Publié le Dimanche 18 mars 2018 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Un mail d'insultes peut m'être très utile parfois

Alors on y est ? Vraiment ? Et on fait quoi, maintenant ?

Dans l’édito de la semaine dernière, je vous faisais part de mon sentiment quant à l’affaire du livre « On a chopé la puberté », cloué au pilori par quelques nazillons de bas étage bien décidés à imposer à tous leurs avis et leurs goûts, violant sans vergogne les principes mêmes de liberté d’expression, ouverture d’esprit, second degré et liberté tout court.

Je vous rassure, cet édito m’a bel et bien valu un bon petit lot de mails d’insultes, voire de malédictions familiales sur plusieurs générations qui, une fois imprimés, ont pallié avec bonheur ma pénurie de Lotus Confort double épaisseur.
J’en profiterai d’ailleurs, au passage, pour souligner ma haine du papier toilette de couleur blanche et faire passer un message à tous mes proches et amis qui continuent à vouloir m’inviter chez eux. Arrêtez avec ça. Je déteste le papier toilette blanc. Le papier toilette doit être rose. Et double épaisseur au minimum. Suffisamment épais et résistant, en tout cas, pour éviter de se tartiner les phalanges. Merci, donc, de faire attention à ce détail d’une importance capitale et qui est, outre une preuve de bon goût, le témoignage du respect de la personne humaine.

Le respect, parlons-en, donc.

J’aime bien Top Chef. J’aime cuisiner, passer du temps derrière les fourneaux et jouer du couteau. Bon. Surtout jouer du couteau, j’avoue. Je découpe, j’émince, j’effiloche, je pèle, je brise, je désosse, j’éventre, je décarcasse… Bref, tel un psychopathe au summum de son art, je joue des lames pour au final tenter d’atteindre le sublime.
Dans l’émission culinaire de Top Chef, je décortique les mouvements, les mélanges de saveurs, les idées, qu’éventuellement par la suite je tenterai de reproduire, voire d’améliorer, de transformer, bref, d’adapter à mes maigres compétences.

Cette semaine, un des candidats s’est fait ouvertement tancer par un Meilleur Ouvrier de France qui leur demandait de désosser un pigeon. Expliquant ne pas savoir comment s’y prendre et préférant jeter l’éponge pour, je cite, « ne pas abîmer le produit », il a simplement refusé de participer à l’épreuve, ce qui lui a attiré les foudres de Gilles Goujon, MOF et trois étoiles au Michelin.

Et c’est un véritable tollé qui s’est abattu sur le Chef. Un grand nombre d’Internaute était outré de l’engueulade et l’accusant d’avoir « humilié » le candidat. La grogne a pris une telle ampleur que le Chef a dû se justifier sur les réseaux sociaux et le candidat voler au secours du Chef en lui donnant raison et en expliquant n’avoir pas été humilié, mais sermonné à raison.

Et une fois de plus, je suis totalement consterné. Consterné de voir une fange de la population s’abattre et condamner sans discernement. Et oui, j’ai volontairement oublié le « r » de « frange » dans ma phrase précédente.
On en est là, donc. Qu’un MOF 3 étoiles au Michelin doive s’expliquer et faire retomber le soufflé face à une vague de pécores outrées incapables de rester à leur place et qui estiment, dans un grand débordement d’égo, que leur avis est suffisamment qualitatif pour être imposé au monde entier.
On en est là, à voir des imbéciles pompeux imposer leur morale et étaler leurs ignorances de métiers, de faits ou de sujets… jusqu’à les ériger en nouvelles lois sociales.

Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Aujourd’hui, chaque fait, chaque geste est analysé et doit faire face à un pseudo tribunal populaire érigé sur les réseaux sociaux. Twitter et Facebook sont devenus le repère des juges et des bourreaux, qui cumulent les deux jobs, condamnent et exécutent à tout va.

Les cons. Ils ont réussi à raviver ma flamme religieuse. Aujourd’hui, je prie et j’allume des cierges en appelant de mes vœux que cette société s’effondre. J’attends surtout un mail de Dieu qui me proposerait de postuler pour les 4 cavaliers de l’apocalypse, en raison de l’imminence de l’Armageddon. SI LA PLACE DE LA MORT EST VACANTE, JE SUIS PRENEUR. J’AI QUELQUES COMPTES À RÉGLER.