L'Edito du dimanche

 

Publié le Dimanche 21 juin 2020 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Un bain de sang

Hier soir, je prenais tranquillement mon bain en chantant à tue-tête les derniers succès de la pop française.

Autrement dit, j’alternais entre « le Youki » de Richard Gotainer et « Les Histoires d’A » des Rita Mitsouko, glissant çà et là un « Partenaire Particulier » ou un « Take on me » de A-ha. Alors je vous entends d’ici me faire remarquer que A-ha n’est pas spécialement un succès de la pop française. Certes. Mais ça dépend de la manière dont on le chante. Je vous assure.

Bref, « j’ambiançais » la maison, comme diraient mes gamines, à un détail près que ce n’est pas forcément une « ambiance » qui convenait à leur génération de débiles qui ne jurent que par les Youtubeurs. Tiens, manqueraient plus que ces crétins se mettent à chanter et ce serait la totale. Ah. On me dit dans l’oreillette que c’est le cas. Bon, ben on est définitivement foutus, alors.

Tout à coup, je me suis rendu compte que mon bain était devenu complètement rouge. Rouge vermillon. Ma première réaction a été de me dire que j’étais peut-être devenu Jésus et que j’étais enfin capable de changer l’eau en vin. Et j’ai voulu goûter pour savoir si je changeais la flotte en millésime ou en piquette de supermarché. Petit souci : j’étais dans le bain. Pas sur le bain. Non parce que si j’étais vraiment devenu Jésus, je me serais forcément mis à flotter, non ?

Bon. C’était du sang. Un bain de sang. Je suis sorti directement de la baignoire et ai voulu m’essuyer sauf que… ma serviette de bain est blanche. Alors que je déteste les serviettes de bain blanches et que la mienne, normalement, est bleue ou grise. Sûr que c’est ma femme qui l’a changée juste pour me faire chier, tiens. Et si je m’essuie avec, forcément, je vais me faire défoncer pour l’avoir tâchée avec du sang. J’ai donc juste traversé la maison pour aller mettre un slip, une fois n’est pas coutume, laissant malgré moi des traces de pas rouges sur le plancher.

Quand je suis descendu dans le salon (ma salle de bain est à l’étage), j’ai trouvé Kendji Girac dans mon salon en train de siffler mon whisky. J’ai crié. Il a crié. J’ai crié. Il a hurlé. Je lui ai demandé de laisser mon whisky. Il est parti en courant. Faut dire qu’un mec en slip, dégoulinant de sang, qui débarque devant vous en hurlant, c’est plus proche du Retour des Morts-Vivants que d’une soirée Barbecue entre amis.

Je suis sorti chercher ma femme et je me suis retrouvé dans la rue. En slip. Parfaitement. Là, j’ai marché sur un bébé hérisson. Pieds nus. Je pense que j’ai eu aussi mal que lui. A la différence près que je n’ai pas fait « splosh » en répandant mes viscères sur le trottoir.

Comme j’avais des pics plein le pied, je suis allé à la pharmacie. Devant, une association de défenses des animaux m’a pourri la vie parce que j’avais écrasé un hérisson et a voulu m’obliger à manger un steak de soja et pois. Alors je les ai défoncés. Ensuite, y’a une infirmière qui est venue m’engueuler parce que je n’avais pas applaudi à 20h pendant le confinement et que les pics dans mon pied, c’était bien fait pour ma gueule, qu’elle ne m’aiderait pas.

Du coup, j’ai mis le feu à la pharmacie en allumant leur réserve de gel hydroalcoolique, aidé de Gimli du Seigneur des Anneaux.

Puis y’a ma femme qui a débarqué et m’a engueulé. Soi-disant que je n’arrêtais pas de bouger dans le lit. Mais pour le coup, ça m’a réveillé net.

Hier, ma fille cadette a eu ses premières règles. J’ai marché sur une épine de Pyracantha qui a transpercé ma chaussure et s’est cassée dans mon pied. J’ai croisé des amis qui venaient de sauver un bébé hérisson et qui n’ont pas trouvé drôle ma réponse à leur question « où est-ce qu’on peut l’apporter ? ». Alors qu’il y a un camp de gitans pas loin. Enfin, hier soir, devant une pub pour des steaks de soja, ma femme m’a dit qu’elle voulait goûter. J’étais en train de passer la serpillère parce que j’avais renversé le flacon de gel hydroalcoolique sur le carrelage. J’ai frappé le sol avec le balai en criant « You Shall Not Pass avec ta bouffe de merde ! ».

Pour souligner ma totale désapprobation, j’aurais peut-être dû éviter de taper dans le reste de choucroute, juste avant d’aller me coucher. Ou du moins, j’aurais peut-être dû le réchauffer d’abord…

 

 
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