Publié le Dimanche 30 août 2020 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Le port du masque

Dans les méandres fangeux d’une humanité délitée, j’ai depuis bien longtemps apostasié ma philanthropie et m’abîme aujourd’hui dans une fosse de prostration et d’affliction où je puis m’adonner à l’exécration de mes semblables.
Ma consternation a atteint son paroxysme, sublimée par les réactions effarantes d’une société perdue où l’humain enivré de certitudes s’agite tel un ivrogne dégénéré, brandissant ses idéaux nauséabonds.
Et me voilà, asthénique et cacochyme, assistant impuissant à l’effondrement total de l’intelligence.

La nausée me monte à la bouche et je dois serrer les dents pour ne pas vomir mon ébahissement accablé quand je vois le terme de liberté souillé à chaque image, violé par des êtres pompeux dont le discours empathique masque à peine le grotesque, le mépris, quand ce n’est pas une volonté de jeter aux Apothètes le reste de l’humanité.

Il m’est plus qu’insupportable d’entendre brâmer ces étêtés brandir leur sacro-sainte vision de la liberté et ainsi revendiquer le droit de déambuler visage nu. Je suis abasourdi d’entendre parler d’inconfort lié à la chaleur ou la fluidité respiratoire, pour justifier leur comportement génocidaire, et effondré que certains prônent la sélection naturelle de résistance à la maladie dans leur volonté de ne pas affecter leur quotidien, rappelant ainsi des heures passées où les bottes en cuir martelaient le pavé et les chemises s’habillaient de brun.

Comment peut-on, en toute décence, être aussi mentalement déficient pour prôner sa liberté de faire admirer son rouge-à-lèvres face au risque de tuer des personnes ?
Comment peut-on manifester son droit à contaminer les autres impunément, stoïque, sans même abîmer sa conscience, quand contaminer rime trop souvent avec condamner ?

Et surtout, comment ceux qui ont perdu un fils, une fille, un mari, une femme, un père, une mère, un frère, une sœur, résistent-ils à l’envie de prendre les armes pour aller leur péter leur putain de gueule d’enculés de leur race ?

A s’abreuver l’intellect sur Youtube et faire d’Instagram sa nouvelle bible, la société a perdu toute notion de réflexion, de logique, de compassion et de raison. Mettant au piloris les dirigeants qu’elle a pourtant élus, sacrifiant sur l’autel de sa défiance l’information professionnelle, elle s’est donnée pour Dieux quelques stars du show-business qui dictent leurs préceptes à un troupeau subjugué par le strass et se complait dans une méfiance complotiste, remettant en cause les crédos mêmes du bon sens.


Et pourtant…

Les super-héros ont toujours avancé masqués. Aujourd’hui, ils le sont plus que jamais. Et ils font fi de cet inconfort, parce que leur but est toujours le même : sauver des vies.

Que ceux qui le refusent répondent de leur individualisme à la Roche Tarpéienne : A leur épuration génétique, opposons-leur une épuration intellectuelle.