L'Edito du dimanche

 

Publié le Dimanche 6 mai 2018 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Je suis dans la merle...

imageJ’ai sauvé un oiseau. Et oui. Un oiseau blessé. Qui l’eut cru ? Sous ce cœur de pierre se cache un petit cœur chamallow qui bat tendrement pour toutes les merveilles de la nature.

Récit d’un sauvetage épique et qui a failli dégénérer plus d’une fois…

1er jour…

Rentré chez moi le midi pour récupérer quelques affaires oubliées et envoyer quelques mails persos importants, j’ai remarqué un gros oiseau noir qui sautillait dans le jardin. Il s’est même approché à un mètre environ de moi…
« - Ben t’es pas farouche toi, vas-y, casse-toi sinon je te fais un massage crânien avec mes rangers, tu verras, ça va faire crounch ».

Mais c’est le soir que j’ai été mis au courant de l’ampleur du problème. C’est ma femme qui m’a expliqué : « T’as vu, y’a un merle blessé dans le jardin. Faut que tu t’en occupes. »
Comme je suis quelqu’un de mâture et de très concerné par les problèmes de l’Ecologie et de la Nature en général, j’ai trouvé une réponse toute appropriée : « Euh… pourquoi moi ? ».
« Ben tu ne crois quand même pas que je vais le faire, non ? C’est toi l’homme de la maison et… »
J’allais la couper et me lancer dans une grande tirade sur l’égalité des sexes, sur la diversité, thème pourtant cher à son cœur puisqu’elle s’en occupe dans son boulot, et que ce serait bien qu’elle s’en occupe aussi à la maison, alors merde aux clichés, je veux bien pour une fois me servir mon whisky tout seul mais c’est la dernière fois, hein, pendant ce temps-là, va gérer ton piaf si t’as envie, moi j’ai eu une rude journée, j’ai paumé 2-1 à PES cet aprèm contre un pote.

En gros, ça a donné à peu près ça :
« Oui mais non, mais… » suivi d’un « PAPAAAAAAAAAAA ! » hurlé dans les escaliers par mes filles. « PAPAAAAAAAAA ! Y’a un merle blessé dans le jardin ! Faut l’aider ! Faut que tu l’attrapes et qu’on lui fasse un nid avec un carton et qu’on le nourrisse on va aller creuser chercher des vers de terre et on l’appellera Jean-Pierre et on va le garder et ce sera notre copain et… »

imageBon. Merde à la fin. Comme le disait leur mère, c’est moi l’homme à la maison. Alors je devais prendre les choses en mains.
« Oh me gonflez pas avec vos envies d’adoptions d’animaux, hein. Chérie, va me chercher une pelle. J’vais lui tartiner la gueule, moi, au piaf, ça va pas traîner, et demain, on se le bouffe au barbecue, paraît qu’il va faire beau. »
« Maais Papaaaaa ! Tu vas pas manger le merle ! »
« Ben à défaut de grives, hein… »
(Vanne qui a fait un gros bide, preuve que les gamins, c’est rien que des gros nuls quand il s’agit d’humour un peu subtil et de culture générale).

Bon. Merde à la fin. 30 secondes plus tard, j’étais un tueur d’oiseau, un père sans cœur, un époux violent, un psychopathe de la pelle et si ça continuait, j’allais passer la nuit dans ma bagnole.
Bref, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai… euh… j’ai pris mon téléphone et j’ai appelé à l’aide…

Tu parles… Trouver quelqu’un pour le soigner et s’en occuper relève du parcours du combattant. Tout le monde semble s’en foutre. Faut vraiment être motivé.
Une association de protection des animaux des villes m’a carrément envoyé chier. Bon, on le bouffe alors ? « Paaapaaaa, noooon ! ».
Une autre association m’a renvoyé vers l’option vétérinaire. Vétérinaire qui m’a renvoyé vers un confrère…. Qui m’a dit d’appeler les pompiers. Pompiers qui m’ont dit qu’ils ne se déplaçaient pas pour un merle en raison de l’absence de danger pour ma famille et moi et qui m’ont carrément conseillé de le laisser crever. Bon, on le bouffe alors ? « Paaapaaaa, noooon ! ».
Un autre vétérinaire m’a alors envoyé vers deux autres associations de protection des piafs. Aucune ne répondait… Bon, on le bouffe alors ? « Paaapaaaa, noooon ! ».

Jour 2.

