L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 25 octobre 2020 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

C'EST LA FIN DU MONDE !

imageHier, ma femme m’a empêché de sortir. Alors pour être tout à fait clair, ça n’avait strictement rien à voir avec le couvre-feu. Déjà parce qu’il était 19h et que j’aurais pu tout à fait me promener dehors sans risquer de me faire verbaliser, et ensuite parce que couvre-feu ou pas, quand il s’agit de sauver l’humanité, les lois ne s’appliquent plus. Non mais c’est vrai quoi. Vous voyez le flic mettre un PV sur la batmobile juste parce que Batman est sorti après 21h pour combattre le crime ? Vous imaginez les Rafales décoller et faire feu sur Superman qui traversait l’atmosphère pour arrêter une météorite tueuse qui risquait d’éradiquer toute vie sur la planète ?

Alors bon, je ne me compare pas non plus à Batman ni à Superman. Je n’ai pas cette prétention. Mais c’est aussi beaucoup à cause de mon aversion pour les futals en cuir moulant ou les collants en lycra. Et puis arrêter les criminels ou détruire les météorites, ce n’est pas mon rayon. Chacun son domaine d’activité. Moi j’ai déjà assez de boulot comme ça à combattre la connerie. Oh oui. Dieu sait si j’ai l’impression de parfois tenter de vider un lac avec une paille.

Mais je m’égare.

Hier, donc, j’ai compris que première vague, deuxième vague, troisième vague au printemps prochain, peu importe. L’humanité ne sait pas nager donc elle est destinée à se noyer.

Quelle saloperie cette pandémie de coronavirus quand même. Quelle vraie de vraie de saloperie de maladie. Alors qu’une bonne petite tuberculose, vous voyez, ça c’est la classe. Une bonne toux bien caverneuse, une petite fièvre des familles, des suées nocturnes, une grosse perte de poids au passage… Même ébola, c’est plus sympa, plus exotique : un peu de fatigue, quelques maux de tête, mal de gorge et diarrhée… c’est festif, quoi. Ou pendant qu’on est dans la période d’Halloween, une bonne petite peste bubonique. Fièvre, frissons, courbatures, bubons purulents… ça a quand même plus de panache.

imageParce que là, bordel, excusez du peu, mais le coronavirus, vous crevez quand même avec l’incapacité de distinguer la différence entre un grand cru et du jus de chaussette. Que vous vous tapiez un litron de villageoise ou une bouteille de Château Cheval Blanc, c’est kif-kif. Et vous êtes incapable de faire la différence entre le kébab avarié (pléonasme ?) vendu au coin de la rue et le déjeuner en 7 services du restaurant 3 étoiles Michelin…
Non parce que la fièvre de cheval, les courbatures, cloué au lit comme un lépreux en phase terminale, les poumons qui brûlent, l’impression d’étouffer comme une tanche hors de l’eau, c’est une chose. A la limite, ça a même un petit côté fin du monde joyeux. Mais la perte du goût et de l’odorat, merde, ça c’est insupportable. Moi je serais prêt à tuer le mec qui m’aura refilé cette saloperie et qui m’empêchera de faire la différence entre un Pure Malt 15 ans d’âge et une canette de Red Bull. Ah purée… le Red Bull. Vous savez ce qu’il y a de plus dégueulasse qu’un verre de Red Bull ? Deux verres de Red Bull.

J’entends déjà les plaintes effarouchées des amateurs – parce qu’il y en a – de cette saloperie de boisson immonde. « Ah mais non c’est vaaaachement bon » « oh mais moi j’aime bieeeeen » « en soirée j’aime en boire une canette ça m’aide à tenir ». Mais mon cul, ouais ! C’est dégueulasse et puis c’est tout ! Et vous avez simplement des gros goûts de merde ! Faut pas s’étonner ensuite que les restaurants ferment leurs portes et que les Mc Do fleurissent comme des boutons sur la tronche d’un ado ! Faut pas s’étonner non plus de voir les vignerons refourguer leur came à l’étranger quand on a une génération de gros débiles qui ne jure que par les Energy Drinks ! Faut pas s’étonner de voir la société tomber en déliquescence ! Et on ne se demandera pas d’où ça vient quand les volcans entreront en éruption, que les météorites nous tomberont sur la gueule ou qu’on sera envahis par les Russes, merde à la fin !

Euh…

Pardon, je crois que je me suis un peu emporté, là.

Mais quand même. Quelle putain de saloperie de maladie. La perte du goût et de l’odorat. Alors que si elle nous avait rendu sourds, ça aurait eu pas mal d’avantages, quand même. Non des moindres, celui de ne pas pouvoir écouter l’album de Squeezie.

imageHier, j’avais mis la télé en fond sonore pendant que je bricolais à la maison. Quand est passé un reportage sur le dernier album de Squeezie, avec quelques extraits balancés sans aucun avertissement. Alors que mes oreilles se mettaient à saigner abondamment, que j’étais pris de tremblements incontrôlables et que le repas du midi me remontait dans la bouche, impossible de mettre la main sur cette putain de télécommande pour couper le son. Je ne dois mon salut qu’à un réflexe incroyable. Une idée folle, risquée, un brin démente, mais qui m’a sauvé la vie quand même : plutôt que de continuer à supporter cet étron auditif, j’ai préféré mettre les doigts dans la prise et fait sauter tout le compteur. Ce coup de jus a agi comme un défibrillateur et m’a évité une mort horrible.

Direct, je me suis mis à poil, je me suis entouré d’un drap, j’ai pris un tambour et j’ai voulu aller dehors pour avertir les gens que c’est la fin du monde, qu’on est tous foutus, et que c’est bien fait pour notre gueule quand on appartient à une société qui accepte qu’une telle daube immonde soit produite.

J’ai voulu vous prévenir de brûler vos télés, de casser vos radios, de jeter vos ordis et smartphones. J’ai voulu vous sauver. Mais ma femme m’a empêché de sortir.

Tant pis pour vous.



 

 
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