L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 24 janvier 2021 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Les bonnes manières

imageAu fil de mes pérégrinations épistolaires, vous avez pu découvrir, toutes ces années, le roman fabuleux de ma vie. Vous savez donc à quel point je peux être un parfait gentleman, à l’éducation soignée et aux manières distinguées. Une sorte de mélange entre Charles Baudelaire et Nadine de Rothschild.

Euh…

Enfin bref. En parlant de bonnes manières, j’expliquais, l’autre jour, à ma fille cadette la nécessité pour un garçon d’avoir une bonne éducation et du savoir-vivre, et lui détaillais quel traitement je réservais au petit bâtard de fils de pute de raclure de merde dont elle s’était justement plainte cinq minutes auparavant.

Ma femme, qui passait par-là, me fit remarquer que mon langage, ces derniers temps, laissait à désirer, ce qui commençait à déteindre sur mes filles et, donc, lui déplaisait fortement.
Je lui fis part de mon grand étonnement.
Certes, les nombreux travaux que j’ai entrepris dans notre nouvelle demeure amènent parfois, lors d’un coup de marteau malheureux sur un doigt ou une écharde qui entre dans la main, une exclamation telle que « aïe », « zut », « flûte » voire « saperlipopette ». Eventuellement, dans un moment d’égarement, un « putain » ou un « sa mère la pute ».
Mais pas plus !
Et si rarement que nulle influence il ne pourrait y avoir sur notre si douce progéniture.

imageLe soir même, alors que ma fille aînée appelait sa sœur d’un « mais qu’est-ce que tu fous, je t’attends, tu te bouges le cul ? » et que cette dernière lui répondait « Je chie, j’suis aux chiottes ! », je ne pouvais que me rendre à l’évidence de la justesse des propos de ma chère épouse.
Outrée par cet échange dont elle m’imputait l’entière, totale et unique responsabilité, ma femme décida alors d’imposer un « bocal à injures » pour punir les grossièretés.

50 centimes par injure, majoré à 1 € à partir de 10 injures dans la journée. Et elle conclut que sous peu, nous pourrions à mes frais, nous faire un bon gueuleton, dès la réouverture des restaurants.

« Ha ha ha ! » m’exclamais-je, parce que quand je m’exclame, je hahaha souvent, « dans un mois, tu auras à peine de quoi t’offrir un Mc Do ! ».

Ainsi fut mis en place, dès le vendredi matin, le fameux bocal à injures. Et chacun de guetter les écarts de langage des uns et des autres.

Ce midi, à l’heure de l’apéro, ma femme a calculé le montant de la cagnotte.

imageAlors certes. Il est plus élevé que je ne le pensais. Mais il faut bien avouer que parfois, le sort s’acharne contre vous. Les étoiles sont mal positionnées dans l’univers de votre existence et Neptune rentre dans Uranus. Ce qui, si je croyais en cette pseudo-science ridicule qu’est l’astrologie, serait assez problématique parait-il. Cela dit, si Neptune rentre dans Uranus sans lubrifiant, j’veux bien croire que ça puisse faire mal.
Et donc, parfois, la vie, cette pute, vous plante un couteau dans le dos.

Un mur récalcitrant à démolir ; des linteaux à changer qui ont été plantés avec des clous de charpentier et collés au mortier ; du carrelage à découper à la meuleuse créant un mur de poussière à terroriser même les Touaregs pourtant habitués aux tempêtes de sable ; une ponceuse qui rend l’âme ; votre tournevis préféré qui se brise ; un perçage de trou dans un mur juste à l’endroit où il y a une tige de fer… et c’est tout votre monde qui s’effondre, emportant dans la crue de vos soucis, la légèreté de votre expression orale.

Deux après-midis de bricolage ont eu raison des bonnes manières que, selon ma femme, je n’ai de toute manière jamais eu. Et surtout, ont eu raison de mon porte-monnaie.

Et c’est ainsi que j’ai rythmé mes problèmes de travaux par quelques « merde » « putain » « enculé de sa race » « saloperie » « chiennasse » « sa mère la pute » « chier la bite » « va niquer ta race » « crevure » « raclure de chiottes » « putain de mes couilles » « sa chiasse » « poufiasse » « sa mère la pute » (oui mais j’l’aime bien celui-là, alors je le mets plusieurs fois) « tête de bite » « connerie » « j’lai eu c’t’enculé » ou encore, pour faire des mélanges, des « putain de chier la bite d’enculé de sa race de mes couilles de sa mère la pute »

La cagnotte a atteint… 257 € 50 cts. Mais attention, je ne suis pas le seul à l’avoir entretenue ! Ma femme également. Les 50 cts. C’est elle. Quand elle m’a fait remarquer à quel point j’étais con d’avoir monté un meuble à l’envers sans m’en être rendu compte.

M’en branle. Cet après-midi, j’abandonne les travaux. Et je vous laisse calculer combien ce putain d’édito de mes couilles va me coûter en plus.

 

 
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Commentaires

Ecrit par masta le 24/01/2021 à 14:51

 

1

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Inscrit le 26/05/2015

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Quand tu bricoles ce ne sont pas des injures ni des jurons, seulement des mots d'humeur qui ne devraient pas rentrer en ligne de compte. Et en plus de 20 ans de bâtiment j'ai de quoi remplir des boites à injures pour les générations futures...
Putain d'bordel de bite à culs...

102 Commentaires de news

Ecrit par 10r le 25/01/2021 à 13:23

 

2

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Inscrit le 18/03/2010

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je dis... la purée de tes os... en pensant la plupart des autres... tant que la prof de français ne me demande pas d’où ça vient.


bon cru
smiley 20

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