quête de la vérité sur le fait criminel marseillais et lente rédemption d’un américain moins que moyen s’ouvrant au monde. Nul doute que Thomas Bidegain, notre génial story-teller aimant à brasser grands personnages et petite histoire (« Un prophète », « De rouille et d’os », « Les cow-boys »,…) est passé par là.

Il est d’ailleurs très rare dans le cinéma américain venant faire une incursion en France que les français du film nous apparaissent comme ici à nous, français, comme tels. Ils sont généralement soit caricaturaux, soit sans francitude aucune, européens moyens.

Marseille - sa canebière, sa banlieue, ses calanques, ses ‘arabes’ français et son racisme de souche, ses chantiers au black et ses dépotoirs sauvages, … - existe vraiment dans ce film, aux côtés d’autres acteurs français d’une rare justesse de ton : Camille Cottin, Anne le Ny, Moussa Maaskri,…

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… ainsi qu’une formidable jeune actrice de neuf ans : Lilou Siauvaud.

Souhaitons lui d’avoir d’aussi beaux rôles d’adolescentes qu’Abigail Breslin jouant ici avec sensibilité la fille de Matt Damon, après avoir été celle d’Arnold Schwarzenegger et la sœur d’Emma Stone dans des films de zombie d’anthologie pour tout fan de Gam@live.

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Film U.S. marseillais pur souche, « Stillwater » est aussi bien un lent polar qu’un film d’amour, de rédemption, de découverte de l’autre et de soi. Un grand petit film et une ode à l’interculturalité sorti dans une période électorale française où le sécuritaire a déjà et encore fait sa réapparition.
Courrez-y avant qu’on l’interdise.

 

 
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