L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 30 mai 2021 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Chasseur-cueilleur-buveur

imageLes gens passent leur temps à me sous-estimer. C’est pénible, à la fin. Et surtout, après, ça fait tout un drame. Non mais franchement, je me matais dans la glace, à poil, pas plus tard qu’hier soir. Ok j’ai le tissu adipeux en pleine expansion. Mais j’ai quand même plus la bonhommie d’un grizzli sous acide que d’un gentil doudou nounours câlinou, nan ?

Enfin, j’veux dire, même Arthur, avant d’être flingué par l’autre enculé liechtensteinois, il avait quand même le bide qui pendouillait. Ou le sympathique Goiat, mon idole, il avait bien du ventre après avoir bâffré un poulain ou deux, nan ? Et pourtant, je doute que vous auriez aimé faire guiliguili à l’un ou à l’autre en le traitant de « gentil nounours à son pépère ».

En attendant, remplis de clichés sur les silhouettes vallonnées, les gens ne cessent de me prendre pour un gentil p’tit nounours empoté. Et ça fait des histoires. Du genre « tonton, t’es gros, je te défonce à la course ! ». Et quand je lâche un « chiche », les parents en rajoutent une couche « il va faire deux tours de terrain alors que tu n’en auras pas fait la moitié, hahaha, laisse-tomber, tu vas passer pour un con ».
Et après, ça chouine parce que, 50 mètres plus loin, « gnagnagni tonton il m’a plaqué gnagnagna j’ai le bras qui fait un angle droit dans le mauvais sens gnignagni j’ai perdu deux dents ».

On me sous-estime, je vous dis.

Sans compter, qu’après, on se fâche avec toute sa famille.

Mais c’est comme cette putain d’histoire de chat.

imageJ’écoutais la chanson de Brel, la dernière fois et sa fameuse tirade dans « Ces gens-là » : J’ai jamais tué de chat. Ou alors y’a longtemps. Ou bien j’ai oublié. Ou ils sentaient pas bon.

Moi, j’avoue en avoir shooté un ou deux au pare-chocs. C’est vrai. Mais jamais intentionnellement et, vu le contexte, c’étaient plus des suicides que des accidents. Je roulais doucement et ils se sont littéralement jetés sous mes roues.

J’entends déjà les « t’es un monstre, t’aimes pas les chats donc t’aimes pas les animaux, t’es une ordure, une pourriture, tu mérites de mourir et blablabla » et que ça te colle des photos et gifs de chatons à tire-larigot sur sa page Facebook, en fond d’écran, sur son smartphone et j’en passe.

A la base, faudrait quand même pas oublier que le chat, c’est un super-prédateur. Que la surmultiplication des matous défonce à grande échelle les oiseaux, les mulots, les libellules, les papillons et j’en passe. Le chat est une énorme nuisance. L’explosion ces dernières années du nombre de félins de compagnie a démonté l’éco-système des villes. Un chat, c’est un tueur en puissance. Il bute les autres espèces pour le plaisir, même pas pour se nourrir. Avoir un chat, c’est participer à cette nuisance. Et après, c’est moi qu’on accuse de ne pas aimer les animaux…
Certains vont sans doute répondre « Ah mais mon chat à moi, il chasse pas, il reste dans mon appartement ».
Un chat. Dans un appartement. Qui ne sort pas. Et donc, c’est moi qu’on accuse de ne pas aimer les animaux…

imageEnfin bref. A la base, cela dit, je n’ai rien contre les chats. J’en ai même eu. Ben ouais. Mais je n’ai jamais dit non plus que j’aimais les animaux, hein.
Aujourd’hui, en tout cas, je n’ai plus d’animal domestique, mes deux gamines me suffisant amplement niveau ponction financière et emmerdements suprêmes. Mais mes voisins, eux, ont une ribambelle de chats. Et parmi le cheptel de matous qui hante le quartier, deux ont décidé de prendre mes plantations pour leur litière. Je me suis fait chier à planter des groseillers et des salades pour agrémenter mon été. Alors qu’à la base, j’avais pourtant dit à ma femme que je préférais tout raser pour faire un parking. Mais sous prétexte qu’elle est plus nature que béton armé, je me suis retrouvé à faire mes plantations à genoux dans la terre.
Et derrière, je retrouve des morceaux de crottes et des tâches de pisse quasiment tous les jours sur mes cultures.

Alors je vous dis, à la base, je n’ai rien contre les chats. Mais moi je ne vais pas pisser dans leur pâtée ou chier dans leur panier. Et je prends ça pour une déclaration de guerre.

imageComme la vie est bien faite, je me suis souvenu que l’un des objets hérités de mon grand-père n’est autre qu’un magnifique et artisanal lance-pierres avec lequel il dégommait les corneilles qui venaient picorer ses fruitiers. J’ai donc décidé de lui redonner une seconde jeunesse, par hommage. Un nouvel élastique et un petit brin de cire pour assouplir le bois et il était comme neuf.

Et donc, encore une fois, j’ai dû faire face à des réflexions désobligeantes. On me sous-estime, je vous dis.

« La seule chose que tu vas réussir à blesser, c’est toi » ou « de toute manière, avant que tu touches quoi que ce soit, il pleuvra des endives » ou encore « le seul point commun que tu as avec Rahan, c’est que tu te balades souvent en slip »…

Alors c’est vrai qu’à première vue, si j’avais été un homme préhistorique, j’aurais inventé une nouvelle occupation. J’aurais plus été « buveur » que « chasseur » ou « cueilleur ». Mais quand même. C’est vexant d’être constamment sous-estimé.

Du coup, je me suis calé sur ma terrasse, dans ma chaise longue, un bon Ricard bien frais à portée de bouche (j’ai toujours été plus véloce et plus efficace après un ou deux verres), j’ai posé mon lance-pierres sur les genoux, ma réserve de cailloux dans la poche et quelques chips pour patienter. A la cool. Au soleil. A l’affût. Mi-sieste mi-apéro mi-tueur à gages. Ça fait trois mi, mais on s’en fout.

Et je les entendais bien ricaner, derrière mon dos.

BEN ELLES ONT MOINS FAIT LES FIÈRES, LES MEUFS DE LA MAISONÉE, QUAND JE SUIS REVENU AVEC TROIS PIGEONS MORTS, UNE PIE ET UN CANARD (Chais pas ce qu’il foutait là, mais il n’avait qu’à pas s’arrêter dans mon jardin) POUR ME FAIRE DU PÂTÉ, DES PANTOUFLES, DES MOUFLES ET UN DUVET !

imageOn me sous-estime, je vous dis.

Et pour agrémenter ce déjà bien beau palmarès, j’ai aussi shooté CES DEUX PUTAINS DE CHATS.

ON FAIT MOINS LES MALINES, HEIN ?

Au final, pour le fun et pour apporter une note d’humour et d’esthétisme, j’ai cloué les deux chats aux portes de leurs propriétaires respectifs. Vous me connaissez, chuis un gros déconneur.

En tout cas, le lance-pierres, je maîtrise grave. Et mes groseillers sont désormais peinards. Et faites gaffe, aujourd’hui, on annonce des giboulées d’endives.

 

 
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