L'Edito du dimanche

 

Publié le Dimanche 19 janvier 2020 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Panne sexuelle

La semaine a été particulièrement difficile. Et pénible. J’ai eu un énorme coup de moins bien. Un énorme coup de mou. C’est le cas de le dire. Je vous explique. Dimanche dernier, pour aider un peu à éliminer les excès du week-end (voire de la semaine) (voire du mois) (voire de l’année) (voire de la décennie parce qu’après tout, l’excès, j’ai l’habitude), ma femme m’a proposé d’aller faire une longue balade à pieds, dans la campagne environnante. Alors je lui aurais bien répondu que la campagne environnante, c’est joli, d’accord, mais ça pue, y’a plein de boue, y’a des insectes, y’a même des animaux, c’est humide, alors que je pourrais rester bien peinard sur le canap’ à jouer à des jeux vidéo et que dans les jeux vidéo, parfois, on peut flinguer des animaux alors que dans la vraie vie ça fait toujours des problèmes, je le sais, j’ai déjà essayé… j’ai finalement préféré répondre « bien sûr ma chérie » parce qu’elle avait ce regard qui vous faire dire que si vous espérez quoi que ce soit d’elle ce soir, vous feriez mieux d’accepter et justement, moi, j’espérais quelque chose d’elle le soir même que ça impliquait des porte-jarretelles, du lubrifiant, voire même des menottes, mais je ne rentrerai pas dans les détails, ce n’est pas le sujet, n’insistez pas.

Bref, dimanche dernier, je me suis retrouvé à crapahuter dans la pampa au milieu des chevaux, des biches et, pire, des promeneurs. Bon. C’était sympa. Long, mais sympa. En plus, le froid et la période n’étant pas spécialement propice aux balades, des promeneurs, on n’en a pas croisé des masses. D’ailleurs…

Hiver ou pas. Ces senteurs naturelles de feuilles, de troncs, le bruissement des arbres, le cri d’agonie des oiseaux qui meurent de faim, les odeurs sacrément musquées des sangliers… moi je n’y peux rien, mais toutes ces choses, ça m’excite.
Bon. Ma femme vous répondra que de toute manière, quel que soit le lieu, j’ai tendance à être excité. Certes. Mais là, justement… personne aux alentours… ses petites fesses remuant à chaque saut entre deux flaques de boue… Je n’y peux rien, je l’ai prise par la main, emmenée derrière un arbre, embrassé fougueusement tandis que je prenais à pleine main sa généreuse poitrine, j’ai défait son pantalon et là…

Ben rien.
Que dalle.
La panne.
Déchéance ultime. Pas même un début d’érection propice à me lancer dans un hélicobite forestier.
Rien, vous dis-je.

Le choc.

Ô rage ! ô désespoir ! ô viellesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux sexuels, Que pour voir en un jour se flétrir ma quenelle ?

Même réciter le Cid dans les bois, le pantalon sur les genoux, n’a pas réussi à raffermir mon membre qui, jusqu’à aujourd’hui, ne m’avait jamais trahi de la sorte.

Honteux, choqué, marqué dans ma chair, je reprenais ma route, ma chère et tendre me regardant avec un sourire mi-amusé, mi-moqueur, sur lequel j’hésitais quant à sa signification, entre « que de la gueule » et « il fait moins le malin, le sanglier en rut ».

Miné, cette infamie tournant en boucle dans ma tête, j’essayais le soir même de conjurer le sort en me jetant sur elle pour la faire hurler de plaisir sur la table du salon. Et tant pis pour les voisins, médusés, qui étaient venus prendre l’apéro.

Mais là encore. Que dalle.

Ô cruel souvenir de ma gloire passée ! Oeuvre de tant de jours en un jour effacée ! Nouvelle dignité fatale à mon bonheur ! Précipice élevé d'où tombe mon honneur !

Non, le Cid ne fonctionnait décidemment pas. Cela dit, il faudra peut-être que je change mes références littéraires et que je passe sur du Verlaine et ses poèmes érotiques la prochaine fois.

Je me retrouvais donc, debout, la nouille désespérément pendante, la larme à l’œil et une vive envie de me suicider en écoutant toute la discographie de Christophe Maé pour que la mort soit la plus douloureuse possible.

Je me voyais déjà, l’existence rythmée par l’ingurgitation de petites pilules bleues, expliquer à mes maîtresses qu’il faudrait désormais prévoir une heure à l’avance nos rendez-vous le temps que le médicament soit efficace et qu’il faudrait, désormais, se limiter à seulement sept heures d’activités cochonnes, durée maximale de son effet.

Finalement, alors que je m’apprêtais à me trancher l’appendice flasque et désormais inutile à la feuille de boucher, c’est ma femme qui m’a plutôt conseillé d’aller voir notre médecin. Qui est une femme, est-il utile de le préciser. Plutôt jolie, d’ailleurs. Médecin qui m’a vite rassuré, en fait à base de « mais non, regardez, quand je fais ça, et ça, puis ça avec la bouche, ça fonctionne parfaitement ».
En fait, c’est aussi elle qui a trouvé l’explication : dimanche dernier, il faisait vachement froid. Et le froid, bah, des fois, ça aide vraiment pas. Oui mais ensuite, à la maison ? « Le stress, la peur d’un nouvel échec, trop de pression accumulée… ».

Ah. Bon. Le froid.

Putain d’hiver.

Ce soir, je ressors la bûche. Je vous dirai si c’était du chêne ou du caoutchouc.

 

 
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