Jean-Pierre va bien. Il sautille partout dans le jardin et chie sur mes rebords de fenêtre. Mes filles lui ont filé des miettes de pain. Elles sont aussi planqué ma pelle.

imageLe soir venu, j’essaie encore d’appeler à l’aide. Après une vingtaine d’essais, une des deux associations répond enfin… pour me dire qu’ils sont trop loin puisqu’à Paris… (soit à une 15aine de bornes de mon domicile) et que de toute manière, leur truc à eux, c’est plus les pigeons blessés. Ils m’ont raccroché au nez quand j’ai expliqué que là, bordel, c’est Jean-Pierre, pas une saloperie de pigeon, et que de toute manière, moi, les pigeons, j’les explose avec ma bagnole, je déteste les pigeons, j’voudrais qu’ils meurent tous en leur collant un pétard dans le cul et que je serais le premier à allumer la mèche et que…
Ma femme et mes filles me regardaient bizarrement quand j’ai raccroché. Bon, on le bouf… euh… non, bon, ok je tente la seconde association alors…
Là encore, il a fallu un bon paquet d’appels pour qu’ils décrochent. Et m’expliquent que pas de problème, ils allaient s’occuper du merle, le soigner.
« Cool. Vous venez le chercher quand ? »
« Ah non, c’est vous qui devez nous l’apporter »
Alors j’ai bien expliqué à mes filles et ma femme que c’était à une trentaine de bornes de là et que si une association de pigeons ne veut pas se déplacer à plus de 15 bornes, y’a pas de raison pour que moi j’en fasse 30 pour un merle, et que de toute manière, l’option pelle est encore valable, merde à la fin.

Bon, ok. J’essaierai de le capturer demain.

Jour 3.

J’ai prié avant de me coucher que le piaf ne passe pas la nuit, qu’un chat vienne lui faire sa fête ou qu’il claque suite à ses blessures.
Et bien croyez-le ou pas, mais Dieu, c’est rien qu’un enfoiré. Ce matin, en me levant, Jean-Pierre était sur le rebord de la fenêtre et me narguait avec son œil jaune.

J’ai donc enfilé des gants, préparé un carton de transport et pris une vieille couverture pour l’attraper. J’étais prêt. Encouragé par mes filles et ma femme. J’étais un guerrier. Un protecteur de la nature. Une bonne âme.

Mais quand même, je gardais l’option pelle, juste au cas où…

imageJ’ai passé une heure à courir après Jean-Pierre. Au bout de 10 minutes, ma femme, hilare, a préféré partir faire les courses en me lançant un « de toute manière, tu seras toujours là quand je reviendrais ». Avant bien entendu de sous-entendre que j’avais encore trouvé un moyen d’éviter la corvée du supermarché… Moi, je continuais de courir après Jean-Pierre…
10 minutes encore après, ce sont mes filles qui préféraient aller allumer la télévision.
J’avoue qu’à ce moment-là, j’ai pris le manche de la pelle dans les mains et je me suis dit « allez, un bon coup dans la gueule, personne n’en saura rien, je jetterai le carton aux ordures et je dirais qu’il va bien et puis c’est marre à la fin ». Mais le manque total de foi en moi a piqué mon orgueil et je me suis donc fait un devoir de sauver cette putain de saloperie d’oiseau à la con.
1 heure.
1 heure à courir après dans le jardin.
J’ai piétiné la menthe, ruiné le groseillier, explosé l’hortensia, saccagé les fraisiers, arraché les petites fleurs et je me suis même vautré dans les arômes…

Mais je l’ai eu. Bon sang. Je l’ai eu.
Je l’ai collé dans un carton avec des petits trous pour les aérations, j’ai parcouru les 30 bornes aller, 30 bornes retour pour le filer à l’association.

Au final, il vivra.

Moi, c’est moins sûr.

 

 
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Commentaires

Ecrit par XYZ972 le 06/05/2018 à 15:05

 

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Inscrit le 01/05/2011

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Hé bien, ça rythme la semaine.
La semaine prochaine, il reviendra te remercier smiley 7

491 Commentaires de news

Ecrit par Quantum le 06/05/2018 à 17:15

 

2

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Inscrit le 08/05/2009

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smiley 26smiley 25smiley 25


ah putain ça fait du bien ... je ne m'étais pas autant marré depuis un moment ...

Edito génial ... merci smiley 20smiley 26smiley 33

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