Publié le Dimanche 12 mai 2019 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Let's talk about sex, baby

Ma fille aînée est en pleine découverte de la sexualité.

Alors je vous rassure – ou plutôt je vous recadre – tout de suite. On parle de théorie, là. Le premier petit con qui sort son vermicelle devant elle pourra directement aller postuler pour un emploi d’eunuque paraplégique édenté, une fois que je lui aurais refait l’éducation à grands coups de Justice Divine. Faut pas déconner.

Oui, il faut peut-être que je précise que « Justice Divine », c’est le nom que j’ai donné à ma batte de baseball cloutée en aluminium. C’est un détail qui a son importance.
Et le premier qui me fait remarquer que les clous, c’est sur une batte en bois qu’on les met généralement, je lui rétorquerai qu’il ne faut pas sous-estimer la détermination paternelle.

Mais bref.

L’Education Nationale dispense des cours d’éducation sexuelle aux élèves de collège. Et notamment de 4ème. Ce qui tombe bien puisque ma fille aînée, justement, est en 4ème. Des cours nécessaires puisque question qualité de l’enseignement, Youporn laisse franchement à désirer, et que tout le monde n’a pas la chance d’avoir un père qui se donne en spectacle à faire l’hélicobite debout sur une table en chantant « You spin me right round, baby, Right round like a record, baby, Right round round round ».


Même si on peut quand même s’interroger sur la pertinence des cours donnés à ce sujet puisque je ne suis pas certain que le schéma de la coupe transversale d’une bite soit vraiment primordial comme connaissance dans la vie de tous les jours. Au contraire, ça aurait plutôt tendance à les dégoûter. Ce qui en soi, d’un point de vue strictement personnel et paternel, n’est pas une mauvaise chose, cela dit.

En tout cas, ma fille en a retenu deux points essentiels : d’une part, le sexe, c’est juste pour faire des enfants. Ensuite, une fois qu’on les a, c’est fini, on ferme boutique.
Je ne sais pas si les cours étaient dispensés par une branche extrémiste catho ou si elle a fait une simple déduction personnelle, mais voilà avec quelles certitudes elle a découvert les appareils reproducteurs masculin et féminin.

Bref, à bien y réfléchir, ma fille se dit que ses parents n’ont fait l’amour que deux fois, une pour l’avoir elle et l’autre pour sa petite sœur, tout en nous expliquant qu’on aurait pu s’arrêter après elle parce qu’une petite sœur, c’est quand même vachement chiant.

Alors moi, j’ai voulu lui expliquer que non, que papa déglingue régulièrement maman et que d’ailleurs, hier soir, elle était à cheval sur lui en poussant des petits « ohouiohouiohoui » et que le « boumboumboumboum » régulier c’était qu’ensuite, maman se tenait à la tête du lit qui cognait contre le mur pendant que papa lui refaisait la lunette arrière… mais en réalité, j’ai juste eu le temps de commencer la phrase « non, papa dégl… » avant d’être interrompu par le regard noir de ma chère et tendre épouse bien décidée, elle, à préserver le peu d’innocence qu’il reste à ma fille malgré le côté totalement déluré de son paternel.

Bref. Ma fille est persuadée que ses parents n’ont plus aucune sexualité depuis qu’ils ont eu leur deuxième enfant. Et est convaincue que, de toute manière, le sexe, c’est franchement sale.

Pourvu que ça dure.