L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 2 mai 2021 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Le Ninja des trous

imageAussi étonnant soit-il, je préfère reconstruire que démolir. Alors certes, le chirurgien esthétique qui habite à deux rues de chez moi me confiait la dernière fois « avec tous les clients que tu m’envoies, si tu n’étais pas là, mon chiffre d’affaires serait divisé par deux ». Ce qui ne plaide effectivement pas en faveur de mon amour de la reconstruction et me cataloguerait plutôt dans la catégorie « démolisseur ».

Sauf qu’en l’occurrence, avec cette affirmation, j’étais plus axé bricolage que pétage de gueule en sautant dessus à pieds joints. Et ce, même si je le fais avec des chaussures de chantier, coquées, bien résistantes et bien lourdes.

J’aime les défis du genre « ah, tiens, les anciens proprios ont dû avoir un dégât des eaux parce que quand je retire le carrelage, y’a le mur qui vient avec, regarde chérie, y’a un trou gros comme ma tête ».
Oui, bon, alors ce n’était pas tout à fait ça, j’avoue, mais là je romance. Donc j’embellis la chose. Effectivement, vous me connaissez, moi et mon langage imaginatif à faire pâlir de jalousie les plus grands romanciers du monde qui se demandent où je vais chercher de telles merveilleuses comparaisons. Je n’ai jamais parlé de « trou gros comme ma tête » mais plutôt de « trou gros comme une couille d’éléphant ».
Cela dit, si vous reconnaissez plus mon style dans cette hyperbole, sachez qu’il s’agit juste d’une figure imaginative censée souligner à quel point ce putain de trou était gros. Parce qu’en soi, et notez bien à quel point vous êtes, sans le savoir, sur un vrai site de culture, un éléphant n’a pas de couille apparente. Les testicules sont bien au chaud à l’intérieur et, du coup, ne sont pas si gros que ça. Observez bien la prochaine fois que vous croiserez un éléphant dans la rue (oui, bon, mais on ne sait jamais) et vous pourrez vérifier la véracité de mes dires. Et ça fera un joli sujet de conversation lors de vos prochains dîners mondains, dès le confinement levé.

imageMais bref, y’avait un putain de gros trou. Et je l’ai rebouché avec Brio. Brio étant le nom du chat des voisins. Donc j’ai mis aussi de l’enduit de rebouchage fibré microporeux spécial gros trous, pour que ça fasse plus propre.

J’ai aussi descendu une prise électrique de 4 cm. Et rebouché le trou avec maestria. Et non, les voisins n’ont qu’un chat.

Bref. J’aime boucher des trous.

Oui, d’accord, dit comme ça, ça peut prêter à confusion et vous laisser une drôle d’image dans la tête. Mais prenez ça au premier degré, voulez-vous ?

Voilà. Bon, je me rends compte que mon intro d’édito est aussi longue qu’un édito complet, en fait. Parce que oui, à la base, mon histoire de trou, c’était juste une intro. Parce qu’entre nous, savoir que j’aime reboucher des gros trous, vous vous en foutez un peu.
Par contre, savoir que je suis un entraînement de ninja actuellement, ça, ça vous intéresse sans doute ! Haha !

imageJ’ai en effet décidé d’affûter mes capacités, déjà hors-norme à la base, d’assassin silencieux et redoutablement efficace. J’ai décidé de parfaire mes compétences à sauter de branche en branche sans un bruit, à rouler-bouler sur un plancher ancien sans faire grincer une seule lame, à pirouetter dans un magasin de porcelaine sans effleurer une seule assiette.
Bon, là aussi c’est une image. Je n’ai aucune intention ni aucun contrat visant à l’assassinat d’un gérant de boutique de vaisselle, hein.

C’est juste que le télétravail peut vite s’avérer difficile et pénible quand on a un gus à côté de soi qui fait son haka matinal. Bref, rapidement, ma femme et, pire, les collègues de ma femme, m’ont rangé dans la catégorie « hippopotame terrestre » alors que moi, perso, je me voyais plus comme une petite belette agile.

Pourtant, à la base, hein, j’avais réussi toute la première partie : le bureau de ma femme est sur la mezzanine, au premier, juste au-dessus des escaliers. Et j’avais réussi à les monter sans faire un seul bruit. Hop. Ninja. Mais nickel, hein. Je vous jure : pas un grincement de marche, pas un bruit de pas… un vrai maître-assassin. Moi-même, je me suis surpris de tant d’aisance et était à deux doigts de m’autocongratuler, limite à me faire des bisous tellement j’suis un cador.

imageJ’ai juste oublié de lever un peu plus la jambe pour la dernière marche. Résultat, le bout de la chaussure a ripé et je me suis vautré comme un gland dans la porte en face. La porte de la chambre de ma fille. La porte dont les gonds ont cédé dans un grand craquement. Alors que ma gamine était en visio avec sa prof de français. Tandis que ma femme était en réunion avec tous les grands directeurs de son entreprise.
J’ai donc défoncé la porte, façon « Shining », sous-titré d’un « putain de bordel de chier la bite d’enculé sa mère de fils de pute de aïe ça fait mal ». Ce que la prof de ma fille a trouvé « imagé mais pas très soutenu, comme langage ».

Bref.

J’ai tué une porte.

Mais si je veux devenir un parfait assassin ninja, faut bien commencer par quelque chose, nan ?

 

 
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