Publié le Dimanche 27 septembre 2020 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

J'ai fait mes provisions en vue du prochain reconfinement

J’ai du mal à anticiper. J’avoue. J’suis un gars plutôt centré sur le court terme. Sur l’immédiateté de la chose. Sur l’instant. Plutôt dans la réaction que dans la préparation.

C’est vrai. Des fois, ça me joue des tours. Par exemple, ne pas prévoir une petite bâche plastique quand on saute à pieds joints sur une tête, c’est ballot. Surtout que nettoyer le sang sur les joints du carrelage, je peux vous affirmer que c’est vraiment galère. Je le sais, je l’ai fait plusieurs fois.
Ou quand on va voir les enfants du voisin pour leur expliquer poliment, avec civilité et gentillesse, à grands coups de pelle, qu’organiser une soirée, la musique à fond, à deux heures du matin en pleine semaine, fenêtres grandes ouvertes, c’est mal. En oubliant que le week-end suivant, on a un trou à creuser dans le jardin.

Au fil des ans, j’ai tout de même réussi à m’adapter face à mon flagrant manque d’anticipation. Un jeune, même les dents pétées, ça peut creuser avec les mains. Et voilà déjà quelques années que je ne jure plus que par la lessive St-Marc au savon de Marseille pour nettoyer les taches coriaces. Et puis j’aime bien l’ironie du petit ange sur le paquet, alors que vous récurez des morceaux de viande humaine sur le sol. Ça me rappelle tous ces gens qui parlent de leur « ange gardien » et qui croient dur comme fer en une entité supérieure qui les protègerait au quotidien. Si ça existe vraiment, moi, franchement, ce n’est pas un ange que j’ai, mais carrément un archange, vu le boulot qu’il doit abattre.

Enfin bref. Les temps changent et il faut s’adapter. Question de survie.

Vu que l’on se dirige tout droit vers un re-confinement, parce qu’il y aura toujours des gens trop cons pour comprendre le danger de la situation sanitaire actuelle, j’ai décidé de prendre les devants. C’est ma femme qui m’a suggéré de peut-être faire un peu de réserves en prévision, sur les choses essentielles, quand je suis parti faire les courses. Elle est comme ça, ma femme, elle prévoit tout, elle anticipe tout, elle est tout mon contraire. Tenez, les jeunes, elle, elle serait allée les voir pour leur demander gentiment de baisser le son ou de fermer les fenêtres. Une fois. Deux fois. Voire même trois fois. Avant de m’envoyer les voir. Elle est vachement moins dans l’impulsivité, dans la réaction immédiate.

Bon. J’avoue. Quand je suis revenu du supermarché, elle avait l’air totalement consternée. Pourtant, j’avais bien fait des réserves, hein. 3 bouteilles de Knockando, 2 bouteilles de Glenfiddich, 3 bouteilles de Glenmorangie, 1 bouteille de Longmorn, 2 bouteilles de Dalmore, 2 bouteilles d’Oban, 2 bouteilles de Cardhu, 1 bouteille de Benromach, 1 bouteille de Dalwhinnie, 2 bouteilles de Bowmore, 1 bouteille de Macallan, 1 bouteille d’Aberlour, 1 bouteille de Benriach, 2 bouteilles d’Oban (oui, mais bon, il était en promo, alors j’en ai repris deux autres). Ah. Et 3 bouteilles de Balvenie. Et 1 de Cragganmore. Et c’est tout. Enfin, y’avait aussi 2 bouteilles de Glenfarclas et 1 de Fettercairn, mais bon.

Ah ben ouais, mais si on ne me précise pas, moi je prends les produits essentiels pour moi, hein.

En tout cas, je suis paré pour un nouveau confinement. Et si confinement il n’y a finalement pas, ben, j’ai de quoi fêter ça.

D’ailleurs, si confinement il n’y a pas, vu l’évolution de la situation, j’aimerais avoir une petite pensée pour les notaires qui auront un boulot monstre début janvier… pour gérer les héritages. Parce que Noël, ça va être une putain d’hécatombe.

Le « Ho. Ho. Ho. » deviendra le « Keuf. Keuf. Keuf. »