L'Edito du dimanche

 

Publié le Dimanche 7 juin 2020 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Mauvais, pervers, désaxé, méchant, dangereux, sanguin et violent

Hier, je débattais avec une cavalière sur la condition animale. Vous connaissez ma position à ce sujet. Je suis plutôt porté sur la condition bouchère que la condition animale. De son côté, la demoiselle m’expliquait qu’un cheval, c’est une personne, au même titre qu’un enfant.
A quoi je lui ai répondu que non. Que par exemple, si je croise un cheval et que je demande si je peux le caresser, personne ne trouvera ça bizarre. Alors que si croise un enfant…

Enfin vous voyez l’image, quoi.

Résultat, devant ce qu’elle a appelé mon « apparente mauvaise foi » et que moi je définirai plutôt « d’argument ultime », elle a préféré clore la discussion en soulignant à quel point je suis un être mauvais, pervers et désaxé.

Soit.

Hier soir, nous dînions chez un ami qui s’était, le matin même, fait un tour de reins. Boîtant avec peine, se mouvant avec l’élégance d’un gastéropode bourré et cul-de-jatte par-dessus le marché, il tentait, tant bien que mal et plus mal que bien d’ailleurs, de faire bonne figure et réprimait chaque lancinante douleur par une grimace, ajoutant un côté Quasimodo à sa démarche. Telle une Esméralda de samedi soir, ma femme, aux mains expertes, lui a alors proposé une ou deux palpations apprises de sa sœur kiné, dans le but de soulager sa douleur. Cela dit en tout bien tout honneur, je tiens à le souligner, et dans un simple élan de bonté et de sympathie à l’égard de notre hôte.
Hôte qui s’est empressé de refuser l’offre en expliquant qu’il tenait à ses jambes, apeuré qu’il était de prendre un mauvais coup de ma part si d’aventure ma femme venait à poser ses mains sur lui.

Et la conversation de glisser sur le thème de mon irascibilité chronique qui, en théorie, pourrait être facilement contrôlable chez le commun des mortels, mais que ma dextérité en qualité de batteur rend particulièrement problématique. Bref, à quel point je suis un être mauvais, méchant et dangereux.

Soit.

Ce matin, une fois n’est pas coutume, je décidais d’aller chercher pain et croissants à la boulangerie du village d’à-côté. Parce que bon, c’est la fête des mères et une petite attention fait toujours plaisir et non, si j’ai décidé depuis une semaine d’y aller tous les jours, ça n’a rien à voir avec le fait qu’il y ait une nouvelle boulangère et qu’elle soit mignonne, je vous assure, rien du tout à voir bon d’accord un peu mais là n’est pas le propos arrêtez de m’interrompre et laissez-moi finir mon histoire bon sang.
Bref. Je traversais la rue pour me rendre à mon véhicule quand un rebut de fin de soirée décida de griller le stop, ignorer le passage piéton et manqua d’un cheveu de me happer une jambe avec sa calandre. Alerté par le bruit, un voisin se mit en quête de me raisonner, tandis que je sautais en hurlant debout sur le capot sous le regard terrorisé du conducteur qui, lui, essayais de se cacher sous les sièges.
Je le laissais finalement repartir au volant de sa 206 légèrement transformée en compression façon César, non sans l’avoir obligé à me demander pardon à genoux, mais ça, c’est juste en hommage au mouvement Black Lives Matter et ce même si je ne suis pas noir, on peut quand même soutenir des causes même sans être touché personnellement par elles, d’abord, merde à la fin.

Et mon voisin de m’expliquer que j’avais peut-être quand même un peu surréagi, qu’il avait quand même appris de nouvelles insultes dont il ne soupçonnait même pas l’existence… Bref, à quel point je suis un être mauvais, sanguin et violent.

Soit.

Mais ça faisait beaucoup de Soit en deux jour, là.

Je vous le demande donc, chers lecteurs, à vous, qui me suivez de semaine en semaine : suis-je réellement un être mauvais, pervers, désaxé, méchant, dangereux, sanguin et violent ?
Suis-je réellement cet être démoniaque dont la seule évocation laisserait s’échapper, si nous vivions dans un film, le bruit d’une brise glaciale d’où s’échappe le croassement rauque d’un corbeau ?

Au contraire, ne suis-je pas qu’amour, bonté et générosité ? Amour de mon prochain, bonté envers mon prochain et générosité envers ma prochaine ?

Soit.

Au mépris des gestes barrières et de l’élémentaire principe de précaution, la semaine prochaine, je ne serai que tendresse. Je serai source de bonheur, de joie, d’amour. J’embrasserai mon prochain. J’embrasserai ma prochaine.

Je caresserai même des enfants, s’il le faut.

 

 
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Commentaires

Ecrit par clayman00 le 08/06/2020 à 09:09

 

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La question est surtout de savoir si nous sommes des désaxés pervers et violent d'apprécier de lire ta prose...

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